Fibraterre veut industrialiser la fabrication de panneaux isolants en paille
C'est à Oissel que se situe l'atelier de la start-up qui a lancé sa production en juin dernier. À terme, elle entend produire 10 000m² de panneaux isolants par an.

Utiliser la paille comme un isolant dans le bâtiment n'est pas nouveau. Mais Fibraterre, dont l'atelier est basé à Oissel entend démocratiser son usage. La start-up, lancée en 2024 par Alain le Berre et Gilles Froidure, veut industrialiser la fabrication de cet isolant bas-carbone. «Je me suis d'abord intéressé à l'usage de la terre crue avant de me réorienter vers la paille, plus simple d'usage», explique Alain le Berre, ingénieur en mécanique.
L'homme a une solide expérience sur laquelle s'appuyer pour développer l'idée. Il a fondé, en 2006, une entreprise spécialisée dans l'analyse du web social puis a travaillé dans le secteur du logement social en Normandie. C'est là qu'il se penche sur la construction bas-carbone. De son côté, son associé Gilles Froidure est un spécialiste de la communication, lui aussi fortement intéressé par la décarbonation dans le bâtiment. Une des étapes fondatrices de l'activité réside dans la participation à l'appel à projet normand Appel paille.
S'adapter aux besoins des professionnels
La start-up a donc mis au point des panneaux isolants utilisant la paille. «L'objectif est de proposer aux entreprises et aux artisans, des panneaux adaptés à leur besoin, qui ne demande pas de travail supplémentaire», souligne l'entrepreneur. Pour cela, un process a été trouvé qui compresse la paille entre deux filets tissés ensemble. «Pour cela, nous avons détourné des machines destinées à la fabrication de tatamis», confie Alain le Berre. Deux largeurs sont proposées : 55 cm, particulièrement adaptées aux ossatures bois, et 120 cm.
En avril dernier, les premiers échantillons sortent de l'atelier tandis que la production est lancée en juin grâce à deux collaborateurs. Un premier chantier, concernant une maison individuelle en région parisienne, a adopté la solution de la start-up. «Nous discutons actuellement avec un bailleur social», se réjouit Alain le Berre. La paille provient de Seine-Maritime et de l'Eure. Mais les objectifs de Fibraterre nécessiteront de multiplier les fournisseurs. «Notre capacité de production annuelle est de 500 m² actuellement. Nous visons 5 000 m² fin 2026 et 10 000 m² à terme».
1,8 million d'euros
Un investissement de 17 000 euros, principalement pour le parc machine, a été réalisé. Pour massifier sa production, la start-up doit également décrocher les certifications indispensables dans le secteur de la construction. «Cela nécessite un investissement de taille et des volumes de production suffisants» complète le dirigeant. Il ajoute : «Nous estimons que pour atteindre un volume annuel de 10 000 m², il faut 1,8 million d'euros. Et 80% de cette somme sont déjà sécurisés».
En parallèle, la start-up doit se faire connaitre et convaincre des atouts de ses panneaux isolants auprès des professionnels du bâtiment. «Beaucoup ont entendu parler de l'utilisation de la paille mais en savent peu. Quand on leur montre à quoi notre produit ressemble, ils sont partants», résume le chef d'entreprise. «À nous de démontrer que nous répondons à une réalité économique».
Pour Aletheia Press, Laetitia Brémont