France 2030 : la Bourgogne-Franche-Comté, "région inattendue"
Bruno Bonnell, secrétaire général pour l’investissement, dresse un premier bilan du programme et de la place de la Bourgogne-Franche-Comté dans la démarche.

Le plan d’investissement France 2030, lancé en 2022, prévoit d’engager 54 milliards d’euros pour rattraper le retard industriel de la France, investir dans les technologies innovantes et soutenir la transition écologique. Secrétaire général pour l’investissement au service du Premier ministre, Bruno Bonnell, dresse un premier bilan du programme et de la place de la Bourgogne-Franche-Comté dans la démarche.
À quelle étape du plan d’investissement France 2030 se situe-t-on ?
Sur le plan initial de 54 milliards d’euros à trois ans, nous avons engagé 40 milliards d’euros dans 100 % des départements français. 55 % de cette somme est destinée à des PME, 20 % à de grandes entreprises, le reste concerne des centres de recherche. France 2030 a également consacré 1,3 milliard à la formation avec 160 nouveaux centres qui ont conduit à la création de 200 000 places ouvrées, mais l’objectif est d’atteindre un million de places d’ici 2030.
La filière hydrogène, particulièrement présente en Bourgogne-Franche-Comté, s’inscrit dans les projets mais est-ce une voie d’avenir ?
Les projets associés à l’hydrogène connaissent un décalage pour cause d’usage. Les évolutions sont plus lentes car Airbus a reporté son projet d’avion à hydrogène et Alstom ses trains à hydrogène. Pour autant, ils ne sont pas remis en question. Nous ne laissons pas tomber l’hydrogène, mais puisque les usages se révèlent plus lents, nous lissons les investissements au-delà de 2030.
Comment se positionne la Bourgogne-Franche-Comté face au plan d’investissement France 2030 ?
La région a reçu 550 millions d’euros de soutien et le tissu concerné est représentatif des chiffres nationaux avec 48 % de PME, 16 % de grandes entreprises et 13 % d’établissements publics. Les financements concernent 263 projets, dont 59 en Côte-d’Or, 81 dans le Doubs ou encore 41 en Saône-et-Loire. Dans la région, nous n’avons connu aucune défection, aucune entreprise n’affiche de décalage ou d’arrêt. La Bourgogne-Franche-Comté fait par ailleurs partie des territoires inattendus dans le sens où on ne pense pas spontanément à Besançon pour réaliser de l’assemblage de composants microscopiques mais plutôt à Taiwan notamment. Cet exemple prouve que France 2030 révèle les territoires.
Quel regard portez-vous sur la région ?
La Bourgogne-Franche-Comté est petite par rapport à d’autres régions comme la Nouvelle-Aquitaine ou l'Auvergne-Rhône-Alpes. Mais, en visite à Besançon, j’y ai constaté une dynamique qui s’y installe assez bluffante. Pendant ma venue, j’ai aussi été épaté par l’école de micromécanique ou le travail en oncologie du CHU voisin. À Dijon, c’est le travail sur les sciences de la vie qui m’a marqué. Je pourrai aussi évoquer le projet de construction alliant le lin et le chanvre. On ne lance pas une fusée sur la Lune tous les jours, mais si on fait du bien à la planète et que l’on crée de l’emploi, la mission est accomplie. En Bourgogne-Franche-Comté, on trouve pragmatisme et innovation.
J’ai toutefois regretté cette opposition entre la Bourgogne et la Franche-Comté. C’est une situation que l’on retrouve dans d’autres régions, mais certains dossiers nécessitent d’avoir une taille critique et donc des collaborations entre les territoires de la région. Quand on s’unit, ça marche tandis que nos déchirements nous affaiblissent. Et puis, le vin et le fromage s’accordent plutôt bien.
Pour Aletheia Press, propos recueillis par Nadège Hubert