Des ports plus forts, porteurs de croissance économique
L'Union nationale des industries de la manutention portuaire (UNIM) a tenu son assemblée générale le 3 juillet dernier au Havre, en présence du ministre des Transports Philippe Tabarot.

"La réindustrialisation de la France ne se fera pas sans développement portuaire." Le maire du Havre Edouard Philippe a repris l'un de ses mantras de Premier ministre à l'occasion de l'assemblée générale de l'Union nationale des industries de la manutention portuaire. Celle-ci s'est réunie le 3 juillet à la mairie du Havre, et a accueilli Philippe Tabarot, ministre des Transports.
"La manutention portuaire est un atout majeur pour la France et un secteur stratégique", a défendu Louis Jonquière, président de l'Unim, devant le ministre. Les chiffres l’attestent : 10 000 emplois, 350 millions de tonnes de marchandises, 800 millions d'euros de chiffre d'affaires (2020) et 2 milliards d'investissement à venir…
Le marché pèse lourd mais se trouve aussi soumis à quelques turbulences. L'instabilité politique, en France comme à l'international, en est une. "Crise sanitaire, conflits armés, barrières douanières… Chaque soubresaut a des conséquences directes sur notre activité", alarme le président du syndicat, qui appelle à instaurer (pour ne pas dire imposer) une filière d'approvisionnement logistique qui priorise les ports français.
Favoriser l'investissement et la libération du foncier
Car pour lui, ces derniers perdent en compétitivité face à leurs voisins européens. Louis Jonquière pointe notamment les conflits sociaux qui ont pesé sur l'activité en 2024 et début 2025, en rebond à la réforme des retraites. "La paix sociale passe par la capacité à maintenir le dialogue et à trouver des solutions pertinentes et durables", a simplement commenté Edouard Philippe, rejoint par Philippe Tabarot qui a connu les mouvements sociaux du début d'année.
Pour Edouard Philippe, l'enjeu de la compétitivité est ailleurs : dans la capacité à investir notamment. À ce titre Philippe Tabarot s'est félicité de la dynamique actuelle au port du Havre, qui associe investissements d'opérateurs privés (comme Till ou Seafrigo pour ne citer qu'eux) et publics, comme bien sûr l'emblématique creusement de la chatière de Port 2000 portée par Haropa Ports. Edouard Philippe a aussi rappelé que cette capacité à investir passe par une gestion plus agile du foncier mobilisable. "La politique foncière se confronte parfois à d'autres politiques publiques, ce qui nous conduit à une certaine schizophrénie. Nous pourrions être plus rapides et plus efficaces", a-t-il soufflé au ministre.
Nouveau départ pour la LNPN ?
La compétitivité des ports passe aussi par leur capacité à se décarboner. En cela, l'Unim attend un soutien de l'Etat pour accélérer la démarche, avec notamment "une fiscalité incitative pour l'électrification de quais", ainsi qu' "une aide aux investissements de décarbonation" et "une politique ambitieuse de report modal". À ce titre, la Ligne Nouvelle Paris Normandie (NLPN) est attendue avec grande impatience par les acteurs de la place havraise. Si elle est, a priori, destinée aux transports des voyageurs, elle devrait permettre aussi d'ouvrir des tronçons au fret sur le réseau existant.
"La Ligne Nouvelle Paris Normandie est un projet d'intérêt national. Je ne la soutiens pas à 100 % mais à 200 % ! Elle doit se faire et va se faire" a affirmé sans ambiguïté Philippe Tabarot. Les discussions semblent en tout cas avoir repris avec les élus franciliens, et notamment avec la présidente de Région Valérie Pécresse…
Fluidité et narcotrafics
Enfin, et c'est là un sujet devenu majeur dans la politique portuaire, il faut désormais conjuguer davantage compétitivité et sûreté. Les ports ont donc été placés en première ligne de la lutte contre les narcotrafics. "La France est, en effet, confrontée à une vague puissante de produits stupéfiants" a déclaré Edouard Philippe. "C'est pour nous une priorité. Nous ne pouvons pas laisser des cartels s'installer en France, a appuyé Philippe Tabarot. Et il est important que l'ensemble des acteurs se mobilisent face à cela." Avant de préciser : "Nous ne vous laisserons pas seuls face à cette responsabilité. Et conserver un équilibre entre fluidité des passages et sûreté reste pour nous une priorité".
Contournement Est : une décision avant la fin de l'année
Le projet semble vieux comme le rattachement de la Normandie au royaume de France… Validé par le gouvernement Castex, le contournement Est de la métropole rouennaise est à nouveau sur le bureau d'un ministre des Transports. Mais peut être plus pour longtemps. Devant la presse le 3 juillet, Philippe Tabarot a ainsi questionné la légitimité de ce projet, au regard du dissensus actuellement constaté auprès des élus locaux. Un point qui serait rédhibitoire pour l'Etat. "Il y a énormément de projets d'infrastructures en France et nous ne pouvons pas tout financer", a rappelé le ministre. Il a en tout cas affirmé que le sujet serait définitivement tranché avant la fin de l'année.