Face au changement climatique, la Côte-d’Or repense sa politique de l’eau
Élus et acteurs de l’eau se sont réunis le 1er décembre à Longvic pour une conférence dédiée à cette ressource fragile en Côte-d’Or. Qualité, quantité et prix ont été au centre des échanges face aux défis climatiques.
«La Côte d’Or constitue un territoire de contraste où la ressource en eau est particulièrement vulnérable» introduit Paul Mourier, préfet de Bourgogne-Franche-Comté, en ouverture de la conférence départementale sur l’eau qui s’est tenue à Longvic, le 1er décembre dernier. Situé à la source de trois grands bassins hydrographiques, doté de sols peu rétenteurs et traversé par 266 km de voies fluviales, le département présente des paysages variés qui compliquent la gestion de la ressource en eau.
Si le volume des précipitations change peu sur le territoire, il doit, comme ailleurs dans l’Hexagone, faire face à une hausse des températures. «On connaît une accélération depuis 1987 et nous enregistrons déjà deux degrés de plus en région quand la moyenne nationale est à 1,5. D’ici 2050, elles devraient augmenter jusqu’à 3,3 degrés de plus et jusqu’à 4,8 d’ici 2100» précise Yves Richard, professeur des universités. Cette hausse entraîne un phénomène plus marqué d’évaporation qui se traduit par 100 millilitres d’eau en plus absorbés par l’atmosphère, impactant l’humidité des sols mais aussi les débits des cours d’eau. «Notre territoire est déjà sous tension avec un déséquilibre quantitatif avéré puisque nous enregistrons un déficit huit années sur dix malgré nos efforts» souligne Florence Zito, présidente de la CLE (Commission Locale de l'Eau). La collectivité a donc mis en place un plan d’actions opérationnel pour la période 2025 – 2035.
Réagir et agir
Pour répondre à cette perte constatée d’eau, Jacques De Loisy, président de la chambre d’agriculture de Côte-d’Or, prône l’installation de retenues. «Chaque village devrait disposer d’un plan d’eau ou d’un étang alimenté par des eaux de surface. Cette eau servirait à l’irrigation, l’abreuvement, mais jouerait aussi le rôle d’îlot de fraîcheur et permettrait au service d’incendie et de secours de s’alimenter sans utiliser l’eau potable.» La quantité d’eau n’est pas la seule facette à poser question. La qualité interroge les élus et acteurs concernés puisqu’en Côte-d’Or, 27 points de captage alertent de façon récurrente pour des problèmes de pollution au nitrate ou aux pesticides.
Pour garantir la qualité, des projets voient le jour comme celui du syndicat des eaux et de services Auxois-Morvan avec la construction d’une usine qui représente un investissement de 4,5 millions d’euros. De son côté, la communauté de communes Ouche et Montagne a lancé un schéma directeur de l’eau en 2020 qui implique neuf millions d’euros d’investissement d’ici 2028. «Nous devons réévaluer le prix de l’eau pour financer ce programme» souligne Jean-Pierre Perrot, vice-président de la collectivité tandis que Martine Eap-Dupin, présidente du SESAM insiste : «Le prix de l’eau doit être à son juste prix.»
Pour Aletheia Press, Nadège Hubert