Du Havre à Paris : fonder une stratégie touristique autour de la Seine
Porteuse d'une image forte dans le monde entier, la marque "Seine" reste sous exploitée sur le plan touristique. L'entente de l'axe Seine souhaite construire une nouvelle stratégie à l'échelle du fleuve, de l'estuaire à Paris.

Faire de la Seine un pôle d'attractivité touristique et culturel… Voilà l'une des étapes que souhaite franchir l'Entente de l'axe Seine, qui réunit les collectivités territoriales du Havre jusqu'à Paris, et qui a présenté son projet à Rouen le 11 juin. Celui-ci repose sur la structuration de l'offre touristique à l'échelle de tout l'axe Seine, de Paris au Havre, dans une dynamique collective.
"On constate un développement touristique très prometteur tout le long de la vallée de Seine, se réjouit Nicolas Mayer-Rossignol, maire de Rouen. Mais le potentiel du territoire est réellement au-dessus de ce que l'on fait aujourd'hui." Édouard Philippe, maire du Havre, renchérit : "L'étape suivante c'est de présenter une offre touristique à l'échelle de la Seine, et non plus à l'échelle de chaque territoire. Pour proposer quelque chose de plus riche, plus vaste et plus surprenant."
La Seine un patrimoine naturel créatif
L'Entente a donc confié à Rouen Tourisme la mission d'affiner, d'animer et de déployer une offre cohérente et attractive, et ce au-delà de son seul territoire habituel. Le positionnement marketing est déjà défini, et s'appuie sur les résultats d'une étude conduite par la Kedge Arts School. "La Seine, c'est une marque mondiale de premier plan, avec un imaginaire très riche" défend Anne Gombault, directrice de l'école. "Nous voulons passer de l'artifice à la réalité et faire en sorte, que cet imaginaire devienne une expérience réelle", résume Delphine Crocq, directrice de Rouen Tourisme.
Cette ambition l'Entente compte l'atteindre avec une offre basée sur le tourisme créatif. Anne Gombault : "Le tourisme créatif essaie de lutter contre les vices du tourisme culturel, par trop élitiste, et amène les gens à se transformer en voyageant. C'est aussi un tourisme durable, responsable et inclusif. Et il propose une expérience hybridée avec d'autres industries." Le "patrimoine naturel créatif" que représente le fleuve va ainsi entrer en dialogue avec six patrimoines majeurs du territoire que sont les arts, l'histoire, la littérature, la gastronomie, l'industrie et les sports et loisirs.
Un plan d'action à déployer dès octobre 2026

Ces grands concepts, il va falloir désormais leur donner vie, et les transformer en une offre concrète. Pour se faire Rouen Tourisme veut s'appuyer sur l'existant dans chaque territoire traversé par le fleuve. "Il ne s'agit pas de se superposer, mais de révéler des potentiels et bien sûr d'en construire d'autres" relève Delphine Crocq. Avec un "marketing de l'offre offensif", la directrice de Rouen Tourisme veut aussi bâtir une communication commune forte avec une mise en récit en images partagée. "Aujourd'hui chaque territoire a sa stratégie, qui fonctionne. Il s'agit maintenant de former un tout et de trouver une cohérence d'ensemble."
La montée en puissance, tout comme le budget, sera progressive. Une petite équipe dédiée est déjà en cours de constitution à Rouen et s'étoffera au fil du temps en fonction des besoins et des ressources. L'action sera financée par les collectivités locales, mais aussi pourquoi pas par des acteurs privés. "On peut aussi étudier des pistes de taxation", ajoute Delphine Crocq.
L'action devrait être lancée officiellement en octobre, avec d'abord la réalisation d'une stratégie détaillée, qui devra ensuite être validée par les élus du territoire après l'échéance des élections municipales de 2026. La mise en œuvre s'étalerait ainsi d'octobre 2026 à décembre 2029.
Pour Aletheia Press, Benoit Delabre