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L'Inrae d'Estrées-Mons, site stratégique de la souveraineté alimentaire

Les 5es Journées nationales de l'agriculture s'étaient déroulées du 6 au 9 juin, placées sous le signe de la pédagogie et du lien, elles avaient pour thématique : «Mieux comprendre l'agriculture pour mieux consommer». L'un des 50 événements des Hauts-de-France était programmé sur le domaine expérimental de l'Inrae à Estrées-Mons, retour sur le site qui fêtera ses 50 ans en 2026.

Maxime Devaux, adjoint technique, et Stéphanie Arnould, directrice de l'Inrae Estées-Mons.
Maxime Devaux, adjoint technique, et Stéphanie Arnould, directrice de l'Inrae Estées-Mons.

L'Inrae d'Estrées-Mons (Institut national de recherche pour l''agriculture, l'alimentation et l'environnement) est une unité expérimentale de 163 hectares qui regroupe 50 salariés. Le 6 juin pour les Journées nationales de l'agriculture, le site avait accueilli 70 visiteurs dont 40 collégiens. La directrice, Stéphanie Arnould, et Sébastien Darras, le pilote des projets écophyto, avait présenté les expérimentations. Depuis 2012, y sont cultivés sans pesticide : betterave sucrière, blé, pomme de terre, orge d’hiver, haricots verts et colza.

Sébastien Darras explique : «Le principe est de désherber les champs avec des bineuses et de faire la rotation des cultures de blé, betteraves et colza sur quatre ans. La betterave a un rendement équivalent sans aucun pesticide. Pour le blé, le colza et les haricots verts, le rendement est quasi équivalent. De 2018 à 2024, nous avons fait un système écophyto sur sept systèmes de cultures, betterave sucrière, blé, maïs, pois, luzerne, chanvre et colza. Nous avons diminué les pesticides de 80% sans réduire les marges économiques, rendement et prix de production. Cela a diminué de 10% le temps de travail en maîtrisant les mauvaises herbes. Il y a dans le Santerre des fermes que nous accompagnons et qui appliquent nos méthodes sur les mêmes cultures. Agrotransfert en est partenaire. Pour pouvoir réduire l’apport d’azote qui est devenu un engrais très onéreux, il faut planter des légumineuses qui, elles, captent l’azote atmosphérique. Pour faire pousser l’herbe dans les prairies, il faut semer du trèfle».

Sébastien Darras et Stéphanie Arnould.

L’Inrae accueille des agriculteurs et organise des séminaires sur ces sujets. Sébastien Darras détaille par ailleurs les tâches du personnel : «Ils utilisent un drone qui fait des photos sur les champs de maïs, pois, céréales, permettant d’avoir la hauteur, le taux de couverture des sols, le nombre de plantes, alors qu’avant tout se faisait à la main. Pour les prairies, l’azote est piloté par un système satellite qui le voit sur la masse de la culture. S’il en manque, on épand du fumier et du lisier en quantité raisonnée. On reçoit les résultats sur un PC, le rendement est équivalent alors qu’on a diminué de 15% l’apport d’azote industriel. Pour les produits phytosanitaires, c’est le même principe, ce qui évite d’en épandre trop. Avec certains outils, on réduit de 77% les mauvaises herbes, donc de traiter avec des néonicotinoïdes».

Alors que les métiers de l'Inrae ont considérablement évolué, les Journées nationales de l’agriculture viennent d’être reconnues par le ministère de l’Agriculture et de la souveraineté alimentaire comme un levier structurant de la stratégie nationale pour l’alimentation, la nutrition et le climat 2025-2030.