La Capeb mise sur l'écologie pour rendre les métiers du bâtiment attractifs

Le paradoxe ? S'employer à rendre les métiers du bâtiment attractifs, en dépit du fait que le secteur perd des emplois. Il s'agit de regarder aux « possibilités de demain en matière de d'emploi, en dépit des difficultés d'aujourd'hui (…) L'an dernier, nous avons perdu 28 000 emplois », expliquait Jean-Christophe Repon, président de la Capeb, Confédération de l’artisanat et des petites entreprises du bâtiment, le 6 octobre, à Saint-Denis (93). Il participait au lancement de la Semaine des Métiers du BTP aux cotés, notamment,

d'Olivier Salleron, président de la FFB, Fédération française du bâtiment et de Thibaut Guilluy, directeur général de France Travail, service public de rapprochement des demandeurs d'emplois et entreprises. Organisée par ce dernier, la Semaine des Métiers du BTP (1 500 initiatives environ en France) vise à mettre en avant les métiers de l’artisanat du bâtiment, à encourager les personnes en recherche d’emploi ou en reconversion à les découvrir.

L'événement a été lancé dans un lieu où s'est concrétisé un projet emblématique des enjeux écologiques et d'insertion que recèlent ces métiers, ainsi que du travail de dentelle nécessaire pour obtenir des résultats. En toile de fond, des barres d'immeubles. Sur le côté, des rangs de laitues bordent le tout nouveau bâtiment aux murs ocres, destiné au stockage et au travail. L'édifice (100 m2) est composé de quatre containers maritimes venus du Havre, revêtus d'une ossature de bois elle-même recouverte de paille. Autant de matériaux issus du réemploi ou bio sourcés, comme la paille, sous produit de l'agriculture, qui permettent de réduire le bilan carbone de la construction.

Terre crue et insertion sociale

Le bâtiment, conçu pour être presque neutre sur le plan énergétique, a été réalisé dans le cadre d'un chantier d'insertion auquel ont participé 24 personnes très éloignées de l'emploi (chômeurs longue durée, RSA). Aujourd’hui, 70% d'entre eux ont retrouvé un travail (peintre, plaquiste, chauffeur...) ou intégré une formation qualifiante. Une multitude d'acteurs divers ont travaillé avec France Travail pour parvenir à ce résultat. A commencer par l'association Territoires, basée à Saint-Denis, qui œuvre en faveur de l'inclusion et de l'environnement (ferme bio inclusive, maison de l'écologie...) et qui a mis le site à disposition. Une autre association, l’APIJ, qui forme et accompagne des ouvriers en insertion vers une qualification reconnue, spécialiste de l'isolation en paille, a assuré l'encadrement du chantier, dans lequel est aussi intervenue la Capeb.

L'enjeu écologique, qui se traduit par la nécessité de recruter entre plusieurs centaines de professionnels pour accompagner la rénovation des bâtiments, constitue un défi et une chance. « Les métiers du bâtiment évoluent », explique Rémy Beauvisage, président de APIJ, Par exemple, certains, qui existent déjà, doivent acquérir des compétences complémentaires, comme les maçons qui doivent apprendre à se servir de la terre crue. Mais sur le chantier de Saint-Denis, les formateurs ont constaté que la dimension écologique du chantier entraînait l'adhésion et même l'enthousiasme des stagiaires, pour ces métiers en général délaissés. « Pour changer cette représentation négative, il faut travailler à la réalisation de constructions durables et low tech », plaide Remy Beauvisage. L'attractivité des métiers du bâtiment repose sur « deux piliers de sens » complète Jean-Christophe Repon : l'écologie et l'accompagnement des personnes âgées, avec l'adaptation des logements à leurs besoins. D'après France Travail, le secteur du bâtiment et des travaux publics est l’un des premiers employeurs de France avec 1,6 million de salariés en 2024. Entre juillet juillet 2024 et août 2025, l'organisme a collecté plus de 345 000 offres d’emploi.