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À Vron, le Domaine de Moismont développe la pomme et la poire de Picardie

Environ 3 000 tonnes de pommes et de poires y sont produits chaque année sur 64 hectares. 30% sont transformés en purées et jus. Grâce à Nelfruit, coopérative picarde qui regroupe 15 entités, Le Domaine de Moismont entend mettre en avant la carte régionale.

Bernard Nicolaï entend valoriser la filière régionale.
Bernard Nicolaï entend valoriser la filière régionale.

Fin septembre, le Domaine de Moismont ressemblait à une petite ruche. Et pour cause, jusque fin octobre, 80 saisonniers ont rejoint les 24 salariés permanents à l’occasion de la cueillette des pommes et des poires qui bat son plein. Le Domaine de Moismont se développe sur 64 hectares, une grande majorité en agriculture raisonnée et 18 convertis en verger bio. Au total, 3 000 tonnes sont récoltées, dont 800 en bio.

Retarder la maturité des fruits

«L’ensemble des fruits est conservé dans des frigidaires hermétiques», explique Bernard Nicolaï, directeur de l’exploitation. Il a repris dans les années 2000 la moitié de l’exploitation familiale de pomiculture créée en 1962 par Simone et Paul, ses parents. L’autre moitié étant cédée à Paul, son frère : «La maîtrise des taux de monoxyde de carbone et d’oxygène sont maitrisés pour limiter la respiration du fruit et qu’il ne mature plus. Ce processus, 100% naturel, peut durer dix à douze mois. Nous faisons des tests de conservation toute l’année», poursuit-il.

Ici poussent des pommes et des poires.

Conditionnés en barquettes cartonnées, en cagettes en carton ou en sachets, les fruits prennent notamment la direction d’épiceries, d’enseignes de grandes surfaces, de centrales d’achats, d’industriels de l’agro-alimentaire comme Materne à Boué ou Pasquier situé aussi à Vron, de restaurateurs locaux, de grands chefs dans toute la France, comme Alexandre Gauthier qui tient à Grenouillère à La Madeleine-sous-Montreuil.

Des lycées, collèges, maisons de retraite, cuisines centrales du département de la Somme se fournissent à travers la SAS Somme produits locaux, qui touche donc des publics différents : «Cela leur permet de bien manger», se félicite-t-il. Le Domaine de Moismont exporte également vers l’Espagne, le Portugal et l’Italie.

Valoriser les produits «moches»

En 2015, suite à l’interdiction d’utilisation des néonicotinoïdes, Bernard Nicolaï a fait le choix de transformer ses fruits dits «moches» et plus nombreux qui représentent 30% de ses cultures, en jus. Il en commercialise une dizaine, dont un pommes/fraises réalisé en partenariat avec un producteur de fraises voisin. Les purées ont suivi l’année suivante (pots en verre, petits pots, gourdes). La gamme propose un insolite pommes/spéculoos : «L’acte d’achat se fait d’abord par les yeux, explique-t-il. Les consommateurs ont des exigences. Nous espérions beaucoup de la réintroduction de l’acétamipride car nous ne sommes pas égaux face aux producteurs des autres pays d’Europe. Par ailleurs, les produits transformés ne sont pas assez compétitifs. Je n’arrive pas à m’aligner sur des grands noms de l’industrie agro-alimentaire».

Quelques uns des produits du Domaine de Moismont.

Depuis le 1er septembre, il a rejoint la coopérative Nelfruit SCA, basée historiquement à Nesle, à l’est de la Somme. Elle compte 15 producteurs en Picardie, qui s’étendent au total sur 250 hectares. Nelfruit dispose désormais de deux stations d’emballage, l’une à Nesle et l’autre à Vron : «Seuls dans notre coin, on avait du mal à travailler des dossiers avec la grande distribution, regrette Bernard Nicolaï, qui dirige cette coopérative. Nous représentons désormais une force de territoire qu’il faut mettre en valeur. On ne parle pas assez des pommes de Picardie et des Hauts-de-France».

La coopérative travaille sur des sujets gustatifs. Elle est aussi un des plus gros producteurs de poires en France, un fruit qu’il faut mettre en avant : «La variété Angys est délicieuse», affirme Bernard Nicolaï.