Comilog : 42 millions d’investissement pour produire du silico-manganèse bas carbone
La filiale dunkerquoise du groupe français Eramet vient d’installer un nouveau four pyrométallurgique. L’investissement va permettre d’augmenter la production de 20% tout en baissant très significativement les émissions de CO2. Une performance attendue par les aciéristes, engagés eux aussi dans la réduction de leur empreinte carbone.

Le précédent four avait été remplacé il y a 35 ans. «Ce qui constitue un record de longévité pour un four pyrométallurgique de cette puissance, 1 500° et 66 000 tonnes de capacité de production. Normalement, la durée de vie n’excède pas 20 ans, et le remplacement est toujours conditionnée à l’usure du réfractaire», précise Vincent Pomarède, directeur du site Comilog Dunkerque, situé à Gravelines. L’usine emploie 70 personnes.
Le nouveau four, pour un investissement de 42 millions d’euros travaux annexes compris (dont une nouvelle tour de refroidissement très haute puissance), a été installé en tout début d’année. Après plusieurs phases d’essais, il a atteint sa pleine puissance il y a quelques semaines. Il est en capacité de produire 78 000 tonnes de silico-manganèse par an, soit une augmentation de 20%.
Comilog Dunkerque produit cet alliage pour les sidérurgistes du monde entier, à partir de matières premières exploitées dans les mines du groupe. Il est indispensable pour garantir les propriétés techniques et mécaniques de l’acier. «23% de notre production est destinée au marché français, 6% au marché européen et le reste au monde entier, à la Chine notamment. Notre marché est cyclique mais actuellement il est très porteur. Et cela malgré la crise de l’acier européen. Augmenter nos capacités de productions était devenu indispensable pour répondre à la demande , commente Vincent Pomarède.
Des bioréducteurs à la place du coke
Le silicomanganèse produit par le site gravelinois a une empreinte carbone parmi les plus faibles du marché, avec moins de 1,9 tonne de CO2 par tonne d’alliage produite, soit deux fois moins que la moyenne mondiale. Cette performance est rendue possible grâce à la forte teneur du manganèse extrait des mines du groupe (on doit donc en utiliser moins) mais aussi à l’utilisation d’une électricité décarbonée pour le fonctionnement du four. «Cependant, nous souhaitons faire encore mieux. C’est pourquoi, nous avons choisi d’installer un four 'mi-ouvert', dont la technologie s’accorde mieux à l’utilisation de bioréducteurs à base de déchets forestiers pour réaliser la réduction du minerai. C’est une étape indispensable du process mais quand elle est réalisée à partir du coke, comme actuellement, elle dégage de fortes émissions de CO2», précise Vincent Pomarède.
Le site souhaite utiliser des bioréducteurs d’ici deux à trois ans. Avant, il lui faut sécuriser l’approvisionnement, le prix et l’acheminement. «Mais nous sommes déterminés à concrétiser ce beau projet indispensable pour tendre vers une empreinte carbone nulle», conclut le dirigeant.