Renouvellement urbain
Loos : depuis le foudroyage de la Tour Kennedy, le chantier s'accélère
Tour d‘horizon sur les prochaines avancées de ce projet de 170 millions d’euros, avec la maire, l’aménageur SPL Euralille, le bailleur Partenord Habitat et la Métropole Européenne de Lille (MEL) rencontrés à la Maison du projet, et ce dans un contexte de crise du bâtiment et d’élections municipales.

La destruction de la Tour Kennedy à Loos le 20 juillet 2025 largement médiatisée, marque un nouvel élan pour 2025-2026. Suite à sa disparition, des connexions nord-sud et est-ouest seront créées dans le quartier avec le reste de la ville, contribuant à désenclaver le quartier. C’est aussi le début de la construction de la Cité des enfants et des parents, la réhabilitation des tours Saint-Exupéry et Musset, la destruction des tours Roosevelt, Bretagne et d'un ensemble commercial, l’aménagement des espaces verts, la résidentialisation de 900 logements (amélioration de leur accessibilité, des stationnements, installation de vidéoprotection…), la construction du quartier de logements passifs Salengro (3F Notre Logis), du Square des familles et d’une clairière boisée. Des appels d’offres sont à venir pour l’aménagement du nord du Mail paysager.

Nouvelle attractivité
A terme, 424 logements auront été détruits, 188 logements sociaux réhabilités, 380 logements intermédiaires neufs plus grands que les précédents seront construits ainsi que cinq nouveaux établissements publics : la Cité des enfants et des parents (livraison en 2027), un terrain multisports, une halle de marché, une cuisine centrale (inaugurée le 3/10/25) et une maison des initiatives. La maire Anne Voituriez, dont les équipes se sont mobilisées sur le dossier dès 2014, ne cache pas son enthousiasme : «On vit les difficultés au jour le jour. Mais demain, ce quartier sera à nouveau connecté au reste de la métropole, avec une plus forte mixité sociale en passant de 85 à 56% de logements sociaux et des espaces verts attractifs.»
Objectifs écologiques
Au-delà d’une transformation du quartier, il y a la volonté de porter des ambitions environnementales comme l’explique Raphaëlle Robiquet, directrice de la SPL Euralille, aménageur désigné en 2022, en charge d’orchestrer la transformation opérationnelle et de mener toutes les études techniques nécessaires, à l’appui d’un plan guide défini par l’UAPS et Base paysages : «Nous souhaitons obtenir le label d’éco-quartier, construire des logements intermédiaires passifs pour diminuer la consommation de chauffage, créer des espaces publics paysagers de qualité, correspondants aux besoins des habitants». Le quartier pourrait être également connecté au réseau de chaleur urbain de la MEL.
Relogements réussis
Partenord est le principal bailleur social avec plus de 1000 logements, soit 85% du parc des Oliveaux, aux côtés d’autres bailleurs comme Vilogia et Tisserin Habitat. Pour lui, cette opération de 32 millions d’euros couvre tous les aspects du chantier : déconstruction, résidentialisation, réhabilitation et relogement. Sur ce dernier point, comme l’explique Marc Alessio, directeur territorial de Partenord sur la MEL :
«nous avons réussi à ce que tous les habitants concernés par les travaux soient relogés, dont 50% à Loos, le reste sur la MEL, sans résiliation de bail, ni de procédure contentieuse. Une gageure quand on sait la crise du logement sur la métropole».
Un point confirmé par la MEL qui veille au financement, au calendrier et au relogement : «nous faisons régulièrement des enquêtes post-relogements pour avoir un retour d’expérience des habitants. Et plus largement, nous nous inspirons des bonnes pratiques des autres projets de renouvellement urbain, pour accompagner celui des Oliveaux».
Mais la crise du bâtiment interpelle les acteurs du projets. De par l’incertitude sur la politique du logement à venir et la fin de dispositifs fiscaux comme le Pinel, les constructeurs pourraient être frileux à s’engager dans la construction de logements neufs aux Oliveaux. Mais Anne Voituriez reste optimiste :
«le calendrier de la construction de logements ne doit pas être retardé, il y a de la demande. Messieurs les constructeurs, allez-y !»
En cas de changement d’équipe municipale, le projet pourrait-il être bousculé ? «Le renouvellement du quartier fait partie d'un programme national, contractualisé avec l'ANRU (voir encadré). Cependant, nous ne pouvons pas savoir quelles seront les envies d'une éventuelle nouvelle équipe mais comme il y a un contrat, ce sera compliqué» répond la mairie. Prochain point d’étape : le 9 octobre prochain lors d’un conseil municipal dédié aux Oliveaux.
Un tiers des habitants de Loos bénéficiaires de ce renouveau urbain
Avec ses 7 000 habitants, 1 660 logements (avant renouvellement urbain), 27,5 hectares et 42 immeubles, le quartier des Oliveaux représente un tiers des habitants de la ville de Loos. Construit dans les années 60, ce «grand ensemble» avec ses barres et ses tours, a été conçu autour de la Tour Kennedy, plus haute tour d’habitation au nord de Paris et véritable totem du secteur. On y trouve des commerces, des aires de sport, des écoles et divers services.
Mais avec le temps, sont arrivés l'absence de mixité sociale, la fermeture des commerces, un taux de chômage supérieur à la moyenne, et donc, un quartier replié sur lui-même. D’où l’accompagnement par l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (ANRU), en 2014, dans le cadre du Nouveau programme national de renouvellement urbain (NPNRU). 170 millions d’euros ont ainsi été budgétés en 2017 sur les Oliveaux – dont 20 millions d’euros par la MEL – pour reloger les habitants, déconstruire, reconstruire, réhabiliter les logements, aménager de nouveaux espaces verts et créer des connexions routières (en lien avec la future LINO Liaison intercommunale nord-ouest) d’ici 2029.