Aluminium Dunkerque investit 13 millions d’euros pour fabriquer de l’aluminium recyclé
Le premier producteur d’aluminium primaire de France a inauguré un nouveau four de fonderie qui doit lui permettre d’augmenter sa production de 8% et d’intégrer de l’aluminium recyclé dans son process. Un premier pas dans le vaste plan de décarbonation dans lequel s’est engagé l’industriel.

13 millions d’euros. C’est le montant consenti par Aluminium Dunkerque pour installer un nouveau four de fonderie sur son site de production, situé à cheval sur les communes de Gravelines et de Loon-Plage. Ce four permettra une augmentation de la production de 8% alors que le marché de l’aluminium est en bonne santé, porté par la transition énergétique. «L’aluminium est très utilisé dans les véhicules électriques car il faut les alléger au maximum. On s'en sert également pour fabriquer les carters de batteries», commente Hélène Debou, responsable du projet recyclage.
Produire plus sans émettre plus
Mais la véritable révolution de ce four, c’est qu’il pourra produire 20 000 tonnes d’aluminium recyclé par an grâce à l’utilisation de 7 000 tonnes d’aluminium usagé. Celui-ci sera issu de rebuts d’aluminium collecté sur le site et partout en France. Le gisement est énorme, puisque chaque année 500 000 tonnes d’aluminium usagé sont exportées alors qu’elles pourraient être valorisées localement. Ainsi, l’usine va pouvoir augmenter sa production sans augmenter ses émissions de CO2. «Parce que l’aluminium recyclé génère huit fois moins de CO2 à la tonne et qu’il faut 20 fois moins d’électricité pour le produire par rapport à l’aluminium primaire», précise-t-elle. C’est d’autant plus important que l’aluminium produit chez Aluminium Dunkerque est déjà vertueux puisqu’il émet environ 4,4 tonnes de CO2 par tonne d’aluminium, quand la moyenne mondiale est à 16 tonnes. «Nous sommes une industrie électro-intensive, or, en France, notre électricité est décarbonée. C’est ce qui explique cette différence avec nos concurrents, notamment asiatiques dont l’électricité provient en majorité de centrales à charbon», ajoute Hélène Debou.
L’investissement dans ce four constitue le premier pas de l’industriel dans un programme beaucoup plus large de décarbonation qui doit le conduire à une réduction des émissions de 30% en 2030 et de 70% en 2050. Au sein d’un consortium qui regroupe quatre industriels, Aluminium Dunkerque travaille sur un immense projet de captage du CO2, avec «l’objectif final d’en capturer 60%, soit 250 000 tonnes par an. C’est un sujet très complexe. C’est bien pour cela que nous sommes quatre industries à travailler ensemble. Car capter le CO2 de l’air, c’est un procédé très énergivore. Nous réfléchissons donc à la possibilité de récupérer de la chaleur fatale pour faire baisser le coût énergétique. Derrière, il faut aussi savoir où le stocker. On pense évidemment aux fosses de gaz ou pétrole en mer du Nord. Encore faut-il savoir comment y acheminer le CO2», détaille Nicolas Andrieux, responsable du projet. Aussi difficile soit-il à mettre en place, ce projet est prévu se concrétiser à l’horizon 2030/2031.