Renationalisation des autoroutes, écotaxe, les pistes de recettes du président de l'Aisne
Les présidents de département dont celui de l'Aisne viennent de recevoir un courrier du Premier ministre Sébastien Lecornu pour clarifier les compétences des collectivités. Nicolas Fricoteaux qui préside l'Aisne, une collectivité en difficulté financière, se réjouit de voir que le département est reconnu comme un «acteur de proximité» et propose des pistes pour augmenter les recettes en fonction des compétences nouvelles qui seraient données à ces collectivités.
«Si on veut charger la barque, il faut redimensionner le bateau», image Nicolas Fricoteaux, président de l'Aisne, une façon de dire qu'à compétences nouvelles, il faudra trouver des recettes nouvelles. S'il se réjouit de la reconnaissance des départements comme des «acteurs de proximité» par Sébastien Lecornu, ancien conseiller départemental dans l'Eure, Nicolas Fricoteaux se montre prudent quant aux annonces du Premier ministre, à la tête d'un gouvernement «dont on ne connaît pas la durée de vie».
Dans son courrier daté du 24 novembre qui fait suite aux Assises des départements, Sébastien Lecornu annonce tout d'abord un fonds de sauvegarde qui va doubler en capacité l'an prochain, passant de 300 M€ à 600, afin d'aider les départements en difficulté dont l'Aisne. «Le budget du fonds double mais au lieu de concerner 14 départements en 2024, il va en concerner 60 cette année et comme il n'y a pas eu de fonds de sauvegarde l'an dernier, cela va surtout amener à un rattrapage de cette année blanche et nous allons toucher 11 millions d'euros en deux ans», note-t-il. Pas de quoi changer la donne financière durablement pour l'Aisne qui va terminer l'exercice 2025 en déficit, dans une fourchette estimée entre 5 et 15 millions d'euros.
«Pourquoi ne pas gérer aussi les lycées ?»
Le Premier ministre, qui ne veut pas se contenter d'abonder des fonds de sauvegarde chaque année souhaite redéfinir les compétences et propose aux départements de reprendre à leur charge la gestion du bâti des hôpitaux dits de proximité sans que cette notion ne soit clairement explicitée. Une proposition qui laisse perplexe Nicolas Fricoteaux. «Est-ce qu'on va récupérer la gestion du bâti d'hôpitaux importants comme ceux de Laon et Saint-Quentin ?, se demande-t-il. Ce qui serait pertinent à mon sens mais c'est aussi un dialogue à mener avec la région, ce serait de récupérer la gestion du bâti des lycées puisque les départements gèrent déjà les collèges qui sont des équipements similaires et qu'il y aurait une continuité d'action. Face à la baisse des effectifs attendus à cause de la baisse de la natalité, cela permettrait de regrouper sur de mêmes sites des collèges et des lycées».
«Créer une écotaxe PL, renationaliser les autoroutes»
Autre proposition de Sébastien Lecornu en débat : il souhaiterait transférer aux départements les 10 000 km de routes nationales non concédées alors que ces derniers en gèrent déjà plus de 400 000 km. L'Aisne est concerné avec deux routes nationales, la RN31 et la RN2 qui représentent 127 km de voiries. Pour financer l'entretien de ces routes, Nicolas Fricoteaux suggère là encore un transfert des recettes de carte grise de la région vers le département, ou encore une écotaxe pour les poids lourds. «Ce sont les poids lourds qui abîment les routes, pas les voitures, c'est normal que ce soit eux qui payent, toutes les sociétés de transport, françaises comme étrangères, paieraient et seraient mises sur un pied d'égalité dans ce domaine», dit-il. Le président propose aussi une renationalisation des autoroutes en se demandant si «les millions d'euros générés par ces sociétés d'autoroutes ne seraient pas mieux chez nous».
«Créer un syndicat départemental de l'eau»
Le Premier ministre évoque aussi l'idée que la collectivité devienne un «chef de file des réseaux de proximité» comme pour la production et distribution d'eau potable. Une bonne idée pour Nicolas Fricoteaux : «L'échelle départementale est la bonne afin de créer un grand syndicat dans ce domaine, là où aujourd'hui il y a encore plus de 100 producteurs d'eau dans l'Aisne dont certaines communes isolées. Cela permettrait de faciliter les interconnexions, de réduire les problématiques d'investissements et d'avoir un tarif unique de l'eau. Cela fonctionne bien pour l'électricité avec l'Useda, il faut y aller sur l'eau».