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Assemblée: la niche du groupe UDR s'achève sur un flop et une passe d'armes Ciotti-Darmanin

La "niche" parlementaire du groupe UDR a tourné court jeudi sans que le groupe, allié au RN, n'ait réussi à faire approuver ou même voter un seul de ses textes, les débats s'interrompant prématurément après une passe d'armes entre le président du groupe Eric Ciotti et le ministre de la...

Le président du groupe parlementaire UDR Eric Ciotti s'exprime sur scène au Casino de Paris, à Paris, le 24 juin 2025 © Julie SEBADELHA
Le président du groupe parlementaire UDR Eric Ciotti s'exprime sur scène au Casino de Paris, à Paris, le 24 juin 2025 © Julie SEBADELHA

La "niche" parlementaire du groupe UDR a tourné court jeudi sans que le groupe, allié au RN, n'ait réussi à faire approuver ou même voter un seul de ses textes, les débats s'interrompant prématurément après une passe d'armes entre le président du groupe Eric Ciotti et le ministre de la Justice Gérald Darmanin, accusé d'être complice de l'obstruction de la gauche.

Au centre des débats, une proposition de loi votée au Sénat par la droite et les centristes, visant à interdire le mariage aux étrangers en situation irrégulière. 

Un cadre UDR reconnaissait en amont des débats une occasion de piéger avec ce texte le bloc central, divisé sur la question, alors qu'Emmanuel Macron avait lui-même appelé à ce que soit débattue au Parlement une telle loi.

La discussion générale sur la proposition de loi a donné un aperçu de ces divisions. Si LR et Horizons ont manifesté leur soutien au texte, le MoDem et Renaissance ont exprimé des réserves, pointant le caractère inconstitutionnel de son article clé, contraire à une jurisprudence des Sages de 2003.

Le ministre de la Justice Gérald Darmanin a apporté son soutien à la proposition de loi, et notamment à deux articles annexes, en faisant part de ses "réserves" sur l'article principal.

La gauche a elle mené la bataille tout au long des débats contre un texte contrevenant selon elle au premier article de la Déclaration des droits de l'homme du citoyen de 1789. 

"L'amour n'a pas de frontières et pourtant vous voudriez en dresser aux portes des états civils", a proclamé le député LFI Aurélien Saintoul, au milieu d'un flot de poèmes, de témoignages et de références historiques et culturelles destinées à ralentir le débat.

Mascarade

Le groupe UDR a tenté de convaincre le gouvernement de faire usage de ses prérogatives pour accélérer les discussions, en vain, au point que M. Ciotti en a référé à François Bayrou.

"Madame la Ministre, est ce que vous allez, oui ou non, continuer à laisser dérouler cette mascarade (...) ? Je viens d'appeler le Premier ministre et j'attends votre réponse", a-t-il lancé à la porte-parole du gouvernement, Sophie Primas, impassible.

Dans un communiqué vers 19H00, l'UDR a fustigé un "sabotage parlementaire" de la part de la gauche, avec la complicité du gouvernement et de LR, quasiment absent de l'hémicycle.

Aux alentours de 23H00, M. Darmanin revenu au banc a annoncé qu'il n'utiliserait pas l'article 44 alinéa 2 de la Constitution, qui permet au gouvernement de limiter le nombre d'amendements examinés, arguant qu'il ne restait de toute façon plus assez de temps pour aller au terme du texte avant minuit, heure à laquelle se terminent automatiquement les niches.

"Vous faites mentir volontairement le président de la République qui, une fois de plus, aura trompé les Français ce soir. Ce soir la majorité macroniste soutenu par LR est complice de l'extrême gauche pour favoriser les mariages blancs avec les clandestins", a tempêté M. Ciotti, ancien président de LR.

"Vous avez mal géré votre journée parlementaire", a répliqué M. Darmanin - lui aussi transfuge de ce parti -, s'étonnant par ailleurs que le groupe UDR ait choisi de retirer de son propre gré au début de la journée un texte appelant notamment à dénoncer l'accord franco-algérien de 1968.

"Personne ne comprend cette situation. Pourquoi d'un seul coup vous devenez si attentif aux demandes du régime algérien ?", a-t-il ironisé.

M. Ciotti a vu rouge: "Vous ne serez jamais président de la République", a-t-il lancé à M. Darmanin. "Le ministre des Affaires étrangères m'a appelé trois fois (...) pour me souligner que cette résolution était susceptible de remettre en cause la libération de Monsieur Boualem Sansal", alors que le parquet algérien a requis mardi 10 ans de réclusion à l'encontre de l'écrivain franco-algérien.

M. Ciotti a quitté l'hémicycle avec son groupe, et la séance a été interrompue vers 23H30 faute de combattants.

Dans la matinée, le groupe UDR avait aussi décidé de retirer sa proposition de loi interdisant l'exécution immédiate de peines d'inéligibilité, face à l'opposition de la majorité de l'hémicycle.

La gauche et le bloc central ont dénoncé une loi taillée pour Marine Le Pen, qui a fait appel de sa condamnation dans l'affaire des assistants d'eurodéputés FN, qui la prive à ce stade de l'élection présidentielle (la décision en appel est attendue à l'été 2026).

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