L’Institut Faire Faces et la Fondation des «Gueules Cassées» redessinent l'avenir
Trois ans après son inauguration, l’Institut Faire Faces et la Fondation des « Gueules Cassées » dévoilent leurs projets financés par la Fondation qui redessinent l’avenir de la chirurgie et de la réhabilitation faciales.
À Amiens, l’Institut Faire Faces (IFF) ouvrait ses portes le 9 octobre pour la toute première fois aux côtés de la Fondation des «Gueules Cassées», partenaire historique, pour présenter trois projets de recherche financés par la Fondation dans le domaine de la chirurgie et de la réhabilitation faciales. «20 ans après la première greffe de visage au monde, l’Institut Faire Faces souhaite marquer l’histoire médicale à travers une ambition forte qui est de redonner aux blessés et infirmes la possibilité de retrouver leurs fonctions vitales, leurs expressions, et leur identité», assurent les professeurs Devauchelle et Testellin, fondateurs de l’Institut, lieu emblématique et révolutionnaire de la chirurgie maxillo-faciale.
Entourés de nombreux partenaires et intervenants dont le Général Luc Beaussant, président de la Fondation des «Gueules Cassées», ils ont présenté les avancées de la recherche à travers trois projets de rupture, ainsi que la dimension humaine et sociétale que prônent les chercheurs et les médecins au-delà de la seule chirurgie. «Ensemble, nous portons une même ambition : offrir aux blessés la possibilité de retrouver leurs expressions, leurs fonctions vitales et, plus largement, un visage, une identité. Il y a le projet Immouv, une plateforme unique au monde pour redonner des expressions au visage. Grâce aux technologies de capture du mouvement et à l’IRM, les chercheurs décryptent avec une précision inédite les micro-mouvements de la face, des milliers de muscles et des millions de combinaisons pour exprimer un sourire ou des larmes. L'objectif est développer des modèles prédictifs pour guider les médecins dans le choix des meilleurs traitements pour réhabiliter la mimique faciale», explique le professeur Sylvie Testelin.
Demain, un patient paralysé pourra retrouver sa capacité à communiquer avec son entourage. Parallèlement, les travaux en IRM sur les flux de l’extrémité céphalique permettent de mieux comprendre les problématiques de reconstruction faciales complexes et certaines pathologies neurodégénératives.

Robot : le projet pour former la main du chirurgien de demain
Avec le CEA et l’Université de Picardie, l’IFF met au point un robot de découpe laser pour la chirurgie du visage. Sa découpe laser ultra précise et intuitive vise à rendre les interventions plus sûres et moins invasives, tout en «éduquant» le geste du chirurgien. En parallèle, des discussions ont été engagées avec la société Surgitec qui conçoit une plateforme robotique polyvalente susceptible d’intégrer, à terme, un module spécifique à la chirurgie maxillo-faciale.
Le projet IngetissFace vise à reconstruire ce que la vie a détruit. «Ce projet explore les technologies d’ingénierie tissulaire pour régénérer les nerfs et les os du visage. L’ambition est de mettre au point des implants enrichis de cellules ou molécules actives, capables de favoriser la repousse nerveuse et de réparer les malformations osseuses, comme les fentes labio-palatines qui concernent une naissance sur 700, souligne le professeur Bernard Devauchelle. À terme, ces recherches permettront de proposer des solutions moins invasives et plus efficaces pour les enfants et les adultes». Après la signature de la convention renouvelant le partenariat historique entre la Fondation et l’IFF, les invités ont pu suivre la visite guidée de l’Institut et les démonstrations du bloc expérimental connecté avec chirurgie robotisée notamment et de la plateforme d’analyse des mouvements faciaux.
Sourire quand même
De son côté, la fondation des «Gueules Cassées» a pour but le soutien aux institutions de toute nature s’intéressant en priorité aux traumatismes de la face et de la tête et à leurs séquelles, mais également aux pathologies d’origine malformative ou tumorale, aux maladies dégénératives affectant le fonctionnement cérébral. «Depuis que l'homme est homme, les humains, qu'ils soient masculins ou féminins, se sont tapés sur la gueule. Et il y a des gueules cassées à réparer. Mais le fait générateur des gueules cassées, c'est la Première Guerre Mondiale où le nombre de blessés et de défigurés a été gigantesque. Avoir une jambe en moins ou un bras en moins, oui, on avait droit à une pension. Avoir la gueule cassée, zéro pension. Parce que ça n'empêchait pas d'aller travailler au champ ou à l'usine, ajoute le Général Luc Beaussant, président de la Fondation des «Gueules Cassées». Et nos fondateurs ont réussi à convaincre l'autorité politique qu'il fallait s'occuper et prendre en compte les blessures de la face et de la tête. Tout cela est monté en puissance, de l'accueil et du soutien, de la reconstruction, de la réinsertion sociale. C'est réparer le contenant, la boîte, mais aussi le contenu, tout ce qui touche au cerveau, au fonctionnement, réinsérer les blessés de la face et de la tête, qu'ils soient militaires, policiers, pompiers, gendarmes, gardiens de prison, les services de l'État en uniforme».
En 2001, est créée la Fondation des «Gueules Cassées» pour optimiser le mécénat au profit de la recherche médicale, pour mieux réparer les blessés. «Et donc la Fondation s'occupe de ça, d'être en lien avec les chercheurs. L'institut Faire Faces n'est pas le seul à faire, mais regrouper en un lieu unique toutes les compétences de recherche, de formation est extrêmement important pour redonner un usage aux blessés, leur donner la capacité de sourire. On rejoint là la devise des gueules cassées, c'est sourire quand même !»