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Emmanuel Macron en Chine sur fond de lourds contentieux

Le chef de l'État est accompagné de six ministres et 35 patrons de grands groupes ou d'entreprises plus familiales, sur fond de désaccords croissants avec Pékin, de l'Ukraine aux déséquilibres commerciaux majeurs en faveur du géant asiatique. 


Le président chinois Xi Jinping et Emmanuel Macron à Pékin le 4 décembre 2025. © Sarah Meyssonnier
Le président chinois Xi Jinping et Emmanuel Macron à Pékin le 4 décembre 2025. © Sarah Meyssonnier

Emmanuel Macron a entamé mercredi sa quatrième visite d'État en Chine, sur fond de désaccords croissants avec Pékin, de l'Ukraine aux déséquilibres commerciaux majeurs. Le président français entrera dans le vif du sujet ce jeudi avec son homologue Xi Jinping au Grand Palais du Peuple. Emmanuel Macron, accompagné de son épouse Brigitte qui a descendu la passerelle à son bras et arborait un manteau et un sac rouges, a été accueilli par le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi.

Le chef de l'État est accompagné de six ministres (Affaires étrangères, Économie, Agriculture, Environnement, Enseignement supérieur, Culture) et 35 patrons de grands groupes (Airbus, EDF, Danone..) ou d'entreprises plus familiales, du luxe à l'agroalimentaire. "Nous voulons, et ce sera l'objet de la conversation stratégique avec le président Xi Jinping, que l'Europe soit respectée comme un grand partenaire de la Chine", a insisté l'Élysée avant la visite.

Sujet prioritaire : la guerre en Ukraine et par ricochet la sécurité du Vieux continent, alors que le président russe Vladimir Poutine a réitéré mardi ses conditions, notamment territoriales, pour tout accord de paix. Emmanuel Macron appelle une nouvelle fois Xi Jinping à peser sur la Russie, partenaire stratégique de la Chine, pour la convaincre d'accepter un cessez-le-feu. Si elle appelle régulièrement à des pourparlers de paix, la Chine n'a toutefois jamais condamné la Russie pour l'invasion de l'Ukraine et s'oppose aux sanctions à son encontre.

Elle continue à s'approvisionner chez elle en hydrocarbures alors que l'Union européenne a convenu mercredi d'interdire toutes les importations de gaz russe à l'automne 2027 afin de priver Moscou d'une manne qui finance sa guerre en Ukraine.

Lire aussi : Accord au sein de l'UE pour interdire le gaz russe à l'automne 2027

La Chine est aussi accusée par les Occidentaux de soutenir l'effort de guerre russe en lui livrant notamment des composants pour son industrie de défense.

Autre enjeu clé de la visite, le déficit commercial abyssal entre la France et la Chine, qui a doublé en dix ans pour atteindre 47 milliards d'euros en 2024, de même qu'entre l'UE et le géant asiatique.

Investir davantage en France

La Chine compense des surcapacités de production par une hausse de ses exportations, ce qui emporte un certain nombre de "risques géopolitiques, de la fermeture de marchés à la récession", a averti un conseiller du président Macron.

Dans ce contexte, Paris souhaite que les entreprises chinoises investissent plus en France et partagent les innovations qu'elles maîtrisent dans les mobilités durables, les batteries ou le photovoltaïque. La Chine, outre ses salaires beaucoup plus faibles, est accusée de concurrence déloyale en subventionnant massivement son industrie. 

La France se retrouve ainsi dans le viseur de Pékin, avec une série d'enquêtes visant ses exportations (cognac, produits laitiers, viande porcine etc..) et des surtaxes potentielles à la clé, pour avoir soutenu une hausse des droits de douane européens sur les voitures électriques en provenance de Chine. "Ces questions-là feront l'objet de discussions au plus haut niveau" durant la visite, promet la présidence française, jugeant ces enquêtes inacceptables. 

Droits humains

Le géant du e-commerce chinois Shein est par ailleurs dans le collimateur de la France - et de l'UE - après la vente de produits illégaux dont des poupées pédopornographiques. Paris réclame la suspension pour trois mois minimum du site en France.

Lire aussi : Produits chinois à bas prix : les petits colis taxés par l'UE

Emmanuel Macron abordera la question des droits humains en Chine, assure la présidence. L'organisation International Campaign for Tibet (ICT) l'exhorte à "demander la libération immédiate et inconditionnelle" de Zhang Yadi, une défenseuse des droits des Tibétains arrêtée en Chine en juillet.

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