Sauvegarder l'article
Identifiez vous, pour sauvegarder ce article et le consulter plus tard !

Bra-vo : Marie Brazier et Evrard de Nervo renomment leur cabinet d’architectes

Il y a quelques semaines, le cabinet d’architectes Brazier et Nervo à Abbeville a changé de nom pour prendre celui de Bra-vo. Un changement destiné à pérenniser le cabinet au-delà de la présence de ses deux fondateurs Marie Brazier et Evrard de Nervo. Entretien avec la passionnée Marie Brazier.

Avec la nouvelle dénomination de leur cabinet Bra-vo, Marie Brazier et Evrard de Nervo affichent leur complémentarité.
Avec la nouvelle dénomination de leur cabinet Bra-vo, Marie Brazier et Evrard de Nervo affichent leur complémentarité.

Pouvez-vous nous présenter votre agence d’architectes ?
Nous avons fondé cette agence il y a 23 ans. Native d’Abbeville, j’ai effectué mes études d’architecture à Lille. Architecte diplômée par le gouvernement (D.P.L.G.), j’ai d’abord exercé dans différentes agences à Lille et à Paris. Ayant toujours souhaité travailler à mon compte, j’ai décidé de m’installer à 27 ans. Mes premiers contacts se trouvant autour d’Abbeville, c’est tout naturellement que je me suis inscrite à l’Ordre des Architectes de Picardie. Mon mari, Evrard de Nervo, m’a rejointe en tant qu’économiste de la construction. Aujourd’hui, nous comptons neuf collaborateurs : des assistants techniques et administratifs, un chef de projet, trois architectes, un dessinateur, ainsi qu’un bureau à Abbeville et un autre au Touquet.

Votre force repose donc sur des complémentarités ?
Les fonctions réunies d’architecte et d’économiste de la construction offrent une complémentarité idéale, au sein d’une même structure à taille humaine. Suivi par les mêmes acteurs, depuis le relevé jusqu’à la réception des travaux, chaque projet est envisagé dans sa globalité — esthétique, fonctionnelle, technique et financière. Le travail en équipe permet de mener de front plusieurs projets ; nos échanges nourrissent et enrichissent chaque réalisation.

La clinique vétérinaire à Étalondes est la première clinique bas carbone de France.

Dans quels secteurs intervenez-vous ? Et dans quelle région ?
Nous intervenons dans de nombreux secteurs : construction neuve ou réhabilitation, restauration, loisirs, éducation, santé, tertiaire, commerces, ainsi que dans la rénovation d’immeubles gérés par des bailleurs sociaux ou des syndics de copropriété. Nos projets se situent dans un rayon d’environ 50 km autour d’Abbeville, principalement sur les axes Amiens – Le Touquet – Dieppe. Près de 50% de nos chantiers concernent la rénovation d’immeubles, qui débute systématiquement par un diagnostic complet de l’enveloppe : façades, toitures, étanchéité, balcons, garde-corps, châssis, isolation, etc. Le projet naît de ces constats.

Votre métier repose-t-il souvent sur l'échange ?
Oui, nous travaillons avec énormément d'acteurs, à tous les stades des projets. Les clients, les services des mairies, les bureaux d’études thermiques, acoustiques, structurels, les géomètres, les entreprises, les contrôleurs techniques... Les architectes des bâtiments de France veillent sur notre patrimoine. Aussi sur certains secteurs, nos échanges sont primordiaux. Tous projets nécessitent de respecter le bâti et son environnement. De nombreuses discussions et versions sont nécessaires pour obtenir le bon dessin. Viennent ensuite les études techniques, les appels d’offres pour déterminer quelles entreprises proposent les meilleures offres techniques, économiques et humaines. Nous sommes très exigeants à toutes les phases des projets et notamment au moment de leur réalisation. J’adore cette phase de suivi de chantier. Être sur le terrain avec les entreprises est un moment fort de notre métier, c'est là que ce qu'on a imaginé prend forme, nous nous devons une grande vigilance.

Vous venez de changer de nom, pourquoi ?
Nous commençons à prendre de l’âge (rires). Nous avons donc confié ce changement à une agence de communication. L’idée était de trouver un nom moins personnel, notamment dans la perspective d’une future cession du cabinet. L’agence nous a proposé Bra-vo. Nous avons trouvé ce nom dynamique, convivial. Vous savez, entre le début d’un projet et sa livraison, il s’écoule en moyenne deux ans : cela crée des liens, et rien n’est jamais acquis. Un «bravo» est comme une ultime récompense, le mot que l’on espère entendre de la part de nos maîtres d’ouvrage.

