À Dijon, un chien à l’écoute des jeunes victimes
Pour aider les enfants victimes de harcèlement ou de violence intrafamiliale lors des auditions, l’association dijonnaise Aninomade, experte du travail avec les animaux, se dotera d’un chien d’accompagnement au premier trimestre 2026.
"En travaillant régulièrement avec des enfants, on s’est rendu compte qu’ils parlaient plus facilement avec les animaux" constate Claire Mongeot, fondatrice et directrice de l’association Aninomade, basée à Dijon. Depuis 2010, la structure utilise des animaux pour aller à la rencontre de personnes en grande souffrance. Un large public qui regroupe de jeunes enfants, des personnes âgées, en situation de handicap, des malades ou des personnes en exclusion sociale. Cinq salariés et 82 bénévoles prennent ainsi soin de 142 animaux, de la souris à l’alpaga.
C’est de ce travail et du constat dressé par l’association qu’est née l'idée d'un chien d'accompagnement destiné aux enfants victimes de harcèlement, 700 000 chaque année en France, et aux victimes de violence intrafamiliale, 300 000 environ. "Il n’y a pas d’accompagnement spécifique pour ce public mais pourtant on constate un besoin de libération de la parole", reconnaît Claire Mongeot.
Une présence qui détend
Depuis cinq ans, Aninomade planche ainsi sur ce projet en collaboration avec d’autres parties prenantes : le procureur de la République, la gendarmerie, le CHU, France victime 21 ou encore Handi’Chiens. Le principe prévoit qu’un chien accompagne l’enfant lorsqu'il doit être entendu, que cela se passe à la gendarmerie ou au sein d’une association. "L’idée est que le chien reste près de l’enfant avant, après et peut-être pendant l’audition", complète Claire Mongeot.
Un seul animal sera dédié au projet dans un premier temps. La formation sera assurée par Handi’Chiens en fonction des besoins du projet et de son futur lieu de vie, chez Aninomade. Le chien aura 18 mois au premier trimestre 2026 quand il réalisera ses premières interventions. "Son rôle sera d’apaiser l’enfant, de le mettre en confiance pour baisser son stress et réduire ainsi le temps désagréable de l’audition", rebondit la directrice de l'association.
La jeune victime pourra ainsi chuchoter son histoire à l’oreille du chien. Et pour un accompagnement de qualité, l’équipe d’Aninomade suivra une formation auprès de France Victime, de janvier à mars prochain. L'association sera également disponible 7 jours sur 7, 24 heures sur 24, pour intervenir si le besoin s’en fait sentir. En 2024, 378 auditions de mineurs ont eu lieu à Dijon. Aninomade espère également pouvoir intervenir partout en Côte-d’Or.
Besoin de soutien
L’association espère que ce projet n’est que le point de départ d’une initiative qui pourra être essaimée à d’autres types de violence et vers d’autres publics. Toutefois, les financements sont indispensables pour mener à bien de telles actions. "Malgré l’engouement rencontré, nous ne bénéficions d’aucun financement public. Notre projet est soutenu par des mécènes" souligne Claire Mongeot.
La directrice invite donc les donateurs à rejoindre le projet puisque l’acquisition du chien à elle seule coûte 17 900 euros. Le budget grimpe à 55 000 euros par an en intégrant les frais de nourriture, d’hébergement, de vétérinaire mais aussi les coûts humains et de déplacement associés au projet. Aninomade prévoit de réaliser une mesure d’impact du dispositif pour prouver sa pertinence dans l'espoir d'obtenir d’autres financements.
Pour Aletheia Press, Nadège Hubert