Four Data, la PME dijonnaise qui mise sur l’innovation frugale
En moins de dix ans, la société dijonnaise Four Data s’est hissée parmi les acteurs de référence dans la gestion connectée des ressources énergétiques et industrielles. Indépendante de tout fonds d’investissement, l’entreprise affiche une croissance annuelle comprise entre 20 et 30 %.
"Notre histoire commence en 2015, lorsqu’Emmanuel Bour, l’un de nos fondateurs, diplômé d’HEC, se retrouve privé d’eau chaude à Dijon : sa cuve de fioul était vide", raconte Mathias Parthiot, directeur technique de la société dijonnaise Four Data. De ce contretemps domestique, est née l’idée de suivre à distance l’évolution des stocks grâce à des capteurs connectés. La première commercialisation a lieu en 2018 sous la marque Fuel It, d’abord à destination des particuliers. Le modèle bascule rapidement du grand public au B2B. Les distributeurs de combustibles, puis les acteurs de l’agriculture et de la gestion des déchets, y voient un outil efficace pour automatiser commandes et logistique.
65 000 capteurs installés
Contrairement à de nombreuses jeunes pousses, Four Data n’a jamais ouvert son capital. "Nous n’avons pas levé de fonds. Notre développement repose sur des emprunts bancaires et cela nous assure une indépendance stratégique totale", souligne Mathias Parthiot. Les six associés détiennent ainsi l’intégralité du capital. Cette prudence n’a pas freiné l’expansion : 65 000 capteurs sont aujourd’hui installés, presque tous conçus et fabriqués en Bourgogne-Franche-Comté et en Rhône-Alpes. Avec environ 5 000 unités produites par an, l’entreprise continue d’augmenter son parc installé.
L’entreprise revendique 5 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2025 et affiche une croissance annuelle comprise entre 20 et 30 %. Des résultats qui s’appuient sur des acquisitions ciblées : Bee2beep en 2021, pionnier de l’agriculture connectée, puis la filiale Birdz de Veolia et le portefeuille européen de la société suisse SilentSoft en 2023. «"Ces opérations nous ont permis d’élargir notre base clients et d’ouvrir les portes du Benelux et de l’Allemagne", précise le directeur technique. Désormais, 20 % du chiffre d’affaires provient de l’international.
L’avenir passe par de nouvelles technologies de communication

Four Data cible désormais les industriels. "Notre métier, c’est le remote tank monitoring. Nos jauges déclenchent une alerte quand le niveau descend sous un seuil et génèrent automatiquement une commande intégrée dans l’ERP (enterprise resource planning, planification des ressources d’entreprise, ndlr) du client", explique Mathias Parthiot. Des références comme Oleo100, spécialisé dans le biodiesel, ou APRR pour la gestion de déchets sur ses aires d’autoroute, illustrent la diversité d’usages de la technologie. Les combustibles fossiles représentent encore 80 % du chiffre d’affaires, mais les bio-énergies progressent.
L’entreprise emploie une trentaine de salariés dont une vingtaine à Dijon. Son organisation illustre l’équilibre entre matériel et logiciel : six ingénieurs pour le hardware, sept pour le software, appuyés par le marketing, le service client et le projet. La plateforme est "agnostique", capable d’intégrer des capteurs tiers via des centaines d’API et de croiser localisation, météo et historiques de consommation.
L’avenir passe par de nouvelles technologies de communication (LTE-M, NB-IoT, solutions satellitaires) et par le développement de capteurs certifiés Atex pour les atmosphères explosives. "Notre devise, c’est l’engagement, le bon sens et la sobriété. Nous voulons accompagner nos clients dans la gestion durable et sereine de leurs ressources", affirme Mathias Parthiot.
Pour Aletheia Press, Arnaud Morel