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Benoît Hamon : "Il faut augmenter la part de l'ESS dans notre économie"

Le président d'ESS France était à Rouen le 22 mai. Pour lui, l'économie sociale et solidaire a des réponses à apporter aux quatre grands défis majeurs du moment.

Benoît Hamon, président d'ESS France, a tenu une conférence au Pavillon des transitions le 22 mai à Rouen. © Aletheia Press / B.Delabre
Benoît Hamon, président d'ESS France, a tenu une conférence au Pavillon des transitions le 22 mai à Rouen. © Aletheia Press / B.Delabre

"Il faut arrêter de crier vivent les start-ups ! Ce qu'il faut crier, c'est vive l'économie sociale et solidaire !" L'ancien ministre et candidat à la présidentielle et actuel président d'ESS France, Benoît Hamon était à Rouen le 22 mai pour défendre le principe de l'économie sociale et solidaire. Avec une certitude : l'ESS a des réponses à apporter aux quatre grands défis majeurs du moment. Dérèglement climatique, bouleversements géopolitiques, transition démographique et révolution digitale… Pour lui, l'ESS est la solution.

Donner plus de place aux produits de l'ESS

"Sur le dérèglement climatique, il est indiscutable que les entreprises qui intègrent le mieux l'intérêt général sont les mieux à même de s'adapter et d'en atténuer les effets", a introduit Benoît Hamon. Et pour le reste, les entreprises et associations du secteur sont aussi créatrices de lien social, vecteur d'unité de la nation, expertes de l'inclusion, rompues aux règles de la coopération… Et elles sont parfois bien seules en milieu rural ou dans les quartiers prioritaires de la ville.

Alors, s'il admet volontiers que tout n'est pas parfait dans cette branche, le président d'ESS France insiste : "c'est une évidence pour moi qu'il faut augmenter la part de l'ESS dans notre économie. Il va falloir adopter des politiques de préférence ESS, et aussi mettre au point un catalogue des alternatives aux solutions purement capitalistes". Mais pour cela, il faut aussi que les donneurs d'ordre acceptent de ne pas traiter les entreprises de l'ESS comme des entreprises capitalistiques. "La banque des territoires comme BPI doivent s'intéresser à une logique de capital patience", image Benoît Hamon.

Traiter l'ESS à sa juste valeur

L'ESS pèse déjà lourd en réalité dans l'économie hexagonale. Quand les start-ups françaises cumulent à elles toutes 24,6 milliards d'euros de chiffre d'affaires (chiffres 2023 de la banque de France), la coopération agricole, elle, affiche 104 milliards d'euros. Et les coopératives au sens large, cumulent 360 milliards ! À cela, vient s'ajouter le monde associatif et ses 1,3 milliard d'euros de chiffre d'affaires pour 1,6 million d'emplois.

Des chiffres qu'il est parfois difficile de faire admettre ou entendre. Voilà pourquoi ESS France travaille à documenter ses arguments. Une antenne dédiée à l'ESS verra le jour d'ici quelques mois au sein de l'Insee. Et un rapport de la Cour des Comptes est attendu prochainement sur le niveau de transfert de moyens entre l'État et l'ESS.

Intérêt général, justice et dignité

"On verra alors que l'État n'est pas à la hauteur de ses missions", assure Benoît Hamon, qui dénonce aussi la volonté gouvernementale de diminuer les subventions à ce secteur d'activité. "La conséquence directe serait une suppression de 185 000 emplois. Même le Medef estime que ce serait une catastrophe. Une subvention ce n'est pas un cadeau, mais quelque chose d'indispensable à l'intérêt général", martèle-t-il. Un constat qu'il étend également à l'unité de la Nation et à la défense de notre démocratie. "Si tu veux la paix, cultive la justice", rappelle Benoît Hamon, reprenant la devise de l'Organisation internationale du travail (OIT).

Ainsi subventionner l'accompagnement des personnes vulnérables plutôt que de le confier à des entreprises à but lucratif permettrait d'éviter des dérives, comme le scandale Orpea ou de certaines crèches privées. "La vulnérabilité des personnes devrait relever d'acteurs privés non-lucratifs, défend encore Benoît Hamon. Cela éviterait de choisir les dividendes plutôt que la dignité des personnes".

Pour Aletheia Press, Benoit Delabre