Ravalement et isolation thermique par l'extérieur du Clos Picard à Amiens.

Quelles sont vos réalisations emblématiques ?
Nous avons récemment achevé une clinique vétérinaire à Étalondes, qui a la particularité d’être la première clinique bas carbone de France. C’était la volonté de la cliente, avec qui nous avons longuement échangé. Une véritable relation de confiance s’est instaurée entre nous. J’ai cherché à comprendre l’image qu’elle souhaitait donner à son outil de travail. J’ai conçu un lieu enveloppant, au parcours fluide pour les animaux, les clients et le personnel — une clinique où l’on se sent bien, où l’on peut prendre le temps. Et, a priori, ses clients disent que l’endroit est agréable, rassurant et beau ! Nous avons également travaillé sur la rénovation du château de Bouillancourt-en-Séry, sélectionné dans le cadre de la Mission Bern. À Abbeville, nous avons aménagé une fromagerie en centre-ville. Le commerce est situé en rez-de-chaussée, avec des logements aux étages. C’était un chantier complexe, car il a fallu créer un accès indépendant pour les habitants, respecter scrupuleusement la réglementation incendie et garantir l’accessibilité du commerce aux personnes à mobilité réduite. Toujours à Abbeville, nous avons participé à la construction d’un bâtiment industriel de 1 800 m² pour la CCI Littoral Hauts-de-France, destiné à être loué à l’entreprise U-Shin, spécialisée dans les systèmes de verrouillage automobile. Il s’agit d’une construction métallique, réalisée en collaboration avec un ingénieur structure et fluides. Nous venons aussi de livrer une maison sur pilotis en bois brûlé à Quend-Plage. La cliente tenait absolument à ce que la construction n’ait aucun impact sur le sol et puisse être démontée à l’avenir. Enfin, nous venons d’inaugurer une salle de padel au Crotoy.

Quelques projets à venir ?
En ce moment, nous menons plus de cent projets, dont dix-neuf en phase de chantier. Notre premier immeuble neuf, situé au Touquet, devrait sortir de terre début 2026, en parallèle d’une importante rénovation d’un ensemble de 120 logements en front de mer.

Les normes environnementales toujours plus exigeantes et l’essor du réemploi vous poussent-ils toujours vers de nouvelles limites ?
Dans le cadre de notre métier, nous avons une obligation de formation continue, car les réglementations évoluent en permanence. Depuis plusieurs années, les projets sont soumis à la RE 2020, qui découle de la loi de Transition énergétique pour la croissance verte et de la loi ÉLAN (Évolution du Logement, de l’Aménagement et du Numérique – 2018). Son objectif : améliorer la performance énergétique des bâtiments neufs et réduire leur impact sur le climat. Dans ce contexte, nous collaborons étroitement avec des bureaux d’études thermiques. Les matériaux biosourcés sont au cœur de nos projets. J’encourage également mes clients à intégrer le réemploi, dans la mesure du possible. C’est un levier concret dans cette démarche environnementale — et cela peut aussi générer des économies. Je suis notamment en contact avec Lemaitre Réemploi à Abbeville : si je peux lui faire récupérer des matériaux, je n’hésite pas à l’appeler. Les assureurs s’intéressent aussi à cette question, et réfléchissent à la manière d’assurer des chantiers intégrant des matériaux de réemploi.

Que répondez-vous à ceux qui pensent encore que recourir au service d’un architecte coûte cher ?
L’architecte est avant tout le représentant du maître d’ouvrage face à l’ensemble des intervenants, et en particulier face aux entreprises. Il lui apporte une certaine tranquillité d’esprit. Tous nos projets sont dimensionnés au plus juste pour répondre précisément aux besoins de nos clients. Quand on sait qu’un mètre carré construit coûte entre 2 500 et 3 000 euros, l’ergonomie spatiale que nous apportons prend tout son sens. Nos connaissances techniques et économiques sont également garantes de dépenses conscientes et maîtrisées. Enfin, nous créons des espaces, des volumes, et une fois achevé, un bâtiment dessiné par un architecte est unique. Nous apportons une véritable valeur ajoutée à l’acte de construire.