Sauvegarder l'article
Identifiez vous, pour sauvegarder ce article et le consulter plus tard !

Dans le rouge, les associations tirent la sonnette d'alarme

Essorées par une hausse des charges, des coupes dans les subventions et à des bénéficiaires de plus en plus nombreux, les associations préviennent avoir atteint leurs limites et alertent...

Une distribution d'aide alimentaire par le Secours Populaire à Strasbourg. © Frederick FLORIN
Une distribution d'aide alimentaire par le Secours Populaire à Strasbourg. © Frederick FLORIN

"La situation est épouvantable" : essorées par une hausse des charges, des coupes dans les subventions et à des bénéficiaires de plus en plus nombreux, les associations préviennent avoir atteint leurs limites et alertent sur la "bombe sociale" à venir. 

Aide à l’insertion, accès à la culture et au sport, accompagnement des femmes victimes de violences... "Ce qui nous touche aujourd’hui touche toutes les associations de France", estime Mimouna Hadjam, l’une des fondatrices de l’association Africa 93, créée dans le sillage de la Marche pour l’égalité et contre le racisme de 1983. 

Implantée dans la cité des 4 000 de La Courneuve (Seine Saint-Denis), l'association antiraciste et féministe propose des ateliers sur la santé sexuelle, du soutien scolaire, une aide pour les démarches administratives, accueille et écoute public précaire et femmes victimes de violences conjugales.

Ces ateliers, qui bénéficient à "un millier de personnes" chaque année, "sont de véritables missions de service public", souligne-t-elle. Or ces missions sont aujourd'hui menacées avec une baisse de 70% des subventions depuis la crise du Covid-19 et un budget réduit à 10 000 euros en 2025. 

"On avait quatre salariés, on n'en a plus un seul", indique Mimouna Hadjam, qui déplore la baisse drastique du nombre de contrats aidés qui permettaient aux associations d'embaucher même sans disposer de beaucoup de moyens. 

Baisse du buudget des collectivités

Le cas d'Africa 93 est loin d'être une exception. En convalescence depuis la période du Covid, les quelque 1,5 million d'associations en activité doivent désormais composer leur partition avec la diminution des budgets des collectivités locales dans un contexte économique contraint. 

En l'absence de marge de manoeuvre financière, ces dernières ont répercuté ces baisses en coupant drastiquement dans les subventions qu'elles accordaient jusqu'à présent aux associations.

En décembre dernier, dans le Val-de-Marne, le Secours Populaire, le Secours Catholique ou encore les Restos du Coeur ont ainsi eu la mauvaise surprise de voir leurs subventions baisser drastiquement, jusqu'à 77% pour certaines.  

A ce tableau est venue se greffer l'extension de la prime Ségur, une mesure très attendue permettant de revaloriser les bas salaires... mais sans compensation financière de l'État, faisant plonger dans le rouge les comptes de nombreuses associations.

Résultat, près d'un tiers (32%) des associations envisagent de réduire leur masse salariale à cause de difficultés financières liées aux baisses de subventions, selon une enquête du Mouvement associatif, qui représente plus de la moitié des associations en France. Un tiers d'entre elles ont une trésorerie inférieure à trois mois. 

"Facture sociale"

"On est dans une situation financière épouvantable", résume la présidente du Mouvement Claire Thoury. "C'est vertigineux : on nous appelle tous les jours pour nous annoncer un plan social en cours, un gel des recrutements, une réduction d'activités ou des difficultés de trésorerie".

"On a eu une crise sanitaire, puis une crise inflationniste et maintenant une crise budgétaire : ça commence à faire beaucoup. Et on nous dit 'il faut que vous continuiez à agir, votre travail est indispensable'. C'est totalement absurde", ajoute-t-elle. 

Même son de cloche à la Fédération nationale des centres d'information sur les droits des femmes et des familles (FNCIDFF), qui organise cette semaine des actions pour alerter sur sa situation financière "dramatique".

Qui dit budget en baisse, dit également plus de personnes vulnérables laissées au bord du chemin, martèlent les associations de lutte contre la précarité et l'exclusion qui évoquent "une bombe sociale" à venir. Même mise en garde du côté du secteur de l'économie sociale et solidaire. "Il va y avoir une facture sociale si le tissu associatif n'est plus soutenu", estime Elsa da Costa, directrice générale Ashoka France, un réseau d'entrepreneurs sociaux. "Quand vous venez soutenir des publics en grande précarité énergétique par exemple, en avançant les frais des travaux, c'est autant de dépenses sur la sécurité sociale en moins parce que les personnes concernées seront moins malades". "Notre problème c'est qu'il y a beaucoup d'immatériel dans ce que l'on fait et qu'on n'a pas encore trouvé de formule mathématique pour montrer à quel point notre rôle est essentiel", ajoute-t-elle.

Interpellée sur la situation au Sénat mercredi, la ministre chargée de la Vie associative Marie Barsacq a assuré être "pleinement mobilisée sur cet enjeu crucial". "Sur l'année 2025, nous avons préservé les moyens à hauteur de 2024 sur un certain nombre de sujets importants", a-t-elle souligné, citant notamment le maintien des subventions aux associations de la jeunesse et de l'éducation populaire. 

62UX862