A Paris, l'histoire du Mur de Berlin ou le prix de la liberté

Un fragment du Mur de Berlin trône aux abords du Trocadéro et de la Cité de l'architecture et du patrimoine à Paris, qui accueille à partir de mercredi une exposition sur l'histoire de ce "symbole" de la...

Le mur de Berlin, la porte de Brandebourg, et un panneau "Attention, vous quittez maintenant Berlin-Ouest", le 13 octobre 1976 © Raph GATTI
Le mur de Berlin, la porte de Brandebourg, et un panneau "Attention, vous quittez maintenant Berlin-Ouest", le 13 octobre 1976 © Raph GATTI

Un fragment du Mur de Berlin trône aux abords du Trocadéro et de la Cité de l'architecture et du patrimoine à Paris, qui accueille à partir de mercredi une exposition sur l'histoire de ce "symbole" de la Guerre froide et de l'oppression, détruit en 1989.

Déjà présentée en début d'année à Madrid, elle retrace à travers quelque 200 objets, photographies, films, témoignages, l'histoire de ce mur emblématique du monde bipolaire issu de la Seconde Guerre Mondiale, de sa construction en 1961 à sa destruction le 9 novembre 1989, "qui a fait naître l'espoir vite déçu d'un monde libre et réconcilié", dit à l'AFP Axel Klausmeier, président de la Fondation du Mur de Berlin.

Intitulée "Le Mur de Berlin. Un monde divisé", elle concerne "une ville, un pays et toute l'Europe et il est très important de la présenter à un moment de très fortes tensions sur le continent européen", estime Julien Bargeton, président de la Cité de l'architecture et du patrimoine. 

tentations autoritaires

"Le message que nous voulons faire passer c'est l'aspiration à la liberté des peuples (...) face à des tentations parfois autoritaires", ajoute-t-il.

L'expo vise aussi à "montrer que la liberté et la démocratie ne vont pas de soi", ajoute M. Klausmeier, l'un de ses concepteurs, avec un panel d'historiens. Car, ajoute-t-il, "le mur de Berlin est devenu le symbole en béton du fait qu'un régime autocratique, non légitimé par des élections libres, finit toujours par s'enfermer lui-même en dernier recours, un symbole de l'oppression".

"Que le mur (construit en 1961) soit tombé au bout de 28 ans, montre aussi qu'on ne peut pas réprimer la liberté à long terme", souligne encore ce spécialiste en évoquant la montée actuelle des "populismes" en Europe.

L'exposition débute par des images de Berlinois de l'Est et de l'Ouest en liesse défonçant le 9 novembre 1989 le "mur de la honte", dont la chute a ouvert la voie à l'effondrement du communisme en Europe de l'Est et à la réunification de l'Allemagne un an plus tard.

Histoire globale

Chronologique, le parcours retrace rapidement le rôle des Etats-Unis et de l'Union soviétique, passés d'alliés à ennemis après la Seconde Guerre Mondiale. 

Il s'agit de "raconter cette histoire à un public international et de montrer qu'elle fait partie d'une histoire globale, pas seulement allemande", explique à l'AFP Christian Ostermann, qui dirige le programme d'histoire et de politique publique au Woodrow Wilson Center de Washington (Etats-Unis).

"Nous voulions aussi montrer que de simples personnes peuvent beaucoup", ajoute-t-il, en évoquant la résistance des Allemands de l'Est.

Tout au long d'un parcours chronologique parfois complexe pour un public non averti, la vie quotidienne dans Berlin occupé est très documentée, notamment la montée des tensions idéologiques culminant avec le blocus de la ville par les Soviétiques, en 1948-1949 dans une ville divisée en quatre secteurs sous le contrôle partagé des puissances victorieuses (URSS, Etats-Unis, Royaume-Uni, France).

Le 13 août 1961, des barrières de fil barbelés sont érigées et la plupart des postes frontaliers fermés, le trafic des trains régionaux et du métro est interrompu, devant des citadins incrédules dont certains tentent de fuir à l'Ouest. 

Le mur commence à être érigé sur 155 km autour de Berlin-Ouest afin de mettre un terme à l'exode des habitants de la République démocratique allemande (RDA), dont au moins 140 meurent en essayant de le franchir, selon les sources officielles.

Nombre de témoignages filmés de Berlinois, de l'Est comme de l'Ouest, évoquent les restrictions, dangers mais aussi les combines qui existaient après 1961 pour continuer à communiquer de part et d'autre du Mur.

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