L'Atelier du Matelassier : un métier séculaire pour un produit moderne
Matelassier depuis 35 ans et installé depuis deux ans à Bosc-Édeline, Pascal Bertou fabrique et rénove des matelas de laine. Il défend la modernité d'un produit éco-responsable.

Faire un métier ancien, cela ne signifie ni d'être muséifié, ni d'être adulé… Voilà en tout cas la philosophie qui anime Pascal Bertou. Matelassier depuis 1989, il est installé depuis deux ans à Bosc-Édeline, après avoir longtemps œuvré au Houlme. Ce métier, il l'exerce "suite aux hasards de la vie", avec l'amour du travail bien fait, sans tambours ni trompettes. "Je ne fais rien d'extraordinaire, insiste-t-il. Ce n'est pas un produit de luxe comme le laissent parfois entendre des confrères qui aiment s'embrasser les bras. C'est un produit traditionnel qu'on trouve aux quatre coins du monde depuis très longtemps…" Mais l'homme insiste : ce n'est pas non plus un métier du passé.
Un produit adapté à la consommation responsable

Pour lui, le matelas de laine est au contraire un produit moderne, dans l'air du temps. "C'est une belle alternative écologique aux literies industrielles", assure-t-il. D'abord, le produit est durable, puisqu'il peut être rapidement remis à neuf, et ce, tous les huit à dix ans. Ici, en outre, pas de produits synthétiques. Du tissu en coton, du fil et de la laine… les matières premières sont biosourcées, renouvelables et biodégradables.
"C'est un investissement durable, argumente Pascal Bertou. La matière première est inépuisable, elle est lavée une fois pour toutes avec des produits simples (savon et cristaux de soude, ndlr) et le produit peut être refait et encore refait plutôt que d'être jeté…" L'Atelier du Matelassier n'emploie en outre que de la laine française. Pas si facile, tant la filière est malmenée depuis quelques années. "Je me fournis parfois dans le Cotentin, parfois en Auvergne ou en Occitanie…" explique l'artisan.
Lutter contre des préjugés surannés

Dans l'atelier, une seule machine consomme de l'électricité : la fidèle cardeuse qui démêle la laine qui servira à bourrer le matelas. "Il faut 30 à 40 minute pour carder la laine d'un matelas140x190 cm. Le cardage permet de gonfler la laine et lui donner une certaine résistance. On dit parfois que le matelas de laine est trop mou. Mais c'est souvent dû au sommier. La fibre de laine apporte un maintien, à la fois, ferme et confortable." Qu'on ne lui parle pas non plus de "nids à acariens" : une ventilation régulière de la chambre suffit à limiter leur prolifération sur un matelas en laine… comme sur un matelas synthétique.
Ces idées préconçues, Pascal Bertou les combat patiemment, répondant une à une aux inquiétudes des clients. Ces derniers sont principalement recrutés via Internet (le site web est d'ailleurs en cours de rénovation) ou par le bouche à oreille. "Dans ma clientèle, j'ai de tout, de l'ouvrier au médecin… Je veux garder une clientèle traditionnelle mais aussi m'ouvrir à une génération plus portée sur l'écologie et la consommation responsable. De temps en temps, je fais des démonstrations dans des supermarchés bio ou dans des fêtes artisanales… Ce métier de matelassier m'a sensibilisé à ces raisonnements."
Pour Aletheia Press, Benoit Delabre