Fashion Week: Matthieu Blazy déploie sa galaxie chez Chanel
C'était l'événement le plus attendu de cette Fashion Week parisienne: Matthieu Blazy a fait lundi soir ses débuts chez Chanel, avec une première collection qui revisite les codes fondateurs de la maison dans...

C'était l'événement le plus attendu de cette Fashion Week parisienne: Matthieu Blazy a fait lundi soir ses débuts chez Chanel, avec une première collection qui revisite les codes fondateurs de la maison dans un dialogue entre passé et présent.
Sous la verrière du Grand Palais, transformé pour l'occasion en une impressionnante galaxie, le couturier franco-belge de 41 ans a dévoilé une collection printemps-été 2026 conçue comme une conversation avec Gabrielle Chanel, explique-t-il dans un communiqué.
"Ce qui est bien, c'est qu'il a continué à jouer avec les codes, ces codes qui sont tellement importants pour la marque, mais en même temps, il s'est donné des libertés dont on a besoin", expliquait à la presse Bruno Pavlovsky, président des activités mode de Chanel, avant le défilé.
Matthieu Blazy se réapproprie en effet l'esprit masculin-féminin propre à la fondatrice de la maison, avec des tailleurs pantalons aux vestes raccourcies et aux manches retroussées, des jupes droites fendues sur le côté ou des chemises qui se portent avec d'imposantes jupes en plumes.
Il déconstruit les classiques avec des ensembles en tweed effiloché ou en mailles colorées et ornées de camélias, remet la taille basse au goût du jour, dans une palette très colorée où le rouge domine.
Le tout sur une bande-son rythmée et éclectique, plutôt inhabituelle pour la griffe, bien connue de la génération des millenials à laquelle il appartient, des Corrs à MC Solaar en passant par le générique de la série "Dawson".
Avant même que Matthieu Blazy n'apparaisse pour saluer, la salle s'est levée d’un seul élan pour applaudir ce premier défilé. Au premier rang, Nicole Kidman, nouvelle égérie de Chanel, côtoyait Madonna, Pedro Pascal ou encore Penélope Cruz.
Faire bouger la marque
Ce premier défilé était le point d'orgue d'une Fashion Week marquée par un renouveau artistique sans précédent.
Outre les débuts de Blazy chez Chanel, le voile a également été levé sur la première collection femme de Jonathan Anderson chez Dior et sur les débuts de Pierpaolo Piccioli chez Balenciaga.
La nomination, en décembre, de Matthieu Blazy, débauché de Bottega Veneta (Kering), à la tête de Chanel, a été l'un des épisodes majeurs du mercato mode des derniers mois.
Le créateur succède à Virginie Viard, bras droit de Karl Lagerfeld puis directrice artistique de 2019 jusqu'à son départ soudain en juin 2024. Il hérite du défi de faire évoluer Chanel tout en préservant l'élégance et l'iconicité qui font son prestige.
Avec ses premières créations, "il a ouvert de nouvelles portes. Jusqu'où nous amènerons ces nouvelles portes, je ne sais pas. Mais c'est ce qu'on lui a demandé, c'est de nous amener autre part, de faire bouger la marque", assure Bruno Pavlovsky.
Diplômé de La Cambre, l'école de mode de Bruxelles, Matthieu Blazy n'est pas un novice face aux défis créatifs.
Recruté par Raf Simons en 2007, il rejoint Maison Martin Margiela en 2011, où il se fait notamment remarquer pour sa cagoule intégrale incrustée de bijoux, portée sur scène par Kanye West.
En 2014, il rejoint Celine auprès de Phoebe Philo, avant de retrouver Raf Simons chez Calvin Klein en 2016, puis Bottega Veneta en 2020.
Nommé directeur artistique en 2021, il y impose une vision moderne de l'"intrecciato", le cuir tressé emblématique de la maison italienne. Jeans trompe-l'œil en cuir, cuissardes sculptées d'un seul tenant et silhouettes en mouvement: sa grammaire séduit critiques et clients, maintenant la croissance de la griffe malgré une conjoncture difficile pour le luxe.
L'industrie est en effet confrontée au ralentissement de la demande en Chine, aux droits de douane américains sur ses exportations, et à l'incertitude qui règne sur l'économie mondiale. Chanel n'y échappe pas.
L'entreprise a annoncé en mai une chute de 28,2% de son bénéfice net en 2024, à 3,4 milliards de dollars.
"Je pense que Chanel en 2024 s'en est bien sorti. Ça aurait pu être beaucoup plus difficile", tempère Bruno Pavlovsky, tout en soulignant que la maison a "doublé (son) chiffre d'affaires en trois ans."
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