Sauvegarder l'article
Identifiez vous, pour sauvegarder ce article et le consulter plus tard !

Haropa : "Il y a des opportunités à saisir ; nous devons nous y préparer !"

Benoît Rochet a pris, en février dernier, la direction de Haropa Port. Il en prépare le projet stratégique 2026-2030, destiné à accompagner la forte hausse de trafic fluvial qui est attendue.

À peine nommé à Haropa Port, Benoît Rochet a posé, au Havre, la première pierre de la "chatière" qui doit donner un accès à Port 200 aux barges fluviales. © Aletheia Press / B.Delabre
À peine nommé à Haropa Port, Benoît Rochet a posé, au Havre, la première pierre de la "chatière" qui doit donner un accès à Port 200 aux barges fluviales. © Aletheia Press / B.Delabre

Et si les ports de l'axe Seine vivaient un moment décisif ? Ils abordent en tout cas une période de changements importants auxquels se prépare Haropa Port dans son futur projet stratégique 2026-2030. Un projet auquel s'attelle Benoît Rochet, depuis sa prise de fonction. Nommé fin février président du Directoire, et par conséquent directeur général, il succède à Stéphane Raison, dans ce moment qui paraît décisif.

"En 2024, un peu plus de 220 000 conteneurs ont été transportés par la voie d'eau, rappelle Benoît Rochet. C'est un record pour l'axe Seine, que l'on devrait battre de façon assez sensible dès 2025, avant même la réalisation de la chatière." L'arrivée de nouveaux opérateurs au Havre, et les investissements conduits par Til MSC sur Port 2000, ne font que confirmer cette tendance.

Investir sur le fleuve comme sur terre

Et le lancement du chantier du grand canal Seine Nord Europe va aussi bouleverser la donne, notamment au niveau de l'Île-de-France. "Cette nouvelle infrastructure ouvre des opportunités et les ports de l'axe Seine sont idéalement situés pour en tirer pleinement profit, défend Benoît Rochet. Il y a des trafics à aller chercher et de nouveaux bassins de consommation à toucher." À condition toutefois de s'y préparer…

Pour cela, Haropa Port investit. "C'est notre premier levier d'intervention", pointe le directeur général. Si la chatière au Havre en est un exemple marquant, d'autres actions plus discrètes sont tout aussi importantes. L'entretien des quais, leur électrification, le maintien de la profondeur du chenal en sont des exemples. Tout comme l'entretien du réseau ferré, qui est un point de liaison important de la place portuaire vers son hinterland, et qui est parfois confronté à des périodes de saturation.

"Nous travaillons étroitement avec SNCF réseau pour avoir des infrastructures performantes. Et nous allons aussi investir et augmenter nos capacités ferroviaires", assure Benoît Rochet. Haropa Port est déjà propriétaire de plus de 100 kilomètres de voies ferrées, et pourrait doubler cette capacité modale, qui est parfois saturée.

Faciliter le dialogue, gagner en compétitivité

Haropa travaille aussi à fluidifier le trafic. Cela passe par la facilitation du dialogue entre les (très) nombreux opérateurs de la chaîne logistique et portuaire, et aussi, par un développement informatique. Celui-ci doit permettre de répondre plus simplement et efficacement aux formalités administratives tout en conservant une traçabilité irréprochable. "Nous travaillons en relation étroite avec les services de l'État sur ces questions, notamment pour les dédouanements", explique le directeur.

Si Haropa compte assumer pleinement son rôle de facilitateur pour drainer notamment les grands bateaux internationaux, Benoît Rochet encourage aussi l'ensemble des opérateurs à prendre la situation en main. Sans trop tarder. "La réserve capacitaire pour la voie d'eau est énorme. La Seine pourrait absorber cinq fois plus de navires qu'aujourd'hui, assure Benoît Rochet. La question est plutôt de savoir s'il y aura suffisamment de bateaux ! Si on ne se prépare pas à cette augmentation du trafic, le marché ira ailleurs…"

Pour Aletheia Press, Benoit Delabre

Qui est Benoît Rochet ?

Polytechnicien et ingénieur en chef des Ponts, des Eaux et des Forêts, Benoît Rochet était de 2017 à 2025, en poste au Ports de Boulogne-Calais. Il y a occupé les fonctions de directeur général délégué, avant d'en prendre la tête en 2022. Il a notamment assuré le pilotage du chantier d’extension du port de Calais, le plus grand chantier portuaire mené ces dernières années en France, ainsi que le rétablissement de la frontière sur le premier point de passage entre l’Europe et le Royaume-Uni à la suite du Brexit. Fin février, il a succédé à Stéphane Raison en tant que président du directoire et directeur général de Haropa Port.