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Enterrement programmé du service national universel (SNU)

"Mise en extinction": l'exécutif semble en voie d'enterrer le service national universel (SNU), un projet cher à Emmanuel Macron qui a connu beaucoup de vicissitudes et pourrait être...

Des jeunes du Service National Universel (SNU) à la base aérienne 116 de Luxeuil-Saint Sauveur, le 24 juin 2019 en Haute-Saône © SEBASTIEN BOZON
Des jeunes du Service National Universel (SNU) à la base aérienne 116 de Luxeuil-Saint Sauveur, le 24 juin 2019 en Haute-Saône © SEBASTIEN BOZON

"Mise en extinction": l'exécutif semble en voie d'enterrer le service national universel (SNU), un projet cher à Emmanuel Macron qui a connu beaucoup de vicissitudes et pourrait être remplacé par un service militaire "volontaire".

Au détour d'un communiqué publié vendredi, le Premier ministre Sébastien Lecornu, resté ministre démissionnaire des Armées, a annoncé la suppression de plusieurs structures, dont la délégation générale en charge du SNU le 1er janvier prochain, du fait de la "mise en extinction" du dispositif et de la "création prochaine du service militaire volontaire".

Sauf que la suppression du SNU en soi, un dispositif promis par le candidat Emmanuel Macron en 2017, n'a jamais été officiellement annoncée.

Le président de la République avait annoncé en mars "une grande refonte" du SNU et dit en juillet qu'il voulait "donner à la jeunesse un nouveau cadre pour servir, selon d'autres modalités, au sein de nos armées", promettant des annonces "à l'automne". 

Un service militaire volontaire était alors envisagé, sans être acté. La France a suspendu la conscription en 1997.

Destiné aux jeunes âgés de 15 à 17 ans, le SNU comporte une "mission d'intérêt général" et un "séjour de cohésion" comprenant des activités sportives, culturelles et intellectuelles, avec des journées qui débutent par la "levée des couleurs" (drapeau et hymne national) et le port de l'uniforme. 

Parcours d'engagement

Depuis mars 2024, ce dispositif d'engagement citoyen est aussi intégré au temps scolaire, avec un stage de douze jours pour les élèves en classe de seconde, volontaires.

La promesse initiale du candidat d'En Marche était d'instaurer un "service national" obligatoire d'une durée d'un mois pour les jeunes âgés de 18 à 21 ans, encadré par les armées et la gendarmerie nationale.

Le SNU va désormais être transformé en "parcours d'engagement" piloté par la Direction de la jeunesse, de l'éducation populaire et de la vie associative (DJEPVA), qui dépend du ministère des Sports, a précisé à l'AFP Matignon, sans plus de détails. 

Lancé en 2019, avec des crédits depuis rabotés, le SNU n'a jamais trouvé son rythme de croisière.

"On a tous fait le constat que c'était extrêmement cher et à la fin on ne sait pas tellement à quoi ça a servi. Et ça ne répond pas aux besoins du ministère des Armées en termes opérationnels", résume une ministre.

La piste de sa généralisation pour la rentrée 2026, lancée par le Premier ministre Gabriel Attal (9 janvier - 5 septembre 2024) et qui s'était heurtée à de vives résistances, a été abandonnée. 

L'objectif était d'attirer 66.000 volontaires en 2025 (après 80.000 en 2024), mais seuls 35.700 jeunes s'étaient inscrits à l'automne 2024. Et les crédits alloués par le gouvernement étaient passés à l'époque de 130 à 80 millions d'euros. 

Depuis, la dissolution, l'absence de majorité à l'Assemblée nationale et les coups de rabots budgétaires semblent avoir sonné le glas de cette "ambition" promise par le chef de l'État.

- "Coût significatif" - 

La Cour des comptes avait dressé en outre, il y a un an, un bilan sévère du SNU, critiquant des objectifs "incertains", un coût "largement sous-estimé", et des "difficultés de déploiement".

Dans un document annexe au rapport de la juridiction, le ministère des Armées lui-même admettait "la nécessité de clarifier" les objectifs du SNU "et de créer les conditions d'un pilotage" qui soit "adapté à l'ambition gouvernementale retenue".

Mercredi, la commission des Affaires culturelles et de l'éducation de l'Assemblée nationale a examiné un rapport de deux députés de l'opposition (Idir Boumertit pour LFI et Maxime Michelet pour l'UDR) sur les "conditions d'accueil et d'encadrement" des séjours de cohésion du SNU, qui préconise la "suppression" du dispositif. 

"Cinq années après une mise en place pour le moins chaotique, où la communication ministérielle a primé sur le fond, force est de constater que le SNU (...) demeure un dispositif expérimental, en évolution constante, dont la généralisation reste un leurre", estiment les rapporteurs, qui pointent des objectifs "pas (...) atteints" et un "coût financier significatif".

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