Conjoncture

Consommation, moral des ménages : des signaux faibles

La consommation des Français en panne. L’envie de dépenser ne revient pas, malgré une hausse du pouvoir d’achat et un recul de l’inflation. En mars, la consommation des ménages en biens connaît une forte contraction avec un repli de 1% en volume, le plus important depuis décembre 2022. Ce fléchissement a ramené ces dépenses à leur plus faible niveau depuis novembre 2014 en excluant la période Covid.

 Le ralentissement de la demande des ménages limite la croissance du PIB qui rebondi modestement de 0,1% ces trois premiers mois de 2025. © Leo Rohmann
Le ralentissement de la demande des ménages limite la croissance du PIB qui rebondi modestement de 0,1% ces trois premiers mois de 2025. © Leo Rohmann

Selon les données de l’Insee, parues le 30 avril, les secteurs des biens fabriqués (-1%) et de l’énergie (-1,8%) sont les principaux moteurs de cette baisse. L’alimentation poursuit également sa diminution (-0,5%). Dans le détail, la consommation de biens fabriqués a été impactée par un fort repli des biens durables (-1,9%), en particulier des matériels de transport (-3%), dont les véhicules neufs, suite au durcissement du malus écologiques, au 1er mars, explique l’Insee, et des biens d’équipement du logement (-1%). Seuls les autres biens fabriqués progressent légèrement de 0,1%. Sur un an, la consommation de matériels de transport est en baisse de 6,6%.

La consommation alimentaire continue de baisser, principalement en raison d’un nouveau recul des produits agroalimentaires et s’essouffle de 3,2% sur un an. Sur le premier trimestre, elle fléchit de 0,8% en grande partie en raison de la forte baisse des achats de tabac liée à la hausse des prix. Hors tabac, la chute de la consommation alimentaire sur le trimestre atteint 0,2%.

Cette tendance explique la stagnation de la consommation totale des ménages (0%) ce premier trimestre. Sur cette période, les achats de biens reculent nettement de 0,6%, (vs + 0,1 % fin 2024) pénalisés par la baisse des dépenses en matériels de transport et celles alimentaires, y compris le tabac. En revanche, la consommation de services se redresse légèrement (+0,5%).

Un frein à la croissance

Le ralentissement de la demande des ménages limite la croissance du PIB qui rebondi modestement de 0,1% ces trois premiers mois de 2025, après une régression de 0,1%, au quatrième trimestre 2024, l’effet des Jeux Olympiques s’étant estompé. Le commerce extérieur et la baisse de l’investissement ne compensent pas la faiblesse de la consommation. En mars dernier, dans sa dernière note de conjoncture, l’Insee tablait sur une reprise de la consommation des ménages (+0,4% au premier trimestre) permise par les gains de pouvoir d’achat.

Moral des ménages : une stabilisation en demi-teinte

De fait, en avril, la confiance des ménages est restée étale à un niveau bas. Même si ces derniers montrent davantage d’intérêt pour réaliser des achats importants et une moindre appétence à épargner. L’indicateur synthétisant le moral des ménages stagne à 92, en avril, un niveau identique au mois précédent, restant sous de sa moyenne historique (100). Avec un signal favorable, cependant : les Français se montrent plus enclins à réaliser des achats importants. Le solde d’opinion dédié progresse de trois points et atteint un pic depuis février 2022, bien qu’encore inférieur à sa moyenne de longue période.

En parallèle, le ressenti des ménages sur leur situation financière passée s’améliore légèrement, tandis que celui sur la situation future reste inchangé. Et la proportion de ceux jugeant opportun d’épargner continue de reculer en avril, perdant quatre points. La capacité d’épargne actuelle est en légère hausse tandis que la capacité future est en baisse, les deux restant supérieures à leur moyenne de longue durée.

Niveau de vie futur en berne

Les inquiétudes sur la situation économique en France et une politique budgétaire qui s’annonce plus restrictive s’affichent en revanche : le pessimisme des ménages quant au niveau de vie futur s’accentue, tandis que leur vision du passé se redresse légèrement, mais les deux restent inférieurs aux moyennes. Les craintes liées au chômage rebondissent, également (+ 4 points). Elles demeurent élevées par rapport à leur niveau de longue période, alimentées par les annonces de plans sociaux et des intentions d’embauche des entreprises revues à la baisse. Autant de facteurs qui risquent de limiter la reprise de la consommation des ménages, et donc pénaliser la croissance.

Par rapport aux prix, si la perception d’une forte inflation au cours de l’année écoulée diminue, passant sous sa moyenne historique pour la première fois depuis juin 2021, les anticipations des ménages sur une accélération future des prix s’intensifient, se rapprochant de leur moyenne de long terme, note l’institut de statistique. L’inflation est restée faible en avril à 0, 8% sur un an, tout comme en mars, selon son estimation provisoire.

A.B et B.L