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Budget de la Sécurité sociale : à 48 heures du vote à l'Assemblée, la tension monte

Le ministre du Travail, Jean-Pierre Farandou, a mis en garde contre une crise politique, économique et sociale en cas de rejet du PLFSS. S'il n'est pas adopté, le gouvernement a averti que le déficit de la Sécu plongerait autour des 30 milliards d'euros en 2026, contre 23 en 2025. 

Jean-Pierre Farandou, ministre du Travail. © AFP
Jean-Pierre Farandou, ministre du Travail. © AFP

A 48 heures du vote crucial à l'Assemblée nationale sur le budget de la Sécurité sociale, la tension monte: Bruno Retailleau dénonce "un hold-up fiscal" et appelle Les Républicains à ne pas voter pour, tandis que le RN exhorte le Premier ministre à démissionner en cas de rejet du texte. Vendredi, le volet recettes du projet de loi de finances de la Sécurité sociale (PLFSS) a été adopté grâce à plusieurs compromis (sur la CSG ou l'abandon de l'augmentation des franchises médicales...) mais aussi grâce aux nombreux absents dans l'hémicycle, notamment dans les rangs du Rassemblement national.

L'adoption, mardi, de la partie consacrée aux dépenses, avec la suspension de l'emblématique réforme des retraites, puis le vote sur l'ensemble du texte s'annonce beaucoup plus incertaine, au vu des divisions jusque dans les rangs de la fragile coalition gouvernementale.

Dimanche, Bruno Retailleau a enfoncé le clou. Deux mois après son départ fracassant du gouvernement, le patron des Républicains a qualifié le budget de la Sécu de "hold-up fiscal" avec l'augmentation de la CSG, de "hold-up social" sur les retraites et de "hold-up démocratique" car, à ses yeux, "jamais le pays n'a été autant à droite et jamais un gouvernement, une politique n'a été autant à gauche".

Il se retrouve ainsi sur la ligne de l'ex-Premier ministre Édouard Philippe. De quoi potentiellement faire capoter l'adoption du PLFSS malgré les nombreuses concessions faites au PS. Sébastien Lecornu "s'est mis dans les mains des socialistes" avec les retraites et le renoncement à l'article 49.3, a dénoncé Bruno Retailleau. Il plaide pour un retour de cet outil constitutionnel, qui permet de faire adopter sans vote un projet de loi.

Le député du Rassemblement national Jean-Philippe Tanguy, a mis la pression sur Sébastien Lecornu : en cas de rejet du texte, "je ne vois pas comment il ne pourrait pas démissionner".

Lire aussi : Impôt sur le revenu, taxation sur les entreprises... le point sur le budget de l'État, examiné au Sénat

Le Premier ministre aurait sinon "engagé la responsabilité du gouvernement", en décidant finalement de recourir au 49.3. Ce qu'il se refuse toujours à faire. Pour tenter d'arracher un vote, le gouvernement semble prêt à un dernier compromis en direction des Écologistes. Une dernière discussion concernera en effet mardi l'article crucial sur l'objectif des dépenses de l'assurance maladie (l'Ondam). Sur ce sujet, la ministre de la Santé, Stéphanie Rist, pourrait déposer un amendement prévoyant une augmentation de 3% de ces dépenses (contre 2% jusqu'ici). 

Pour l'exécutif, l'heure est grave. Le ministre du Travail, Jean-Pierre Farandou, a mis en garde contre une "crise politique, économique et sociale" en cas de rejet du PLFSS. S'il n'est pas adopté, le gouvernement a maintes fois averti que le déficit de la Sécu plongerait autour des 30 milliards d'euros en 2026, contre 23 en 2025. Le projet de budget de l'État, encore plus clivant, est, de son côté, toujours en cours d'examen au Sénat.

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