Budget: Londres place la défense et la santé au coeur de ses priorités
Des milliards d'argent public injectés dans la santé et dans la défense mais des coupes dans les Affaires étrangères et les transports: le gouvernement britannique a présenté mercredi ses choix...

Des milliards d'argent public injectés dans la santé et dans la défense mais des coupes dans les Affaires étrangères et les transports: le gouvernement britannique a présenté mercredi ses choix budgétaires pour les années à venir.
La priorité est "d'investir dans la sécurité du Royaume-Uni, dans la santé et dans la croissance de l'économie", a martelé la ministre des Finances Rachel Reeves, dans un discours en milieu de journée devant les députés britanniques.
Grâce à des hausses d'impôts qui s'appliquent déjà depuis avril, les budgets courants du gouvernement augmenteront de 2,3% par an d'ici la fin de la décennie, a indiqué Mme Reeves.
Mais tous les ministères ne sont pas logés à la même enseigne: après un passage en revue détaillé des dépenses et des recettes, amorcé dès le retour au pouvoir des travaillistes en juillet dernier, la priorité est clairement donnée à la défense et la santé.
Londres prévoit de porter son budget militaire à 2,6% du produit intérieur brut (PIB) d'ici 2027 (une augmentation qui inclut les agences de renseignement), et jusqu'à 3% à horizon 2034, au détriment de l'aide au développement.
Le service public de santé (NHS), sous-financé et extrêmement coûteux, se voit quant à lui promettre une rallonge record de 29 milliards de livres (34 milliards d'euros) d'ici 2028-29, soit une hausse de 3% par an.
Demandeurs d'asile
Sans s'appesantir dans son discours sur les ministères les moins bien lotis, Mme Reeves a tout de même annoncé un milliard de livres d'économies sur le budget alloué aux demandeurs d'asile, notamment pour mettre un terme à "l'utilisation coûteuse des hôtels pour (les) loger".
Selon un document publié sur le site du gouvernement après son discours, les Affaires étrangères (-7% d'ici 2029) et les transports (-5%) sont les plus touchés par les coupes.
Ces économies sont d'autant plus sévères que la Chancelière de l'Echiquier (titre officiel de Mme Reeves) a déjà tranché dans les dépenses à hauteur de plusieurs milliards de livres en mars, rognant dans les aides aux personnes handicapées et les coûts de fonctionnement de l'administration centrale.
"Moins d'un an s'est écoulé depuis l'arrivée au pouvoir du gouvernement, et ses priorités ont évolué, les événements mondiaux semblant avoir pris le pas sur la politique intérieure", décrypte Susannah Streeter, analyste chez Hargreaves Lansdown.
La ministre est en revanche revenue cette semaine sur la suppression d'une aide au chauffage pour les retraités, décision impopulaire jusque dans son propre camp travailliste.
Des largesses critiquées par Mel Stride, responsable de l'opposition conservatrice pour les Finances, convaincue que Mme Reeves "sait qu'elle devra revenir à l'automne", dans le prochain budget, "avec de nouvelles hausses d'impôts".
Si la Chancelière vise l'équilibre des recettes et des dépenses de fonctionnement, elle s'est donné davantage de marges sur l'investissement, s'autorisant à emprunter plus dans ce but en changeant les règles budgétaires.
Conséquence: une manne de 113 milliards de livres (134 milliards d'euros) supplémentaires sur cinq ans s'ajoute aux près de 120 milliards annuels d'investissements déjà prévus.
Des milliards investis
"Les investissements publics devraient être à des niveaux historiquement élevés dans les années à venir", selon le très respecté Institut des études budgétaires (IFS).
Les priorités ont déjà été divulguées ces derniers jours : 86 milliards de livres d'ici 2030 dans les sciences, les technologies ou la défense, 39 milliards de livres pour des "logements abordables" ou 30 milliards de livres pour le nucléaire.
Le gouvernement du Premier ministre Keir Starmer, dont la popularité est en berne, espère que cela l'aidera à relancer une activité économique atone, pénalisée aussi par la guerre commerciale des Etats-Unis.
"Cette approche centrée sur la croissance est encourageante" mais ne sera peut-être pas suffisante, suggère Lindsay James, analyste chez Quilter, rappelant les difficultés "à réaliser des projets d'infrastructure à grande échelle".
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