La confiance des dirigeants s’effrite, selon la CCI
Inquiétudes liées à l’inflation, à la hausse potentielle des charges... le moral des chefs d’entreprise a décroché en octobre, selon le baromètre Opinion Way pour CCI France. La hausse attendue de la fiscalité fragilise particulièrement la confiance des grandes entreprises.
Après un rebond en septembre, l’optimisme des chefs d’entreprise s’essouffle à nouveau en octobre, selon la Grande consultation des entrepreneurs de CCI France. L’indicateur mesurant leur confiance recule de cinq points par rapport au mois précédent pour s’établir à 68, retrouvant son niveau d’août. Entre inflation, incertitudes fiscales et tensions budgétaires, les dirigeants (interrogés du 14 au 21 octobre) se montrent plus réservés sur les perspectives à 12 mois. Ils réclament une simplification des démarches administratives pour relancer la dynamique de leur activité.
Les données dévoilent que seuls 33% des dirigeants jugent favorablement (« très bien ») la situation économique actuelle, soit deux points de moins qu’en septembre. À l’inverse, 46% estiment qu’elle était « meilleure hier » (+2 points), tandis que 21% croient que « demain sera mieux ». Les grandes entreprises sont les plus affectées par cette dégradation du moral. Parmi celles comptant plus de 50 salariés, 38% seulement jugent la conjoncture actuelle favorable, contre 50% un mois plus tôt.
Des signaux de prudence généralisés
Les chefs d’entreprise voient s’assombrir l’horizon économique. Seulement 10% d’entre eux affichent encore leur confiance dans l’économie française, soit un recul de cinq points en un mois et son plus bas depuis janvier 2022. Sur les perspectives à 12 mois pour leur propre entreprise (60%), la tendance baissière se poursuit, avec un décrochage du niveau confiance de sept points en six mois. Cette défiance se manifeste surtout dans les petites entreprises, plus vulnérables face aux variations de charges et aux tensions sur les marges. Seules 56% des TPE de moins de deux salariés se déclarent confiantes pour leur propre avenir, vs 75% des entreprises de plus de 50 salariés.
Côté emploi, les intentions d’embauche demeurent stables mais prudentes : 79% des dirigeants prévoient de maintenir inchangés leurs effectifs dans les 12 prochains mois. Seuls 12% envisagent de les augmenter (-1 point), tandis que 9% anticipent une réduction (+1 point). Les grands groupes, plus exposés à la fiscalité et aux coûts salariaux, se montrent particulièrement réservés.
L’inflation ravive les inquiétudes
L’inflation, malgré un taux modéré (+1,2% sur un an en septembre), reste un motif de préoccupation. Huit dirigeants sur dix se disent de ce fait plus attentifs qu’à l’accoutumée à l’évolution de leurs charges. Plus de la moitié (52%, +6 points par rapport à septembre ) s’inquiètent pour la viabilité même de leur activité. Les TPE de moins de 2 salariés et les commerçants sont les plus fragiles : 57% d’entre eux expriment cette crainte, contre 29% des grandes entreprises. Dans ce climat tendu, 41% des dirigeants n’excluent pas d’être amenés à réduire leur rémunération, soit sept points de plus en un mois, et 34% évoquent les retards de paiement de leurs clients.
Le débat parlementaire compliqué autour du budget alimente également l’inquiétude. Près des trois quarts (72%) des dirigeants sondés tablent sur une augmentation de leurs charges fiscales et sociales au cours des prochains mois. Cette anticipation est particulièrement marquée dans les entreprises de plus de 50 salariés où 76% prévoient une hausse des cotisations sociales.
La simplification administrative, priorité numéro un
A noter : dans un contexte d’incertitude budgétaire et de complexité réglementaire, 44% des dirigeants placent la simplification des démarches administratives en tête de leurs attentes vis-à-vis des pouvoirs publics. Une demande plus pressante dans les grandes entreprises (58%) et dans le secteur de la construction (51%).