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Finances

Alerte sur les coûts de l'assurance et de l'énergie

Assurance et énergie, ces deux charges, longtemps maîtrisées par les entreprises, sont devenues des problèmes de nature à déstabiliser le modèle économique des entreprises, alerte la délégation aux entreprises du Sénat.


© Adobe Stock.
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L'enjeu est devenu structurel montre le rapport d’information « Assurances et energie : coup sur coût pour nos entreprises », publié le 17 juin par la Délégation aux entreprises du Sénat. Sur ces deux sujets, on assiste à un « emballement de charges auparavant mieux maîtrisées », notent les rapporteurs, Guillaume Gontard ( Isère, groupe Ecologiste) et Michel Canévet (Finistère, Union centriste).

Concernant l'énergie, son « évolution récente éprouve la soutenabilité d’un certain nombre de stratégies industrielles et la survie économique de certaines activités », pointent les sénateurs. Depuis 2021, en effet, le choc d'offre a provoqué un envol des prix de l’électricité, du gaz et des produits pétroliers raffinés sur les marchés de gros. La plupart des entreprises sont concernées par le phénomène mais « l’exposition au risque énergétique varie notamment selon leur mix énergétique, leurs contrats d’approvisionnement et leur capacité à répercuter les hausses sur leurs prix de vente ».

Parmi les secteurs les plus exposés : l'industrie chimique, les travaux du bois, les industries du papier et l'imprimerie, la métallurgie et la fabrication de produits métalliques, ou encore de caoutchouc et de plastique. Dans cette situation déjà tendue, une nouvelle échéance s'approche, relèvent les sénateurs. Le 31 décembre 2025, c'est la fin de l’ARENH, Accès régulé à l'électricité nucléaire historique qui va avoir pour effet de priver nombre d'entreprises de l'accès à une portion « significative » de l'électricité nucléaire à un tarif régulé de 42 €/MWh. « À compter de 2026, les entreprises seront donc davantage soumises à la volatilité des prix sur les marchés de gros de l’énergie, où les prix sont généralement supérieurs au tarif ARENH, en particulier durant les périodes de tension entre l’offre et la demande », rappelle le rapport. La CRE, Commission de régulation de l’énergie est en train d’élaborer un nouveau dispositif, Versement nucléaire universel (VNU), destiné à établir un prix de référence. Et des négociations sont en cours entre les entreprises électro-intensives et EDF sur les prix, avec l’objectif de parvenir à des accords d'ici la fin de l’année 2025.

Primes d’assurance en forte hausse

S'ajoutant aux coûts croissants de l'énergie, trouver des « des conditions et des tarifs acceptables » en matière d'assurance est devenu aussi un véritable enjeu pour les entreprises, selon les sénateurs. En fait, la situation est telle qu'elle « représente un risque pour la continuité de l'activité des PME et ETI », note le rapport qui évoque des « primes en forte hausse, garanties resserrées, résiliations unilatérales ». Par exemple, les primes d’assurance multirisques ont augmenté de 17 % entre 2020 et 2024. Et le ratio sinistres/cotisations dépasse les seuils de soutenabilité dans les branches climatiques et cybersécurité. « Les réassureurs, confrontés à l’inflation et aux catastrophes naturelles, réduisent leur appétence au risque, répercutant cette pression sur les assureurs primaires », analysent les rapporteurs. Résultat, des secteurs très divers connaissent des difficultés. Par exemple, dans l'agroalimentaire, 32% des entreprises sondées par l'ANIA, Association nationale des industries alimentaires, ont subi une résiliation de leurs contrats d'assurance. Des PME du secteur de la défense évoquent des hausses de primes de l'ordre de 250% en six ans. « L’application mécanique de critères ESG [environnementaux, sociaux et de gouvernance] conduit à l’exclusion de nombreux industriels. Les assureurs étrangers ou les captives (assurances de groupe) deviennent les seules options économiquement viables », selon le rapport.

Le secteur du transport public est aussi touché : en décembre 2023, il a fallu 20 saisines du Bureau central de tarification pour éviter l'interruption de lignes, faute d’assurance de responsabilité civile.... Autre exemple encore de secteur touché, celui du bois et ameublement classé par les assureurs en « risques agravés », et qui se voit proposer des primes dissuasives en raison du caractère inflammable des matériaux et de la vétusté des bâtiments. Quant au photovoltaïque, il devient « difficilement assurable » en raison d'une « sinistralité mal modélisée » et de « données techniques lacunaires », selon le rapport. Le tableau assurantiel est d'autant plus sombre que des risques augmentent. Ceux liés au climat, par exemple, avec, notamment les inondations qui ont causé 785 millions d’euros de pertes assurées en 2023.