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Aux Etats-Unis, la Fed maintient ses taux, Trump dénigre Powell

La Réserve fédérale américaine (Fed) a sans surprise mercredi laissé ses taux d'intérêt inchangés pour la quatrième fois de suite, un statu quo prolongé qui accroît la frustration du...

Le président de la banque centrale américaine (Fed), Jerome Powell, le 7 mai 2025 à Washington © Brendan SMIALOWSKI
Le président de la banque centrale américaine (Fed), Jerome Powell, le 7 mai 2025 à Washington © Brendan SMIALOWSKI

La Réserve fédérale américaine (Fed) a sans surprise mercredi laissé ses taux d'intérêt inchangés pour la quatrième fois de suite, un statu quo prolongé qui accroît la frustration du président Donald Trump à son encontre.

Dans une décision largement attendue par les marchés, la Fed a maintenu ses taux dans une fourchette comprise entre 4,25% et 4,50%.

Ces taux, qui guident les coûts d'emprunt des entreprises et particuliers, n'ont pas évolué depuis la réunion de décembre de la banque centrale américaine, avant le retour à la Maison-Blanche de M. Trump qui bout d'impatience devant l'absence de baisse des taux. 

Quelques heures avant l'annonce de la décision de la Fed, il a répété qu'il n'y avait selon lui "pas d'inflation" aux Etats-Unis et qu'il voudrait donc "voir les taux baisser".

Il a aussi qualifié de "personne stupide" et "politisée" le président de la Fed, Jerome Powell.

M. Trump avait lui-même désigné M. Powell pour prendre la tête de l'institution en 2018. Son mandat s'achève dans moins d'un an.

"Peut-être que je devrais aller à la Fed. Est-ce que je suis autorisé à me désigner moi-même ?" a lancé M. Trump mercredi, estimant que le niveau actuel des taux d'intérêt "coût(ait) une fortune au pays" en alourdissant la charge de remboursement de la dette.

Prévisions revues en baisse

Toutefois, lors de sa conférence de presse, Jerome Powell a clairement laissé entendre que la Fed ne dévierait pas rapidement de sa posture attentiste.

Interrogé sur l'impact des droits de douane mis en place par l'exécutif américain, M. Powell a assuré que la Fed prendra "des décisions plus avisées et meilleures si nous attendons encore quelques mois ou le temps qu'il faudra pour avoir une idée réelle de la manière dont cela se transmettra à l'inflation".

Orientée à la hausse auparavant, Wall Street a nettement flanché à la suite de ces propos: -0,11% pour le Dow Jones, +0,09% pour le Nasdaq et -0,05% pour l'indice élargi S&P 500 vers 19H10 GMT.

"Les droits de douane vont probablement tirer les prix vers le haut et peser sur l'activité économique", a aussi déclaré M. Powell, tout en notant que les ces taxes mettaient généralement "un peu de temps" avant d'être répercutées au niveau des consommateurs.

Les prévisions actualisées des responsables de la Fed se sont d'ailleurs assombries pour la première économie mondiale. 

Ils attendent désormais la croissance du produit intérieur brut (PIB) à 1,4% en 2025 (contre 1,7% prévu en mars et 2,1% en décembre 2024) et prévoient une accélération de l'inflation à 3% (contre 2,7% en mars), alors que la Fed vise 2%.  

Ils ont aussi légèrement relevé le taux de chômage attendu, à 4,5% (contre 4,4% en mars).

En revanche, les responsables de la Fed envisagent toujours deux baisses de taux cette année. Une éventualité à laquelle les analystes accordent de moins en moins de crédit au regard des déclarations de M. Powell impliquant que la prochaine baisse de taux pourrait mettre du temps à se matérialiser.

Nombre d'experts considèrent que le constat d'une modération de l'inflation (à +2,1% sur un an en avril aux Etats-Unis, selon l'indice officiel PCE) aurait pu permettre à la Fed de baisser ses taux ce mois-ci, mais c'était sans compter l'impact redouté des droits de douane sur les prix.

Depuis son retour à la Maison-Blanche, M. Trump a imposé au moins 10% de surtaxe sur la plupart des produits importés aux Etats-Unis et menace d'aller plus loin.

M. Powell a par ailleurs indiqué que la Fed surveillait les développements de la guerre entre l'Iran et Israël, notamment du fait du risque d'impact sur les prix du pétrole.

Il a toutefois estimé que les crises affectant l'or "n'avaient généralement pas d'impact durable sur l'inflation, à l'exception bien sûr des années 1970. (...) Mais l'économie américaine est beaucoup moins dépendante du pétrole importé qu'à l'époque", a-t-il observé. 

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