Tendances

L’usure du bénévolat

En 2025, les adeptes du bénévolat sont de moins en moins nombreux, en particulier en milieu rural, selon le baromètre de France Bénévolat. Mais si les retraités se montrent moins allants à donner de leur temps, des jeunes commencent à prendre la relève.

(c) Adobe stock
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Se transformer pour survivre ? Le 29 avril, France Bénévolat, association reconnue d’utilité publique dédiée au développement de cette pratique, publiait la 6ème édition du baromètre du bénévolat en France, réalisée par l'IFOP, avec le soutien du Crédit Mutuel. Au total, selon l'étude, la France compte 19 millions de bénévoles en 2025 : 34% des Français assurent « donner du temps gratuitement pour les autres ou pour une cause ». Pour l'essentiel, ils agissent dans le cadre d'une association ( 12 millions d'entre eux), de manière informelle, auprès de voisins, par exemple (6 millions) ou au sein d'une « autre organisation » comme une mairie, un syndicat ou une entité religieuse. Ces différentes modalités ne s'excluent pas les unes des autres. Parmi les causes qui mobilisent prioritairement les Français figurent le social et le caritatif, le sport, - seule activité à avoir gagné des bénévoles depuis 2019- les loisirs et la culture.

Tendance de fond enregistrée par le baromètre, l'engagement des Français continue de fondre année après année : 36% des Français se déclaraient bénévoles en 2022, contre 38% en 2019 et 40% en 2013. Cette tendance est particulièrement marquée dans plusieurs tranches d'âge. Dans le cadre associatif, le taux de bénévolat des 50-64 ans est passé de 26% en 2010 à 18% en 2025. Chez les 65 ans et plus, il atteignait 38% en 2010, contre 24% cette année. Dans le même sens, la proportion des retraités engagés dans le bénévolat associatif en 2025 a chuté de quatre points par rapport à 2019. A cet égard, « il est très probable que la pandémie et les restrictions sanitaires qui lui étaient liées ont été un frein puissant à l’engagement bénévole qui se produit traditionnellement au moment du passage à la retraite, sans qu’il soit possible d’en mesurer précisément l’ampleur », analyse le rapport de France Bénévolat.

La relève arrive-t-elle ?

Le baromètre dresse un autre constat plutôt inquiétant : depuis 2019, la tendance au désengagement du bénévolat dans les zones rurales s'avère encore plus marquée que dans l'ensemble de la France métropolitaine ( six points de baisse vs trois points). Le phénomène se nourrit de deux dynamiques, selon France Bénévolat. Comme sur le reste du territoire, les plus âgés s'engagent de moins en moins en milieu rural. Mais aussi, ces zones souffrent d'un bénévolat moins actif chez les moins de 35 ans qu'ailleurs.

A rebours de ces tendances négatives, le baromètre enregistre aussi quelques tendances positives, possibles germes d'engagements futurs. Ainsi, le bénévolat qui consiste à donner quelques heures par mois progresse sur toute la période, passant de 30% en 2013 à près de 35% en 2025. Et surtout, l'enquête constate que les jeunes (surtout les 15-34 ans) sont de plus en plus impliqués. Près d'un quart d'entre eux (23%) assurent être engagés cette année, un taux en hausse de quatre points par rapport à 2022 et qui dépasse les niveaux relevés avant la pandémie (22% en 2019). Un autre vivier potentiel pourrait être constitué des 25 millions de personnes non-bénévoles : en effet, elles n’excluent pas de le devenir ou de le redevenir. D'après le sondage, elles pourraient se montrer ouvertes à cette possibilité, à condition que leurs contraintes de manque de temps et leurs exigences de flexibilité en matière d'horaires soient prises en compte. Comme l’explique François Bouchon, président de France Bénévolat dans un communiqué, « en 2025, il est crucial que les associations s’adaptent à ces nouvelles réalités, en favorisant des pratiques plus flexibles et inclusives, et en mettant en œuvre des stratégies de fidélisation et d’accueil plus adaptées aux besoins des bénévoles d'aujourd’hui »

Anne DAUBREE