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Collectivités : les écoles face au risque climatique

Écoles et lycées ne sont pas adaptés au réchauffement climatique. Un enjeu majeur pour les collectivités, alerte le Cerema, établissement public expert de l'adaptation des territoires au changement climatique. Dans un rapport disponible en ligne, il recense des solutions pour répondre à l'urgence.

©Adobe Stock.
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La rentrée reste chaude, la fin de l'année scolaire menace d'être brûlante, les canicules se faisant toujours plus fréquentes. En juin 2025, le rapport « Les écoles face au risque climatique . Agir maintenant contre la surchauffe » a été publié par le Cerema, établissement national expert de l’adaptation des territoires au changement climatique. Il y a là un « enjeu majeur pour les collectivités », souligne le rapport : « les enfants constituent un public vulnérable face à ce risque de chaleur, et le parc scolaire métropolitain est globalement inadapté ». Même des établissements récemment construits se révèlent mal adaptés, dotés de verrières sur-chauffantes ou de revêtements foncés...

Faire face n'a rien d'évident : en effet, la rénovation globale « reste l’action la plus pertinente, mais qui n’est pas toujours possible (…) Il est donc difficile pour les collectivités de savoir comment adapter leur parc scolaire et comment prioriser les actions avec un budget contraint . Les collectivités s’interrogent : les solutions mises en œuvre aujourd’hui seront-elles toujours efficaces dans 10, 20, ou 50 ans ? », note le rapport. Ce dernier a été conçu pour guider les collectivités qui souhaitent réagir rapidement avec des solutions abordables, même si leur efficacité sera probablement réduite à l’avenir. « Par exemple, le rafraîchissement nocturne, pertinent dans le climat actuel, devient inopérant en cas de vagues de chaleur prolongées, comme celles prévues à la fin du siècle, avec, dans certains cas, plus de 60 nuits consécutives au-dessus de 28 °C », pointent les experts du Cerema. Ils plaident pour une approche « pragmatique », mais qui tienne compte de la « résilience nécessaire face à un climat en constante évolution ».

Chaque bâtiment noté sur sa « sensibilité à la surchauffe »

Dans le rapport, plusieurs exemples de stratégies conçues par des collectivités (avec le Cerema) illustrent les pistes d'action possibles. Comme le plan d'Adaptation des bâtiments au climat déréglé (ABCD) du conseil départemental du Val-de-Marne. Cette méthode développée par le Cerema a permis d'identifier les risques à venir pour chacun des 580 bâtiments concernés et sur cette base, d'élaborer un plan d'action avec des outils de suivi. Objectif : limiter les effets négatifs de phénomènes comme les espèces invasives, le retrait gonflement des argiles (RGA), la canicule... Pour cette dernière, par exemple, chaque bâtiment a reçu une note qui rend compte de sa sensibilité à la surchauffe, fonction de ses caractéristiques techniques, son environnement... A Corbas (Rhône), l'Institut national de formation des personnels du ministère de l'Agriculture (Infoma) a effectué un diagnostic global des bâtiments élaboré sur la base d'une étude documentaire, de visites sur site, d'une enquête auprès des occupants et de mesures techniques. Conclusion ? « une situation de surchauffe » avec 28 °C en moyenne et des pics à 35 °C dans certaines zones. La pertinence des solutions possibles (ventilation, brasseurs d'air...) a été évaluée par simulation.

Autre type de projet encore, la « stratégie bioclimatique » mise en place par le Conseil départemental de l’Hérault sur son patrimoine scolaire. Impossible de traiter globalement tous les 79 collèges. Certains feront l'objet d'une démarche élément par élément. Mais toujours suivant « les principe du bioclimatisme » : réduire la surchauffe urbaine en aménageant les espaces extérieurs et occulter le rayonnement solaire, améliorer la qualité de l’enveloppe tout en veillant à l’efficacité de la ventilation pour décharger la chaleur nocturne …

Protections solaires extérieures : un gain de 6 degrés

Au Portugal, le lycée français de Lisbonne est déjà passé à l'action en restructurant ses locaux, et l'exemple illustre l'importance des caractéristiques de base des bâtiments. En effet, cet établissement est composite. Ses trois bâtiments, réalisés dans les années 50, avaient été conçus selon les principes de l’architecture bioclimatique : façades orientées nord-sud, brise-soleil, étagères à lumière, ventilations traversantes ou ascendantes.... Les dispositifs, performants ont été maintenus, d'autant qu'ils ont été rendus obligatoires (comme le principe de hauteur sous plafond de 3 mètres minimum dans les salles de classe, avec un double système d’ouvrants). En revanche, le bâtiment des années 70 du lycée a été entièrement restructuré pour favoriser un flux d’air traversant. Des systèmes d’ouverture dans les portes permettent le rafraîchissement.

Autre projet cité par le rapport, la réhabilitation du groupe scolaire Simone-Veil à Juvignac (Hérault). Elle visait à améliorer le confort d’été de ces locaux faiblement isolés et dépourvus de système de ventilation. Une enveloppe budgétaire serrée a imposé une solution créative et nécessitant un entretien-maintenance limité.Travaux effectués : installation de protections solaires extérieures motorisés avec coulisses latérales, création d’une ventilation double flux dans chaque salle de classe, mise en place d’un rafraîchissement adiabatique connecté à la centrale de traitement d’air. Gains mesurés par rapport à la situation initiale : 6 à 8° sur la température ambiante grâce aux protections solaires et jusqu’à 2,5° supplémentaires avec la ventilation associée à un rafraîchissement adiabatique. Le tout, pour 362 000 euros HT. D'autres solutions sont moins coûteuses encore. A Pompaire (Deux-Sèvres) cela fait une quinzaine d'années que les enseignantes de l’école Louis-Canis enseignent le français et les maths à l’extérieur une demi-journée par semaine, sur un terrain mis à disposition par la commune. Et depuis 2021, les classes de CE2-CM1 et CM1-CM2 participent à la fabrication d'une « cabane au jardin » qui servira à la fois d’abri en cas de mauvais temps et de salle d’activité. …