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Bibliothérapie : la lecture comme base d'introspection

À Ully-Saint-Georges, Florence Gonçalves accompagne enfants, adolescents et adultes dans une démarche introspective. Et ce, en s'appuyant sur le pouvoir métaphorique des livres. Rencontre.

Des livres et des crayons : Florence Gonçalves s'appuie sur l'imaginaire du livre pour aider petits et grands à exprimer affects et émotions. © Aletheia Press / B.Delabre
Des livres et des crayons : Florence Gonçalves s'appuie sur l'imaginaire du livre pour aider petits et grands à exprimer affects et émotions. © Aletheia Press / B.Delabre

Florence Gonçalves n’est pas une thérapeute comme les autres. Elle soigne sans ordonnance et sans blouse blanche. Son «médicament», c’est le livre. Son terrain, l’intime. Depuis Ully-Saint-Georges, cette biblio-thérapeute passionnée accompagne enfants, adolescents et adultes dans une démarche destinée à aider les personnes à se retrouver, se réparer, parfois même se reconstruire.

Elle pratique la bibliothérapie créative, qui mêle lecture, écriture et expression émotionnelle. «C’est une forme d’accompagnement par les mots, qui permet à chacun de se projeter, de s’identifier à un personnage, de se réapproprier ses émotions», explique Florence Gonçalves. La puissance de la littérature ? Elle réside dans la métaphore. «Un personnage de roman jeunesse qui surmonte une difficulté devient un miroir apaisant pour le lecteur, un déclencheur d’espoir. Il se dit : pourquoi pas moi ?»

Un parcours entre soin, éducation et transmission

Rien ne prédestinait Florence Gonçalves à devenir biblio-thérapeute. Et pourtant, tout l’y menait. Diplômée en sociologie et sciences de l’éducation, elle a travaillé pendant vingt ans auprès d’enfants déficients visuels, transcrit des documents en braille et s'est formée au métier de documentaliste. La lecture comme vecteur de lien et d’inclusion est déjà au cœur de son action. Puis le Covid passe par là. Le besoin d’agir autrement, de répondre au mal-être ambiant, devient impérieux.

Florence découvre alors la bibliothérapie et se forme auprès de Régine Detambel, figure notoire de la pratique en France. Elle se rend compte qu’elle a, en réalité, déjà expérimenté ces outils auprès de son propre fils, victime de harcèlement scolaire. «Je l’ai fait écrire. Je ne lisais pas ce qu’il écrivait. Un an plus tard, il allait mieux. Et ensemble, on a symboliquement brûlé ce cahier. Ça a été une libération».

Créer avant de tourner la page : des actes libératoires

Dans les séances qu’elle organise en individuel ou en groupe (de huit personnes maximum), Florence Gonçalves alterne lectures choisies – souvent issues de la littérature jeunesse, y compris pour les adultes – et ateliers d’écriture. Les participants déposent leurs émotions, les partagent ou non, et parfois, les confient à une boîte scellée... qui finira au feu, comme un acte libératoire.

Florence Gonçalves n’exclut personne. Ni les adultes, ni les enfants, ni les publics empêchés. Forte de son expérience auprès d’enfants porteurs de handicaps, elle adapte ses outils pour les personnes dyslexiques, dyspraxiques ou déficients visuels. «Ce n’est pas parce qu’un enfant ne lit pas comme les autres qu’il n’a rien à exprimer. On peut écrire un mot, dessiner un sentiment, et déjà, c’est une victoire».

«Une façon douce de se regarder autrement»

Sa démarche séduit des personnes en quête de sens, souvent après un parcours médical ou psychologique insatisfaisant. «Je reçois des gens bloqués dans leur écriture, des adolescents en perte de repères, des adultes fatigués. Certains trouvent dans les livres ce qu’aucune thérapie n’avait pu leur offrir : une façon douce de se regarder autrement». Malgré la méfiance de certains professionnels de santé, elle persiste : "On est complémentaires. Je ne suis pas médecin. Je ne prescris pas. Je propose un espace de soin émotionnel, pas une ordonnance».