Attaque à la prison de Condé: Chiolo expulsé de la salle d'audience pour apologie du terrorisme
"J'avais vraiment envie de combattre", a proclamé vendredi devant la cour d'assises spéciale de Paris, au cours d'une audience tendue, Michaël Chiolo, qui a fini expulsé de la salle d'audience pour "apologie du terrorisme" et...

"J'avais vraiment envie de combattre", a proclamé vendredi devant la cour d'assises spéciale de Paris, au cours d'une audience tendue, Michaël Chiolo, qui a fini expulsé de la salle d'audience pour "apologie du terrorisme" et "menaces" à l'encontre d'un avocat de parties civiles.
L'incident, rare, est intervenu vers 20H00 après deux heures d'interrogatoire de l'accusé, jugé pour tentative d'assassinats sur deux surveillants de la prison de Condé-sur-Sarthe (Orne) le 5 mars 2019.
"Je voulais faire le maximum de victimes", a reconnu l'accusé, un ex-délinquant ultra-violent de droit commun, converti en prison à l'islam radical, qui n'a eu de cesse depuis l'ouverture de son procès d'insister sur son allégeance au groupe Etat islamique (EI).
Quand Me Laurent-Franck Lienard, avocat d'un des surveillants agressés et de sa famille lui reproche son "absence d'empathie pour la personne humaine", Michaël Chiolo, plus véhément que jamais, s'exclame: "si demain vous vous retrouviez en combinaison orange (la tenue des prisonniers de l'EI, ndlr) et que je tenais un couteau, vous ne me parleriez pas comme ça".
La présidente, indignée, ne le laisse pas aller plus loin et ordonne aux gendarmes d'expulser l'accusé du box.
Alors qu'on lui passe des menottes, Michaël Chiolo exulte, sourire collé au visage.
Avant ce coup d'éclat, appuyant ses déclarations de grands gestes des bras, Michaël Chiolo avait cherché à disculper les quatre co-accusés jugés à ses côtés pour complicité de tentative d'assassinats et/ou association de malfaiteurs terroriste.
Le seul responsable
"Aucun autre détenu" de Condé "n'a été impliqué dans le projet d'attentat", a-t-il dit en soutenant qu'il pensait "y aller seul" et répétant "je suis le seul responsable de cette attaque".
"Je n'ai reçu ni soutien, ni conseil, ni réconfort" des autres accusés, insiste-t-il.
En fait, Michaël Chiolo n'a pas agi seul. C'est sa compagne épousée religieusement, Hanane Aboulhana, de sept ans son aînée, qui a apporté en prison les couteaux en céramique et un flacon d'acide sulfurique. L'objectif était de prendre en otages des surveillants et le directeur du centre pénitentiaire. Le couple avait l'intention d'égorger le directeur de la prison, a rappelé l'accusé.
Mais le plan n'a pas fonctionné comme prévu. Les deux surveillants agressés au couteau, bien que gravement blessés, ont réussi à enfermer le couple dans l'unité de vie familiale (UVF) de l'établissement ultra-sécurisé.
Après plusieurs tentatives de négociations, les forces d'intervention de la police avaient lancé l'assaut, blessant Michaël Chiolo et tuant Hanane Aboulhana, 34 ans à l'époque.
"A partir de 2017, le projet (d'assassinat) était ancré en moi", a raconté l'accusé qui, à l'époque des faits, purgeait une peine, "injuste" selon lui, de 30 ans de réclusion pour des faits d'enlèvement et de séquestration suivis de mort contre un homme de 89 ans, ancien résistant.
Le fruit de votre mécréance
C'est l'attentat jihadiste sur le marché de Noël de Strasbourg, en décembre 2018, qui aurait, selon Michaël Chiolo, accéléré la mise en oeuvre de son "projet" meurtrier. Après son attaque, il a expliqué aux enquêteurs qu'il entendait "venger" Chérif Chekatt, l'auteur de l'attaque, abattu le 13 décembre 2018 par les forces de l'ordre après avoir tué cinq personnes.
"Vous les mécréants cette attaque n'est que le fruit de votre mécréance", avait-il écrit sur un "testament" justifiant son attaque. "Tant que vous combattrez l'EI, vous serez combattus", ajoutait-il.
L'administration pénitentiaire est "l'ennemie", a soutenu durant son interrogatoire l'accusé qui entend depuis le début de son procès dénoncer les conditions de détention "inhumaines" dans les prisons françaises.
"Je vous considère aussi comme des ennemis", dit-il à l'adresse des magistrats mais "ce n'était pas l'objectif".
Quand la présidente lui demande s'il serait toujours prêt "à passer à l'acte si l'occasion se présente", il refuse de répondre franchement.
"Ce sont des sujets qui touchent à l'intime", dit-il mystérieusement.
Son interrogatoire, brusquement interrompu, reprendra "à une date ultérieure", probablement lundi ou mardi, a
dit la présidente avant de suspendre l'audience.
La cour doit entendre samedi deux accusés poursuivis pour association de malfaiteurs terroriste.
Le verdict est prévu le 4 juillet. Tous les accusés encourent la réclusion criminelle à perpétuité.
643Y2ZR