À Beauvais, une déchetterie pro dédiée au réemploi des matériaux

Donner de l'élan à l'économie circulaire dans le domaine du bâtiment dans le Beauvaisis. Voilà en substance l'objectif que s'est fixé le projet Matériosol. Cet écosystème derrière lequel se cache la Maison de l'Économie Solidaire, souhaite promouvoir et faciliter le réemploi des matériaux du bâtiment. «Matériosol est né de la volonté de personnes du Grand Beauvaisis qui se demandaient ce que nous pourrions faire pour les déchets issus de la déconstruction. Certains souhaitaient qu'il y ait une recyclerie du bâtiment», raconte Rachid Cherfaoui, président de la Maison de l'Économie Solidaire.

Le 17 octobre dernier a marqué l'inauguration à Beauvais du «Déchet'Lab», une déchetterie professionnelle expérimentale. Ce site, remplaçant l'ancienne déchetterie communautaire, combine le fonctionnement classique avec l'option de réemploi. L'accès nécessite une inscription préalable destinée à identifier l'entreprise et les véhicules susceptibles de venir déposer des déchets. Seul le flux tout venant non trié (DIB non trié) est facturé, au poids.

Trier, collecter, réemployer

Mais cette déchetterie n'est qu'un maillon du cercle vertueux pensé par Matériosol. «Nous sommes allés voir ce qui se fait ailleurs en France. Une seule matériothèque qui ne serait pas connectée avec une dépose préservant ou avec une déchetterie, alors cela ne tient pas et souvent cela s'arrête après deuix-troid ans d'expérimentation. Alors il fallait faire tout en même temps», explique Rachid Cherfaoui.

En complément de la déchetterie, Matériosol propose un service de conseil aux professionnels du bâtiment. L'objectif est de remplacer la démolition par une déconstruction favorisant le tri. Les matériaux réemployables collectés sur le territoire seront dirigés vers la matériothèque BatîRE, facilitant leur réutilisation dans de futurs projets de construction.

Alléger la facture des déchets

Malgré cet enthousiasme, ce projet soutenu par Valobat, l'éco-organisme de recyclage des produits du bâtiment, demeure pour l'instant à l'état expérimental. Son coût réel et précis reste en cours d'évaluation. «Beaucoup de déchetteries professionnelles sont en grande difficulté, parce que les données qu'on détient aujourd'hui ne sont pas fondées sur des réalités économiques», constate Rachid Cherfaoui. La montée en puissance progressive de Déchet'Lab doit permettre de mieux cerner cette question.

La viabilité économique à long terme de cet écosystème est une préoccupation majeure pour l'agglomération partenaire. Loïc Barabas, vice-président chargé du développement économique du Beauvaisis, justifie l'investissement : «Lorsqu'on prélève des ressources et qu'on les enfouit, ça coûte très cher. À l'agglomération, il y a quatre ans, les déchets représentaient un budget de dix millions d'euros. Aujourd'hui c'est 14 millions et cela augmente tous les ans». Réduire les volumes de déchets et les flux des déchetteries communautaires permettrait d'alléger cette facture, bénéficiant potentiellement à tous.