Interview exclusive avec Marie-Hélène Deheul, présidente de la chambre interdépartementale des notaires du Nord-Pas-de-Calais
Congrès des Notaires 2025 : les notaires urbains et ruraux «ne font pas toujours le même métier»
Marie-Hélène Deheul, présidente de la chambre interdépartementale des notaires du Nord-Pas-de-Calais, est évidemment présente au Congrès des Notaires 2025 à Montpellier et s’est prêtée au jeu de l’interview pour évoquer les évolutions du métiers et les différences entre les notaires présents dans les centres urbains et ceux installés en milieu rural.

Quel est le rôle territorial des notaires ?
MHD. Nous avons un
maillage territorial voulu depuis presque toujours. On a
un notaire environ tous les 8 km, ce qui permet aux gens d’accéder
aux services de façon directe sur le terrain puisqu’il
n’est pas obligé d’aller dans les grandes villes ou de faire
beaucoup de kilomètres pour aller voir un professionnel.
Qu’est-ce qui
différencie les notaires présents dans les grands centres urbains
des notaires présents en zones rurales ?
Nous ne faisons pas
toujours le même métier. Souvent, en milieu rural, on va être
plutôt généraliste, si on est seul ou avec une petite équipe, un
peu comme un médecin généraliste et un médecin spécialiste. Dans
les métropoles, les notaires qui ont de plus grosses équipes vont
souvent se concentrer sur un seul domaine d’activité. Alors que le
notaire en milieu rural va pouvoir toucher différentes parties du
droit et faire des choses complètement différentes d’un
rendez-vous à l’autre. C’est aussi ce qui fait la beauté du
métier.
Cette différence
se ressent-elle dans les départements du Nord et du Pas-de-Calais ?
Oui, on a des
grosses métropoles qui souffrent aussi en ce moment, où on fait
d’habitude plus de grosses promotions immobilières de ventes
neuves, qui sont moins voire pas pratiquées dans les zones rurales.
Et même si les métropoles urbaines du Pas-de-Calais sont moins
imposantes que celles du Nord, avec des villes comme Béthune ou
Arras, qui sont des villes moyennes, la différence entre zone rurale
et zone urbaine reste la même.
Est-ce que la
crise économique qui touche la France actuellement a un impact sur
le notariat ?
Évidemment. Depuis
novembre 2022, le premier arrêt s’est ressenti sur les programmes
de neuf. Nous avons des confrères qui ont été obligés de
licencier des services qui ne faisaient que cela, là où ceux qui
sont un peu plus généralistes ont davantage tenu. Il y a eu un arrêt
brutal et des difficultés pour les Français d’accéder au crédit
immobilier avec le resserrement des taux et des conditions d’accès
au crédit. Cela a beaucoup ralentit le secteur de l’immobilier,
qui est prépondérant dans notre activité. On a des
confrères qui sont à la peine et ça a du mal à repartir. Et
l’instabilité politique rend difficile le retour de la confiance.
Et ce qui est vrai pour la population française l’est aussi pour
les personnes avec qui on travaille, comme les diagnostics
immobiliers, les déménageurs, ou le bâtiment.
Quelles sont les
évolutions à venir pour le notariat, malgré les
difficultés actuelles ?
Il y a une transition numérique qui s’est faite il y a quelque temps déjà avec le fichier des dernières volontés et l’acte électronique à distance ces derniers mois. Cela continue sur l’autonomie informatique sur la sécurisation de la donnée et de l’identité de nos clients. C’est en cours et il y a un gros programme autour de la transition numérique pour investir et être dans cette autonomie. Ces avancements sont faits notamment par les notaires.
Et pour l’IA, c’est à voir si chacun aura l’appétence ou pas d’y aller plus ou moins vite. Nous l’utilisons déjà de manière indirecte avec des outils proposés par des SSII ou d’autres acteurs de la profession. Là où il faut être vigilant, c’est au niveau de la sécurité des données, car nous sommes tenues au secret professionnel...