L’école de la deuxième chance remet le pied à l’étrier
Sur les sites d’Abbeville dans la Somme et de Creil dans l’Oise plus de 160 jeunes de 16 à 29 ans sont accompagnés pour développer un projet professionnel en maximum huit mois. Plus de 75% des sorties sont «positives» et «dynamiques».
L’école de la deuxième chance ou E2C est dédiée aux jeunes de 16 à 29 ans. Elle est notamment épaulée financièrement par l’Etat, la région, le département de la Somme, l’Europe… Son fonctionnement est adapté pour développer leur projet professionnel. La structure en accueille une centaine par an sur son site du 38 rue du Maréchal-de-Lattre-de-Tassigny à Creil, qui compte une dizaine de salariés, et 85 jeunes au 82 rue Saint-Gilles à Abbeville, 6 salariés. Un troisième site à Liomer dans la Somme va rouvrir dans les prochaine semaines.
Envoyés par la mission locale ou France Travail
«Ils nous sont envoyés par la Mission locale ou France Travail, expliquent Rébecca Hornoy, responsable de l’E2C à Abbeville et responsable des actions de formations dans la Somme, et Christelle Morin, chargée de sourcing. Ils sont sans diplôme ou bac maximum. Ils viennent chez nous afin de découvrir et entamer un projet professionnel sur huit mois. 30 à 50% du parcours se fait en alternance. Les entrées et les sorties sont permanentes. Le but est qu’ils partent le plus vite possible. Le graal, c’est quand ils retournent dans le système scolaire».
Et cela fonctionne. En 2024, sur 161 entrées, 49% de sorties ont été «positives» avec CDI, CDD de plus de deux mois, formation qualifiante ou diplômante, création d’entreprise contrat d’alternance ou contrat aidé. 25% de sorties ont été «dynamiques» avec CDD ou intérim de plus de deux mois, service civique, réorientation vers un dispositif d’accompagnement pour la création d’entreprise ou solutions formations pré-qualifiantes. À noter que 20% du public est en situation de handicap.
«C’est un très bon bilan car ce sont des jeunes qui partent de loin, qui parfois sont marginalisés ou en voie de marginalisation, poursuivent-elles. Certains souffrent d’addictions ou de difficultés familiales. De plus en plus, ils se trouvent dans la précarité. Le plus compliqué, c’est de leur faire prendre confiance en eux, de leur faire comprendre qu’ils ont des qualités».
À l’E2C, les jeunes bénéficient d’un accompagnement personnalisé selon leur projet professionnel, qui bien souvent évolue avec les semaines. Ils ont un statut de stagiaire de de la formation professionnelle avec une garantie de revenu mensuel entre 200 et 780 euros. Tout débute par une période de diagnostic et d’intégration progressive, pour se poursuivre par une découverte de métiers par des stages et des acquisition de compétence. Troisième grande étape, la confirmation du projet professionnel avec l’acquisition des gestes :
Leur permettre de découvrir des secteurs inconnus
«Les filles par exemple, leur premier choix, c’est souvent le domaine de la petite enfance mais de plus en plus, elles s’ouvrent vers des secteurs comme l’agriculture, la sécurité, le transport… La tendance s’inverse. Les secteurs qui recrutent sont préparateurs de commandes, BTP, services à la personne, restauration et restauration rapide», observent-elles.
Vient ensuite la préparation à l’emploi et à la formation avec notamment les simulations d’entretiens d’embauches menés par de vrais employeurs, toujours dans la bienveillance. Chacun sort avec une attestation de compétences acquises délivrée à la fin du parcours. Enfin, tous les jeunes, accompagnés par un formateur-référent, bénéficient d’un suivi et un accompagnement jusqu’à un an après la sortie de l’E2C.
De même, ceux qui ont des problèmes pour se déplacer bénéficient du transport solidaire pour se rendre sur le site de formation. Afin de lever ce principal frein à l’emploi, les équipes de l’E2C les épaulent à passer le code. France Travail, conseil régional ou conseil départemental… toutes les aides financières possibles sont mobilisées pour le passage du permis de conduire :
«La mobilité est le frein le plus facile à lever», résument-elles. Car il faut aussi leur permettre de s’insérer socialement comme des citoyens à part entière en leur permettant aussi de connaitre leurs droits, en matière de santé, de logement et d’argent, et leurs devoirs, découverte des institutions et des activités citoyennes.