L'ex-secrétaire d'Etat écologiste Jean-Vincent Placé menacé d'un procès pour agressions sexuelles
L’une des premières affaires MeToo visant un homme politique en France, bientôt jugée devant un tribunal? Le parquet de Paris a requis un procès contre l'ex-secrétaire d’État écologiste Jean-Vincent Placé, soupçonné d'agressions sexuelles...

L’une des premières affaires MeToo visant un homme politique en France, bientôt jugée devant un tribunal? Le parquet de Paris a requis un procès contre l'ex-secrétaire d’État écologiste Jean-Vincent Placé, soupçonné d'agressions sexuelles sur deux femmes, dont une ancienne collaboratrice.
Le parquet de Paris a confirmé à l'AFP avoir requis une audience correctionnelle pour ce dossier instruit depuis 2022, pour agressions sexuelles et harcèlement sexuel par personne abusant de l'autorité que lui confère sa fonction concernant cette dernière, et agression sexuelle concernant une seconde plaignante.
Contactée, l'avocate de M. Placé, Me Jade Dousselin, n'a pas souhaité s'exprimer.
Aujourd'hui âgé de 57 ans, il est soupçonné par le parquet d'avoir utilisé un même "mode opératoire", "à l'arrière d'une voiture", dans un "contexte d'alcoolisation", d'après les réquisitions du ministère public datées du 11 juillet et dont l'AFP a eu connaissance.
En détails, il se voit d'abord reprocher d'avoir touché les seins d'une ancienne collaboratrice, lors d'une soirée à Séoul en Corée du Sud en mai 2016.
Les "déclarations précises et constantes" de cette ancienne collègue sont "corroborées par l'un des deux témoins présents dans la voiture", a souligné le ministère public.
Trophée sexuel
Le parquet requiert également que M. Placé soit jugé pour harcèlement sexuel de novembre 2015 à juillet 2016 sur cette femme, qui l'avait suivi du Sénat au secrétariat d’État à la Réforme et à la Simplification.
Le suspect est ainsi accusé de quatre faits d'agressions sexuelles parmi lesquels, "une main sur (sa) cuisse" lors d'un dîner en 2014, ou encore "une main sur (sa) fesse" lors d'une soirée en discothèque en août 2015, en marge du rassemblement estival d'Europe Écologie-Les Verts (EELV).
La plaignante a décrit aux enquêteurs s'être sentie particulièrement vulnérable lors d'un séjour professionnel en Italie, en juillet 2016: lors de la soirée du 14 juillet, M. Placé lui ordonnait de "revenir participer" à une soirée, qu'elle avait quittée, et exigeait qu'elle danse un slow avec un homme, qui "se plaquait" contre elle.
L'ancienne collaboratrice se sentait, de manière générale, comme "un trophée sexuel à exhiber".
"Ces propos et comportements répétés ont porté atteinte à sa dignité en raison de leur caractère dégradant ou humiliant et ont créé à son encontre une situation intimidante", a estimé le parquet.
Sa position hiérarchique constitue une circonstance aggravante, même si M. Placé affirmait être dans une relation professionnelle "relativement égalitaire" lors d'un interrogatoire devant le magistrat instructeur en janvier 2023.
La deuxième plaignante, qui n'entretenait pas de lien professionnel avec M. Placé, l'accuse de lui avoir touché les seins, les cuisses et d'avoir tenté de mettre sa main entre ses jambes lors d'une soirée à l'occasion de la journée internationale de la francophonie, en Corée du Sud en mars 2017.
Des scènes qu'elle a rapportées à plusieurs personnes, souligne le ministère public.
Un tout petit peu tactile
Ces réquisitions du parquet sont "l'heure de vérité", a réagi après de l'AFP Me Tewfik Bouzenoune, avocat des deux plaignantes. "C'est l’aboutissement d’une procédure au cours de laquelle la défense a pu exercer ses droits", a relevé le conseil, M. Placé ayant formé des recours.
"Nous attendons avec impatience l'ordonnance du magistrat" instructeur qui tranchera sur la tenue d'un procès ou non, a-t-il ajouté.
Au cours de l'enquête, l'ex-figure écologiste, actuellement sous contrôle judiciaire, a nié ces accusations, se disant notamment "abasourdi et triste" des dénonciations portées par son ancienne collaboratrice et "ne plus se souvenir" avoir agressé sexuellement la deuxième femme, "notamment en raison de sa consommation d'alcool".
Lors de sa première mise en examen en mars 2022, il se décrivait comme "volubile et un tout petit peu tactile, mais sans l'être beaucoup".
Il assurait avoir diminué sa consommation d'alcool et faire désormais "le choix de rester chez lui quand il buvait".
Selon un examen psychologique réalisé en mai 2022, M. Placé "reconnaît certains de ses actes mais nie toute agression sexuelle ou harcèlement".
D'après cet examen, cité dans les réquisitions, M. Placé est toutefois "conscient que certains de ses agissements ont pu être inappropriés", "assumant ses responsabilités et ne cherchant pas d'excuse".
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