Sauvegarder l'article
Identifiez vous, pour sauvegarder ce article et le consulter plus tard !

Entre guerres et droits de douane, une demande d'or inédite au troisième trimestre

Les achats d'or n'ont jamais été aussi élevés qu'au troisième trimestre, stimulés par les incertitudes géopolitiques et économiques mondiales, ainsi que la peur des investisseurs de rater l'essor...

Des lingots d'or dans un magasin d'Etat à Surabaya, en Indonésie, le 16 octobre 2025 © Juni KRISWANTO
Des lingots d'or dans un magasin d'Etat à Surabaya, en Indonésie, le 16 octobre 2025 © Juni KRISWANTO

Les achats d'or n'ont jamais été aussi élevés qu'au troisième trimestre, stimulés par les incertitudes géopolitiques et économiques mondiales, ainsi que la peur des investisseurs de rater l'essor des cours historiques du métal jaune.

La demande trimestrielle d'or entre juillet et septembre a atteint son niveau le plus élevé depuis au moins l'an 2000, date à laquelle le Conseil mondial de l'or (CMO), l'organisation de promotion et de régulation du marché aurifère, a commencé à enregistrer des données.

La hausse en volume s'élève à 3% par rapport à la même période l'an dernier, à 1.313 tonnes, indique le CMO dans son rapport trimestriel. Elle bondit même à 44% si on la calcule en valeur, avec des achats record de 146 milliards de dollars sur le trimestre.

Le métal jaune profite de son statut de valeur refuge face aux incertitudes des dernières années, entre les conflits en Ukraine et à Gaza et les tensions commerciales depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche.

Un peu nerveux

L'or s'est par ailleurs imposé comme un pilier de la diversification des portefeuilles pour les investisseurs, souligne Louise Street, analyste au CMO.

"Face à des valorisations boursières toujours plus élevées, qui commencent à les rendre un peu nerveux", le métal est désormais vu comme une couverture en cas de repli soudain des marchés, explique-t-elle.

La faiblesse du dollar a également favorisé la hausse de l’or, ces deux valeurs refuge se faisant concurrence, souligne le CMO.

Le billet vert a notamment souffert des doutes entourant l’indépendance de la Réserve fédérale. Donald Trump, qui réclame une baisse des taux directeurs, a exercé des pressions sur plusieurs membres de la banque centrale américaine, allant jusqu’à menacer de limoger son président, Jerome Powell.

Résultat: l'or n'a cessé de grimper ces derniers mois pour atteindre un record à 4.381,52 dollars l'once en octobre.

Sur le troisième trimestre, entre juillet et septembre, son cours a progressé de 16%, pour un prix moyen de 3.456,54 dollars l’once, un niveau inédit, selon le rapport.

Le CMO note que cette flambée a attiré dans son sillage des investisseurs motivés par la crainte de manquer l’occasion de profiter de nouveaux gains, un comportement connu sous l’acronyme FOMO ("fear of missing out", peur de rater quelque chose).

Cela s'est traduit par une hausse de 47% en glissement annuel des volumes d'achats de lingots, de pièces ou d'ETF, un produit boursier qui réplique les prix de l'or.

Bijoux au plus bas

Dans une moindre mesure, les banques centrales ont majoritairement continué accroître leurs achats d'or, avec une hausse de 10% par rapport à la même période il y a un an.

En revanche, la hausse des cours de l'or a été freinée par une demande de bijoux en retrait, qui n'a contribué qu'à hauteur de 419,2 tonnes à la demande mondiale entre juillet et septembre 2025, contre 546,5 tonnes l'an passé.

Cette catégorie "a atteint son niveau le plus bas pour un troisième trimestre depuis le creux de 2020, marqué par la pandémie de Covid", selon le rapport.

La demande de l'Inde et la Chine, principaux marchés de la bijouterie, a reculé respectivement de 31% et 18 % sur un an, même si cet affaiblissement des volumes n'empêche pas la hausse des montants dépensés.

Selon le CMO, la hausse globale de la demande se poursuivra. Mme Street considère que la récente baisse qui a fait suite au record du cours, constitue une "correction saine", qui a permis d'éliminer les spéculations de court terme, avant un retour à des investissements stratégiques à long terme.

82DT2NR