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Investissement : vers une chute du mur des incertitudes ?

Avec plus de 2 milliards d’euros injectés dans l’économie régionale l’an passé, Bpifrance a permis de mobiliser près de 4,5 milliards d’euros de financements publics et privés. Un soutien à haut niveau en matière de réindustrialisation, de décarbonation de l’économie ou encore de l’accompagnement à la création d’entreprise. Le tout dans un climat général où les intentions pures d’investissement de la part des entreprises, principalement des TPE et PME, demeurent en recul et avec des priorités différentes.

© DR. En matière d’investissement, les projets sont, au mieux, différés, au pire annulés.
© DR. En matière d’investissement, les projets sont, au mieux, différés, au pire annulés.

Coup de frein sur l’investissement au pire, un état de latence sur fond de différé au mieux ! Pas un scoop, l’investissement des entreprises d’une façon globale a pris un coup et connaît un net ralentissement. Les dernières tendances sur l’intention des dirigeants de PME et TPE sur leur volonté d’investir confirment bien le climat d’incertitude général de plus en plus pesant.

«Au deuxième trimestre 2025, 45 % des dirigeants de TPE et PME comptent investir cette année, une proportion en baisse sur le trimestre de moins deux points et plus encore sur un an. À la même période l’année dernière, ils étaient 50 % à annoncer investir. Les intentions d’investissement suivent une tendance baissière depuis le milieu de l’année 2023», note le dernier baromètre trimestriel de Bpifrance Le Lab-Rexecode paru mi-mai.

«Dans un contexte de baisse des budgets d’investissement, les TPE-PME ajustent leurs priorités. Le renouvellement d’équipements usagés ou obsolètes, qui permet de préserver les capacités productives, conforte sa position de principale destination des investissements», peut-on lire dans ce baromètre. «Les nouvelles implantations ou l’extension des capacités de production, de vente ou d’accueil, ainsi que l’introduction de nouveaux produits ou services, sont des motifs un peu moins cités ce trimestre et surtout qu’avant Covid.»

Fait marquant aujourd’hui : «en forte progression durant la crise énergétique, les investissements pour motif environnemental apparaissent comme les plus en retrait sur un an. 32% des dirigeants comptant investir cette année prévoient d’investir à ce titre, une proportion en recul de neuf points sur un an, au plus bas niveau depuis le troisième trimestre 2021 mais qui reste malgré tout très au-dessus de sa moyenne pré-Covid (24 %). Cela confirme qu’en période de dégradation bilancielles, les entreprises voient leur marge de manœuvre diminuer pour financer leur transition énergétique.»

Réajustements engagés

Le temps des inquiétudes de l’an passé se poursuit. Des réajustements aujourd’hui additionnés à un soutien, de plus en plus fort, notamment de Bpifrance aux secteurs stratégiques régionaux, pour donner la capacité à certains acteurs économiques régionaux «à relever les défis économiques d’aujourd’hui et de demain», comme l’assurait au début du mois d’avril Bernard Nicaise, le directeur de réseau de Bpifrance Grand Est lors de la présentation du bilan d’activité 2024 de la banque étatique.

L’an passé, Bpifrance a soutenu plus de six mille entreprises à hauteur de 2,1 Md€ permettant de mobiliser 4,5 Md€ de financements publics et privés. 530 M€ de soutien financier ont été débloqués pour l’industrie au bénéfice de six cents treize entreprises afin de répondre aux enjeux de croissance et de transformation. Le soutien à la transition écologique et énergétique des entreprises s’est également poursuivi l’an passé avec plus de 40 M€ de Prêts Climat accordés et 313 diagnostics Climat réalisés dans le Grand Est. Le financement de l’innovation a permis à plus de trois cents entreprises de bénéficier d’aides et de prêts, à hauteur de 142 M€.

«En 2024, nos équipes se sont pleinement mobilisées auprès des chefs d’entreprise du Grand Est pour les accompagner sur l’ensemble de leurs enjeux de transition (IA, cybersécurité, décarbonation), d’innovation et d’industrialisation. Grâce à l’intensification de notre présence sur tous nos territoires, nous avons atteint une croissance record du nombre de nouveaux clients et une progression forte de nos soutiens financiers pour accompagner la croissance de nos entreprises régionales. Et plus que jamais, l’innovation, moteur dans les process industriels, est au cœur de notre action», continue le directeur de réseau de Bpifrance Grand Est.

Tissu économique résilient

Une mobilisation qui se poursuit aujourd’hui avec notamment le renforcement du partenariat entre Bpifrance Grand Est et la Région Grand Est pour la période 2025-2028 (partenariat signé en décembre dernier à l’occasion du salon BE 5.0 à Mulhouse).

Sept objectifs principaux sont fléchés : réindustrialiser les territoires, accompagner la transition environnementale, booster l’innovation pour toutes les entreprises, encourager l’entrepreneuriat (création et transmission), maintenir un tissu économique résilient, favoriser l’export et aboutir à un équilibre territorial en offrant aux entreprises des zones rurales des solutions de financement pour renforcer ces territoires.

Cette feuille de route maintenue et accentuée doit aujourd’hui composer avec un lot d’incertitudes, grandissantes au fil du temps depuis le début de l’année. L’impact des turbides internationales et nationales se fait aujourd’hui réellement ressentir.

«L’incertitude politique demeure à un niveau préoccupant. La part des dirigeants ayant des projets d’investissement et prévoyant et de les maintenir est stable à 35 %», note le baromètre de Bpifrance Le Lab-Rexecode.

Plus préoccupant : «26 % des dirigeants prévoient d’annuler leurs projets ce qui constitue un niveau particulièrement élevé.» À noter que dans ses intentions d’annulation d’investissements, elles sont beaucoup plus élevées parmi les TPE (29 %) et les PME (15 %).

«Pour les dirigeants prévoyant de maintenir leurs projets d’investissements, 66 % comptent les maintenir tels quels, 16 % les réorienter et 18 % en réduire les montants.» La prudence demeure de mise, reste à savoir jusqu’à quand ?

Accès au crédit : léger mieux

19 % des dirigeants de TPE-PME rencontrent des difficultés pour accéder au crédit de trésorerie ! Un léger mieux trimestriel enregistré par le baromètre Bpifrance Le Lab-Rexecode. Les difficultés d’accès au crédit d’investissement s’amenuisent également. 17 % des dirigeants déclarent rencontrer des difficultés. Un niveau qui est dans la moyenne de long terme.