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Des lycéens sans réseau plongent dans le monde professionnel

En créant un pont concret entre école et monde professionnel, le programme Stage Up révèle des vocations, redonne confiance aux jeunes sans réseau, et démontre qu’un simple stage peut changer une trajectoire.

Chez McCain, l’équipe mobilisée autour de Julie Sobocinski, DRH France, a partagé son parcours avec les lycéens. © Aletheia Press / L. Péron
Chez McCain, l’équipe mobilisée autour de Julie Sobocinski, DRH France, a partagé son parcours avec les lycéens. © Aletheia Press / L. Péron

«Grâce au stage que j’ai réalisé du 16 au 27 juin, je sais désormais vers quelles filières je veux m’orienter. Pour moi, ce sera le droit ou la médecine», confie Lina, lycéenne issue d’un quartier prioritaire de la métropole lilloise. Elle a participé au programme Stage Up, porté par l’association Toi Demain, qui permet à des jeunes sans réseau de découvrir le monde professionnel dans des structures d’envergure, comme Entreprises & Cités.

Une expérience marquante, selon son père : «Ces deux semaines l’ont transformée. Elle a compris que ce qui compte, ce ne sont pas uniquement les notes qu’elle obtient à l’école, mais les compétences qu’elle y développe. La semaine suivante, elle est allée s’acheter des manuels pour préparer Sciences Po. Elle croit en son avenir, et ça change tout».

Des stages sur mesure dans de grandes entreprises

Derrière ce stage un peu particulier, l’association Toi Demain. Sa spécificité : proposer aux jeunes des quartiers prioritaires de la ville (QPV) des stages «à la carte», dans des structures de belle taille, en y intégrant des modules de coaching, des rencontres avec des professionnels, et des ateliers de découverte des métiers.

L’entreprise familiale canadienne McCain, dont le siège français est à Villeneuve d’Ascq, a accueilli 16 stagiaires dans ce cadre. «Nous l’avons fait avec plaisir, explique Julie Sobocinski, directrice des ressources humaines. L’association nous a simplement demandé des locaux et des volontaires parmi nos salariés pour témoigner de leur parcours. C’est un format clés en main, qui ne mobilise pas beaucoup de ressources, mais qui a un vrai impact».

Confiance en soi, prise de parole, compréhension du monde de l’entreprise… Autant d’acquis que les jeunes emportent avec eux. Et pour l’entreprise, des bénéfices aussi : «Cela permet de faire connaître nos métiers, parfois méconnus, comme ceux de la maintenance, où nous avons des besoins. Si cela suscite des vocations, c’est positif pour tout le monde».

Une ministre convaincue par le dispositif

Cette année, ce sont 80 lycéens de la Métropole Européenne de Lille qui ont pu bénéficier de ce dispositif, financé à hauteur de 50 000 euros par la fondation AmBer. Une initiative saluée par la ministre de la Ville, Juliette Méadel, venue en personne à la rencontre des jeunes et des entreprises. «J’aime voir ce qui se fait sur le terrain, écouter les acteurs locaux, car c’est là que naissent souvent les meilleures idées», a-t-elle souligné.

Conquise par les retours positifs et le sérieux du programme, elle a annoncé une enveloppe supplémentaire de 100 000 euros, octroyée par l’Etat, pour permettre à d’autres jeunes de vivre la même expérience. Son objectif : faire en sorte que tous les jeunes, quel que soit leur quartier, aient les mêmes chances de découvrir le monde professionnel. «Ce programme n’a que des avantages. L’idée, c’est que tout le monde soit logé à la même enseigne», poursuit la ministre.

À l’heure où l’orientation reste un défi pour de nombreux jeunes, en particulier ceux qui grandissent sans réseau, le lien entre l’école et l’entreprise apparaît plus que jamais essentiel. En offrant un cadre structurant, des rencontres inspirantes et des perspectives concrètes, des programmes comme Stage Up prouvent qu’un stage bien accompagné peut faire plus qu’éclairer un projet : il peut redonner confiance, ouvrir le champ des possibles, et faire naître des ambitions nouvelles.