L'Écotrain sur les rails pour relancer les lignes rurales

Dans son atelier de Bersée, Stratiforme Industries développe le projet Écotrain. Un train-navette électrique, à terme autonome, qui se veut être une alternative aux lignes ferroviaires rurales peu exploitées ou inutilisées. Reportage au coeur de cette PME ambitieuse et prometteuse qui travaille main dans la main avec l’IMT Nord Europe dans le cadre de ce vaste projet.


L'Écotrain dans l'atelier de Stratiforme Industries à Bersée. © Marie Boullenger
L'Écotrain dans l'atelier de Stratiforme Industries à Bersée. © Marie Boullenger

Des quais déserts, des wagons vides... Les petites lignes ferroviaires reliant les zones rurales sont en perte de vitesse. Pourtant, il existe un vrai besoin de la part des passagers. Le projet Écotrain, né il y a trois ans, a pour objectif de redonner vie à ces voies désertées, peu fréquentées ou peu utilisées. «Notre objectif est de redynamiser les zones rurales et de les reconnecter au monde urbain. Il y a une attente forte de la population sur le transport régional», témoigne Guy Leblon, directeur de Stratiforme Industries. Implantée dans la commune de Bersée dans le Nord, cette PME - en collaboration avec l'École nationale supérieure Mines-Télécom Lille-Douail (IMT Nord Europe) -, assure la conception, le dimensionnement et le choix des matériaux.

«On assure toute la chaîne de valeur, de notre propre outillage des pièces à la fabrication. Toutes les étapes sont faites ici de la modélisation 3D à la mise en œuvre industrielle», précise Martin Perard, responsable commercial, ex chef de projet. Stratiforme Industries est chargée de la partie haute du train. Ce produit léger, éco-conçu a fait l'objet d'une réflexion plus verte. «Nous produisons tout en composite. Le but est d’intégrer la fibre de lin naturelle (le lin provenant de Normandie). Celle-ci se veut résistante». Elle remplace notamment la fibre de verre et la fibre de carbone.

Innovations de rupture

L’Écotrain fera l’objet d’un pilotage assisté pour commencer. Mais à terme, l’objectif est de s’affranchir d’un conducteur. «LÉcotrain s’est inspiré de systèmes intelligents avec capteurs du monde routier pour adapter au ferroviaire». Les équipes de l’IMT Nord Europe et de Stratiforme ont travaillé sur deux innovations de rupture, à savoir la cabine 100% composite (en matériau léger biosourcé), unique en Europe, et l’assistance à la conduite (IA, reconnaissance d’objet). 

© Marie Boullenger

L’IMT accompagne cette PME innovante depuis 30 ans. Sur ce projet, près de vingt personnes ont travaillé, parmi lesquelles des chercheurs, ingénieurs et techniciens. «On a créé un simulateur ferroviaire permettant d’analyser les obstacles sur la voie, par exemple. Les Hauts-de-France, première région ferroviaire de France, doivent s’approprier ces nouvelles technologies pour conserver sa position de leader», explique t-on du côté de l'IMT Nord Europe.

Transport de micro-fret à l'avenir ?

L’Écotrain, de 12 mètres de long, comprendra 32 places assises ainsi qu’une dizaine de places debout. Deux grosses batteries équivalentes à celles d'un véhicule Tesla alimentent le train. Outre le transport de passagers, ce train électrique pourrait servir également au transport de micro fret. «Un projet en réflexion», assure t-on chez Stratiforme.

Premiers essais à Tours

Si pour l’heure les lignes d’utilisation ne sont pas définitives, ce que l’on sait c’est que les premiers essais s’effectueront du côté de Tours. Cette problématique concerne l'ensemble des régions de France, soit des milliers de lignes rurales. Les Communautés d'agglomération ainsi que les régions sont donc les cibles premières de Stratiforme Industries.

© Marie Boullenger

Virage vers le secteur de la Défense

Fort de 60 ans d’existence, Stratiforme Industries, qui emploie 120 personnes, produit plus de 300 avant-trains par an. Reconnu dans le monde ferroviaire, l'entreprise nordiste a pris le virage de la défense il y a dix ans maintenant. «Nous sommes connus auprès d’acteurs internationaux du ferroviaire, et aujourd’hui dans la Défense auprès, exclusivement, d’acteurs français».