En Corse, protection renforcée de "l'arche de Noé des agrumes du monde"
"L'arche de Noé des agrumes du monde", située à San Giuliano (Haute-Corse) et forte de plus de 1.000 variétés issues de 42 pays, bénéficie désormais d'une protection renforcée, pour faire face...
"L'arche de Noé des agrumes du monde", située à San Giuliano (Haute-Corse) et forte de plus de 1.000 variétés issues de 42 pays, bénéficie désormais d'une protection renforcée, pour faire face à l'augmentation des risques sanitaires et climatiques.
Citrons, mandarines, clémentines, oranges, cédrats: 1.064 espèces différentes sont réunies sur 13 hectares, constituant "l'une des plus belles collections de ressources génétiques d'agrumes au monde, l'une des cinq plus grosses en graines et la première au monde en verger", détaille à l'AFP Philippe Mauguin, président de l'Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement (INRAE).
Mais ces agrumes sont aujourd'hui l'objet de plusieurs menaces émergentes, comme le virus de la tristeza ou la maladie dite du dragon jaune, ou Huanglongbing, incurable et dévastatrice, notamment responsable de l'effondrement de la production d'oranges de Floride.
Ce fléau n'a pas encore atteint la Méditerranée "mais pour se prémunir de ce risque, on a investi dans une serre pour protéger des insectes ravageurs des centaines de variétés essentielles à la recherche, à l'innovation agronomique et à l'avenir de la filière agrumicole", explique le scientifique.
Financé aux deux-tiers par l'Etat et à un tiers par l'INRAE, cet équipement va ainsi héberger "de manière sécurisée" un exemplaire de chaque variété d'agrumes de la collection de ce centre, propriété conjointe de l'INRAE et du Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD).
"Grâce à cette diversité génétique, on va préparer les variétés de demain qui nécessiteront moins de consommation d'eau", souligne M. Mauguin.
Ainsi, les chercheurs du centre travaillent notamment avec les producteurs de clémentines corses pour trouver une variété de mandarine qui murirait après la saison, au printemps.
Ils élaborent "également des variétés de citrons tolérants à la maladie du dragon jaune qui touche nos producteurs d'agrumes aux Antilles".
"Cette collection, ce n'est pas un musée, c'est un outil stratégique pour s'adapter aux changements climatiques, pour diversifier les produits et acquérir une souveraineté scientifique", assure M. Mauguin.
Et pour Elisabeth Claverie de Saint Martin, PDG du Cirad, "ce travail de recherche a un rayonnement international et a vraiment vocation à être appliqué immédiatement avec les producteurs pour créer de meilleurs produits".
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