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Décarbonation : la vallée de Seine à la croisée des chemins

Réunis au Havre, les acteurs économiques et politiques de la vallée de la Seine ont fait un point d’étape de la décarbonation engagée dans la zone portuaire. Si la dynamique est fortement engagée, des étapes majeures restent à franchir.

Lors de plusieurs tables rondes, les acteurs du territoire havrais ont démontré la qualité de la dynamique engagée en matière de décarbonation. © Aletheia Press / B.Delabre
Lors de plusieurs tables rondes, les acteurs du territoire havrais ont démontré la qualité de la dynamique engagée en matière de décarbonation. © Aletheia Press / B.Delabre

Décarboner la vallée de la Seine… les mots résonnent depuis quelques années maintenant, mais se traduisent aussi peu à peu par du concret. C’est pour faire un point de situation et mesurer les étapes qui restent à franchir qu’une centaine d’acteurs et décideurs du territoire se sont réunis au Havre fin juin, dans le cadre d'un nouveau Sommet de l’Axe Seine, organisé par Le Journal du Grand Paris.

Il en ressort d’abord une forme de consensus : c’est la bonne voie à suivre. "La décarbonation de l’industrie sera choisie ou contrainte", a résumé Frédéric Petit, directeur business development chez Siemens Gamesa. "De notre côté, nous pensons qu'il nous faut conserver au maximum une action choisie". 

Un verdissement global du territoire

"Entre 2012 et 2022, les émissions de CO2 de la zone industrialo-portuaire du Havre ont diminué de moitié, passant de 13 Mt à 6,5 Mt par an", s’est d’abord félicité Jean-Baptiste Gastinne, premier adjoint au maire du Havre. Avant de tempérer : "Les deux tiers de cette baisse sont dus à des fermetures de sites ; et notamment de la centrale à charbon et de la cimenterie Lafarge". La route semble donc encore longue. Et comme l’a rappelé Serge Castel, délégué interministériel au développement de la vallée de la Seine : "Plus on tarde et plus le temps est court". 

Néanmoins, un tiers de la réduction provient des efforts conduits par les entreprises du territoire. Et, ces activités fortement émettrices ont laissé la place à des filières plus vertes, dont la plus emblématique est l’usine d’éoliennes offshore de Siemens-Gamesa. D’autres s’implantent comme sur la zone A29 Ouest avec Livista Energy, Air Products et Qair. "Il est vrai que l’on cible davantage des entreprises vertes", témoigne Maud Revault, directrice de l’agence Le Havre Seine Développement. "Mais il ne faut pas oublier que ces entreprises, pour être pérennes, ont aussi besoin d’un tissu de TPE-PME qui peuvent elles-mêmes être décarbonées ou peuvent aider les grandes entreprises à le faire". 

Dimensionner les infrastructures

Derrière ce fourmillement local, qui fait feu de tout bois (récupération de la chaleur fatale, captation du carbone, production d'hydrogène…), des éléments structurants doivent aussi se mettre en place. "Il n’y aura pas de décarbonation si on n’a pas assez d’électricité", a ainsi rappelé Benoît Rochet, directeur de Haropa Ports, rappelant que ce sujet est au cœur de son prochain projet stratégique.

Et la demande croît à grande vitesse. "On a pensé un moment que l'on pouvait arbitrer, mais on n’en est plus là", admet Aymeric Cotrel, directeur des affaires publiques chez RTE. "Désormais, Le Havre figure dans les trois zones prioritaires du schéma d’investissement de RTE au national. Un gros renforcement des capacités est en vue, avec notamment une ligne structurante entre Rougemontiers et Port-Jérôme". La mise en service de ce renforcement est prévue pour fin 2029 et doit, selon RTE, couvrir "tous les besoins connus à l’heure actuelle, existants ou à venir, sur la poche du Havre".

Du côté de Natran, la démarche est similaire, avec en sus, la contrainte nouvelle d'intégrer de nouveaux flux comme les SAF destinés à décarboner peu à peu le transport aérien ou le dioxyde de Carbone notamment dans le cadre du projet Socrate. "Nous sommes dans la première phase du projet, qui est une phase d’études, explique Bruno Petat, directeur général de Socrate Axe Seine. La deuxième phase débutera en 2026 et nous conduira vers les avant-projets. Tout ce qui est récupération de chaleur, on sait que nous irons au bout. Pour le captage de CO2, il y a encore des questionnements sur la technologie".

Une vraie dynamique et des synergies

L’œuf ou la poule… En tout cas, la dynamique enclenchée au Havre est bien réelle. "Des projets comme le programme Socrate favorisent les synergies industrielles", témoigne Louis Latournerie, business developer chez Qair, en cours d'implantation sur le port.

Les collectivités suivent le mouvement, comme en témoigne l’engagement de la Région dans le projet d’Hydrogen Valley. Et la Banque des Territoires aussi. "Nous avons l’envie de décupler notre action sur le territoire de l’axe Seine", assure Céline Senmartin, directrice régionale de l’établissement. Sur les énergies renouvelables, on soutient presque tous les projets. Mais nous pouvons aussi accompagner les projets de récupération de chaleur ou de captage de CO2, etc. Nous avons désormais dans nos équipes des experts de ces questions et nous saurons partager les risques avec vous".