Green Filter Europe, une pépite de niche

Installée depuis 2019 à Troissereux, proche de Beauvais, la société de dix salariés est spécialisée dans la fabrication et la commercialisation de filtres à air haute performance nettoyables et réutilisables pour tous les moteurs.

Démonstration de Laurent Guimond devant Frédéric Bovet, sous préfet de Beauvais, et Jean-Marie Caillaud, le préfet de l’Oise.
Démonstration de Laurent Guimond devant Frédéric Bovet, sous préfet de Beauvais, et Jean-Marie Caillaud, le préfet de l’Oise.

«C’est une chance d’avoir une PME comme celle-là. Elle a développé une niche. Elle crée de l’emploi. C’est une très belle vitrine pour notre département et pour la France». Au terme de sa visite de l’entreprise Green Filter Europe, qui fabrique et vend chaque année sur son site de Troissereux près de 80 000 filtres à air haute performance nettoyables et réutilisables pour tous les moteurs (voitures notamment de collection, quads, poids-lourds, motos, avions, bateaux…), Jean-Marie Caillaud, le préfet de l’Oise, était visiblement en admiration devant le savoir-faire de cette entreprise.

Une success story

Laurent Guimond est le co-fondateur de la très discrète société Green Filter Europe, située depuis 2019 dans des locaux de 2 700 m², pourtant faisant partie des trois seules entreprises au monde à fabriquer ces filtres à air si particuliers, dont une aux États-Unis. «Cette spécificité m’épate. Ils sont quasi les seuls dans le monde», ajoute, quant à lui, Christian Demay, le maire de la commune.

Ancien préparateur de voiture de courses de rallye à Berthecourt, près de Noailles, Laurent Guimond s’est lancé en 1995, avec un associé, dans la fabrication de ces filtres garantis pour la vie de la voiture et qui promettent de gagner 40% d’air en plus, ce qui assure à la fois un meilleur rendement des moteurs, car la perte de charge est moindre, tout en espérant une baisse de consommation en carburant qui peut avoisiner les 3% et donc une réduction d’émissions de gaz polluants.

Devant l’assistance, composée notamment du préfet, de Frédéric Bovet, du sous-préfet de Beauvais et d’élus, Laurent Guimond n’a pas hésité à mettre en action sa machine de démonstration. L’un de ses filtres envoyait une balle tout en haut d’un tuyau. Elle restait en bas avec un filtre traditionnel : «C’est comme aller courir un marathon avec un masque chirurgical sur le nez, imageait-il. Nous sommes fabricants. 80% des matières premières sont françaises. Nos 25 000 affectations de filtres disponibles en stock ne sont pas en papier de cellulose mais en coton tissé. Nous innovons chaque jour».

Boostée par des demandes de particuliers

Les clients Green Filter Europe sont en très grande majorité des distributeurs. L’entreprise en compte environ 1 000 en France. Elle enregistre deux à trois nouveaux clients chaque semaine. 30% des produits, de ce leader européen, partent à l’étranger, dont l’Australie, le Japon, la Chine en croissance… Green Filter Europe est fournisseur officiel Alpine, Citroen et Peugeot sport. «J’ai été neuf fois champion du monde des "24 heures du Mans" avec Sébastien Loeb», confiait Laurent Guimond, sourire aux lèvres.

En 2020, année du Covid, la société, restée ouverte, a connu une augmentation de 45% de son chiffre d’affaires; En 2023, la croissance, boostée par les demandes de particuliers, était de de 25%. Certains utilisateurs, qui ont des demandes spécifiques, n’hésitent pas à contacter la société directement. «Même pour une unité, nous assurons les demandes et au même prix, c’est à dire 60 euros, que tous nos modèles. C’est une question d’image. Toutes les machines sont fabriquées en interne. On a tellement de modèles qu’on ne peut pas automatiser», explique le dirigeant, désormais seul à la tête de l’entreprise, mais épaulé par son épouse, assistante de direction parlant quatre langues, et par ses deux enfants, son fils travaillant au bureau d’études et sa fille à l’administration des ventes. A noter que Green Filter Europe ne compte pas de commercial : «C’est du bonheur de travailler avec les siens», assure-t-il avant de montrer ses cartons d’emballages sur lequel figure le logo «Made in Oise».

Alors que le préfet, venu en véhicule électrique, lui a demandé si la disparition annoncée des véhicules thermiques l’inquiétait, Laurent Guimond, qui fabrique déjà des filtres à air haute performance nettoyables et réutilisables pour des véhicules hybrides, répondait sans détour et avec humour : «C’est un danger évident mais pas immédiat. Certains constructeurs font machine arrière. Cette transition ne se fera pas de manière brutale. D’ici là, on sera peut-être en déambulateur. Il faudra offrir des services différents pour préparer la transition de demain».