L'accusé du meurtre d'une lycéenne en 1994 se dit innocent
Un quinquagénaire déjà condamné pour des faits de nature sexuelle a démenti avoir tué il y a 31 ans une lycéenne, Nadège Desnoix, à l'ouverture de son procès lundi...

Un quinquagénaire déjà condamné pour des faits de nature sexuelle a démenti avoir tué il y a 31 ans une lycéenne, Nadège Desnoix, à l'ouverture de son procès lundi devant la cour d'assises de l'Aisne.
"Je reconnais avoir été sur les lieux mais je ne reconnais pas la commission de ce meurtre" en 1994, a déclaré Pascal Lafolie, 58 ans, lunettes et cheveux poivre et sel, en sweat et pantalon de survêtement gris clair.
Il est resté impassible, le regard perdu dans le vague, lorsque la cour a évoqué les faits, l'un des plus anciens "cold cases" en France à aboutir à un procès.
Père de trois enfants de deux compagnes différentes, Pascal Lafolie a un passif judiciaire déjà lourd: il a notamment été condamné à quatre ans de prison ferme pour l'agression sexuelle en 1996 d'une adolescente de 14 ans, puis à douze ans de prison ferme pour le viol en 2000 d'une femme de 21 ans. Deux victimes croisées par hasard sur sa route, tout comme Nadège Desnoix.
Mais jusqu'en 2021, rien n'a permis d'établir un lien avec le meurtre de la lycéenne de 17 ans.
Son corps avait été retrouvé fin mai 1994 lacéré de coups de couteau, en bordure d'un chemin menant à son lycée de Château-Thierry (Aisne), sans traces d'agression sexuelle.
Les enquêteurs n'ayant ni suspect, ni témoin, ni mobile, ont exploré de nombreuses pistes, jusque celle du tueur en série Michel Fourniret. En vain.
En 2021, de nouvelles expertises sur les scellés révèlent que l'ADN de Pascal Lafolie, prélevé quelques mois plus tôt dans le cadre d'une affaire de violences conjugales, correspond à celui retrouvé sur le chouchou que Nadège Desnoix portait dans ses cheveux au moment de sa mort.
Lourd passif judiciaire
S'il est reconnu coupable à l'issue des débats prévue jeudi, Pascal Lafolie encourt jusqu'à 30 ans de réclusion criminelle.
Avant-dernier d'une fratrie de quatre frères et soeur, il a connu une enfance difficile, entre une mère handicapée et malade et un père souvent absent et ayant des problèmes avec l'alcool.
Il passe une partie de son enfance en Afrique du Sud avec sa famille. De retour en France à l'âge de dix ans, il accuse un grand retard scolaire. Il commence à travailler vers 18 ans comme peintre en bâtiment, puis enchaîne des contrats courts et précaires.
Quand il évoque lui-même sa jeunesse, Pascal Lafolie rejette les violences sur son frère aîné, qui selon lui frappait sur tout le monde dans la famille.
Dans un filet de voix, sa petite soeur a confié lundi à la barre avoir été victime d'une tentative de viol de la part de ses trois frères quand elle avait 12-13 ans, une affaire qui était restée "un secret de famille" selon elle.
Pascal pouvait "être calme puis soudain, il explosait", comme son grand frère Franck, a encore confié cette femme.
Passé initialement aux aveux en garde à vue pour le meurtre de Nadège Desnoix, Pascal a par la suite systématiquement nié en être l'auteur, accusant à sa place ce frère décédé en 2021. En 2024, le corps de celui-ci a été exhumé pour un prélèvement ADN: son profil génétique n'a pas été retrouvé sur les scellés.
Me Arnaud Miel, avocat de la mère de la victime, a dénoncé lundi la "mémoire sélective" de l'accusé et sa tendance à charger son frère quand cela l'arrange. L'avocate générale lui a fait le même reproche.
Pour Gérard Chemla, avocat des frères et soeur de Nadège Desnoix, ces derniers "savent très bien que la vérité, ce n'est pas lui qui va la leur livrer".
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