Sauvegarder l'article
Identifiez vous, pour sauvegarder ce article et le consulter plus tard !

ARTFX, le futur de la création audiovisuelle

Avec ses immenses escaliers en bois donnant sur une entrée entièrement vitrée, l'école ARTFX forme en cinq ans de futurs professionnels des métiers du cinéma, des effets spéciaux, de l'animation et du jeu vidéo. D'origine montpelliéraine, l'établissement s'est implanté à la Plaine Images il y a cinq ans.

©Philippe Chancel
©Philippe Chancel

Le campus est flambant neuf : après s'être installé il y a cinq ans sur un site temporaire, à la Plaine Images – rebaptisée EuraCreative l'été dernier –, l'établissement lillois d'ARTFX s'étend aujourd'hui sur un terrain de près de 18 000 m2, dont 6 000 m2 de campus. On y trouve ainsi un amphithéâtre, un cinéma, un studio son et de tournage, une salle d'acting pour les comédiens, des salles dédiées à la peinture, au dessin et à la sculpture, etc... «Quand Gilbert Kiner a fondé ARTFX en 2004, il avait anticipé que l'industrie du cinéma allait évoluer vers davantage de post-production. Et en effet, les studios ont des demandes importantes sur des métiers à la croisée entre la technique et l'artistique. Les effets spéciaux ont immédiatement été l'ADN de l'école, auxquels se sont ajoutés l'animation, qu'elle soit 2D ou 3D» explique Alexandre Pagot, directeur du campus tourquennois.

Des métiers techniques et artistiques

La métropole lilloise s'est rapidement imposée comme une évidence : «c'est un endroit stratégique pour nous, à 1h de Paris, 35 min de Bruxelles et 1h30 de Londres, qui sont trois places majeures de studios d'effets spéciaux et d'animation. On savait qu'on arrivait dans un écosystème où il y avait déjà des écoles de qualité comme Rubika (Valenciennes), Piktura (Roubaix), l'E.S.A.A.T (Roubaix), des studios de jeux vidéo et d'animation, ainsi que le Fresnoy. C'était donc une évidence de venir ici» poursuit-il.

Alexandre Pagot, directeur d’ARTFX. ©ARTFX

Aujourd'hui l'établissement compte 430 étudiants, répartis entre ARTFX et sa petite sœur, l'École 24, «l'école du nouveau cinéma et des séries» qui enseigne les métiers traditionnels du cinéma en les liant avec les pratiques les plus innovantes du numérique, avec des passerelles entre les deux établissements. ARTFX forme ainsi au «mastère Animation 3D & Effets spéciaux», avec en première année, un tronc commun autour des arts (sculpture, dessin, modèle vivant...) ; s'ensuivent les spécialisations : l'animation 3D, l'animation 2D et les VFX (visuels effects ou effets visuels). A la clé, des métiers comme caracter artist, animateur de personnage, chef opérationnel 3D, etc. «Ce sont à la fois des métiers techniques et artistiques, très recherchés par les studios.»

Une industrie en souffrance mais qui séduit

«Il y a encore trois ans, on avait un taux de transformation à presque 100%. Mais depuis, l'industrie a pris un coup de plomb dans l'aile. Aujourd'hui, c'est moins facile de trouver du travail mais en revanche, on est toujours très attendus par les studios. Beaucoup d'étudiants allaient au Canada, l'eldorado du secteur. Depuis trois ans, la politique fiscale a changé et il y a moins de productions. Ça s'est un peu redistribué sur l'Australie et la France n'est pas en reste». Et les Hauts-de-France non plus d'ailleurs, avec une dizaine de studios présents sur le territoire (contre une centaine à Paris).

«Les métiers se transforment mais on a besoin de professionnels pour donner une impulsion créative»

Derrière cette conjoncture moins favorable mais néanmoins porteuse, une manière de consommer la vidéo qui a évolué avec l'importance des contenus sur Youtube mais aussi la grève des scénaristes à Hollywood en 2023 ou encore l'hégémonie des streameurs. «Il y a moins d'investissements publicitaires en télévision, qui permettaient aux chaînes de produire des contenus...» détaille Alexandre Pagot. Pour autant, ARTFX n'en finit pas de plaire et lance même de nouvelles formations, comme celle de «content creator» en deux ans, avec un titre de «monteur audiovisuel», qui répond justement à ce nouveau type de format vidéo. «Nous voulons créer des profils qui savent monter, se mettre en scène et réaliser du contenu, tout en restant dans nos valeurs. Ce n'est pas une école de youtubeurs mais qui répond à une demande de profils polyvalents».

La force de l'éco-système régional

Implanté dans le centre névralgique des industries créatives, ARTFX est évidemment en lien étroit avec l'éco-système régional, qu'il s'agisse d'Ankama (jeux vidéos), de MadLab Animations (studio spécialisé en 2D digital), de Pictanovo ou encore du laboratoire SCALab qui fournit à l'école du matériel de motion capture. «On a la chance d'avoir un bassin de professionnels et d'artistes dans les Hauts-de-France» souligne Alexandre Pagot, également au conseil d'administration de NorAnim, association qui regroupe les studios et écoles du Nord de la France.

Quant à l'intelligence artificielle qui bouleverse aussi ces métiers, le directeur a pris le parti d'en faire une force : «Tous les ans, on retravaille notre pédagogie. C'est une industrie qui a subi des transformations  technologiques fortes : la 3D d'aujourd'hui n'est évidemment plus celle d'il y a 20 ans... On se sert de l'IA comme d'un outil, pour le mettre au service des futurs réalisateurs et que ça puisse leur servir comme une nouvelle compétence. Certes, les métiers se transforment mais on aura toujours besoin de professionnels pour piloter et pour donner une impulsion créative.»

EN CHIFFRES

160 intervenants

430 étudiants

6 000 m2 de résidence universitaire