Territoires
Bliiida optimise sa mission de lieu ressources pour le territoire messin
Né dans les anciens dépôts du réseau de Transports en commun de la région messine (TCRM), le tiers-lieu de création et d’innovation sociale, artistique et numérique, Bliiida, évolue. Rassemblant start-up du numérique et de l’ESS, écosystème de la création, il développe un modèle socio-économique qui le porte à regarder vers la sphère d’entreprise et à en faire un lieu de ressources de compétences pour les collectivités territoriales.

Pour appréhender le présent, et le futur, il est plus que jamais indispensable de se souvenir de ce qui fut avant. Retour en arrière. Nous sommes à la moitié du XIXe siècle. Pléthore de projets pour l’avenir de la ville de Metz sont engagés, dont la construction d’un grand abattoir sur l’île Chambière : là où se trouve le site de TCRM-Blida. Quand les abattoirs cessent leur activité au début de l’année 1982 sont conservés le bâtiment principal situé le long de l’avenue de Blida, les deux pavillons au sud du site, un mur de clôture le long de la même avenue. Le site est choisi pour devenir le nouveau centre d’exploitation des TCRM, les bus de la ville de Metz. Ce n’est finalement qu’en 1988 que le dépôt entre en fonction et que les premiers bus sont pris en charge. En 2013, l’ensemble des activités liées aux transports en commun déménagent au dépôt Jobba.
Détection de talents
Un an plus tard, le lieu est transformé en un espace durable dont la vocation est d’être un tiers-lieu de création et d’innovation sociale, artistique et numérique. TCRM-Blida est alors le carrefour entre structures et entreprises qui travaillent en repensant les moyens de produire, de consommer, d’innover, d’habiter, de vivre. Le monde de l’art et l’économie s’y rencontrent, développant des projets engageants et engagés autour des enjeux de la société. C’est en 2015 que l'endroit devient le lieu totem de la labellisation French Tech à Metz pour le Sillon Lorrain. Le dispositif LORnTECH, porté par le Pôle Métropolitain Européen du Sillon Lorrain, fait partie des treize Métropoles French Tech. Ambition : favoriser la détection de talents, la stimulation de projets, l’émergence de la culture entrepreneuriale, le développement de dispositifs d’accompagnement et l’accélération des start-up. En 2025, l’ADN de Bliiida n’a en rien changé : placer l’humain comme vecteur moteur de l’innovation. On peut scinder son action présente en trois pôles complémentaires les uns des autres. Le premier est ce soutien aux activités émergentes, que cela soit par la voie de l’auto-entreprise, de la petite structure, associative ou artisanale. 80 entreprises sont hébergées sur le site. Ce qui représente quelque 150 professionnels aux visages et aux talents multiples. Le principe est celui de la location contractuelle classique.
Changement de dimension
L’entité Bliiida est elle-même une association composée de bénévoles et de salariés. Le second pôle tient à l’éducation artistique et culturelle dont le partenariat avec l’École Supérieure d’Art de Lorraine (ESAL), un FabLab numérique, une mutualisation avec la sphère estudiantine. Il y a deux ans, le tiers-lieu a lancé des ateliers partagés accessibles sous forme d’abonnement. Et c’est en 2019 que fut initié Makerland, événement intergénérationnel visant à faire découvrir les savoir-faire et la créativité. L’objectif est là d’ouvrir en grand, à un large public, les portes des arts et de la culture. Troisième pôle : celui dévolu à l’événementiel. 50 jours par an y sont consacrés dans le panel des activités de Bliiida. Des temps de rencontres autour de la création vidéo, Game Jame, festival, brocante, vide-dressing, bourse aux vélos, Journées européennes des Métiers d’Art (JEMA). Pour la 4e année consécutive, Bliiida a ouvert une boutique hivernale en plein cœur du centre-ville de Metz, présentant les créations de ses artistes et entreprises. C’est pour ceux-ci une vitrine rêvée. Ces derniers mois, Bliiida a pris un virage important pour son avenir. Le tiers-lieu est devenu le gestionnaire foncier de l'ensemble des 30 000 m² du site, lesquels après avoir appartenu à la SAELM Metz Technopôle, le sont désormais par l’Eurométropole de Metz, unique bailleur. Pour le tiers-lieu, c’est un changement de paradigme et de dimension majeure. Autre volet de développement : celui qui rapproche du monde entrepreneurial par la locations de salles, l’organisation de séminaires et d’événementiel professionnel.
Un modèle qui évolue
Cette
diversification a eu un effet immédiat : celui de passer de 70 % de
budget conditionné à des subventions - Ville, Métropole, Région,
État
- (contre 30 % de fonds propres) à un équilibre entre les deux
moyens de ressources. Un 50-50 réalisé avec les parrainages privés
et les recettes issues de la location des espaces, la
commercialisation des salles, l’organisation d’ateliers dans les
fablabs… Bliiida fait évoluer son modèle. L’autonomie et
l’ouverture vers l’extérieur : le chemin pris. Les projets ne
manquent pas : la pérennisation de l’incubateur fluxus, coordonné
par Bliiida, voué aux entrepreneurs artistiques et culturels dans
leur diversité, en partenariat avec la Drac, l’Agence culturelle
Grand Est. Il y enfin cette idée liée à l’ancrage territorial de
Bliiida. Le tiers-lieu entame une succession de rencontres avec les
élus locaux pour déceler dans les communes métropolitaines,
notamment les plus petites, leurs besoins en termes d’offre
culturelle, afin de mettre les ressources humaines et matérielles du
tiers-lieu à leur destination, quand elles décident d’organiser
des temps festifs. Au final, en plus de dix ans, Bliiida n’a jamais
cessé d’être cette boîte à outils au service de son territoire.
Ici cohabite une intelligence collective et augmentée.