Entreprises
La CCI Moselle accompagne le flux de micro-entrepreneurs
En Moselle, le nombre de créations de micro-entreprises va croissant depuis la période pandémique. Pour accompagner ce flux, la Chambre de commerce et d’industrie de Moselle développe un accompagnement poussé. Du côté de la chambre consulaire, on note «la micro-entreprise est une entreprise comme les autres.» Maîtres-mots : réalisme et rigueur.

«Les micro-entreprises font partie à part entière du paysage entrepreneurial. Elles sont des entreprises comme les autres», assure Fabrice Genter, président de la CCI Moselle. Face à la poussée de cette typologie de création, accélérée par les crises sanitaire et économique, la chambre consulaire adapte son offre d’accompagnement. Les chiffres parlent. En 2019, 4 203 micro-entreprises avaient vu le jour en Moselle sous ce statut appelé à sa genèse, en 2008, auto-entreprise. Le bond s’est produit après les confinements de 2020. En 2021, les nouvelles micro-entreprises se comptaient au nombre de 6 939. Hausse confirmée en 2022, 2023, 2024 avec respectivement 7 059, 7 823 et 8 312 créations. Le premier trimestre 2025 confirme la tendance. Avec une donnée affichée à 2 281, c’est la plus forte jamais enregistrée en termes de créations de micro-entreprises. Derrière les statistiques, il y a des femmes et des hommes qui décident de voler de leurs propres ailes, de lancer leur activité. Fabrice Genter y voit deux raisons : «La relative simplicité du statut et une volonté de liberté affichée. Cela peut être pour tester une idée à côté du salariat, une étape de transition professionnelle, de reconversion. Le seuil de TVA actuel qui pourrait être révisé dans quelques mois est aussi attractif. De toutes les façons, la CCI Moselle se doit de tenir compte de ce type d’entrepreneuriat. Nous les accueillons tous, sans exception.»
L'accompagnement de la CCI Moselle
Qu’est-ce qu’en 2025 une micro-entreprise ? Le régime permet une création d’entreprise simplifiée en ce qui concerne les formalités et les déclarations fiscale et sociale. Le micro-entrepreneur est un entrepreneur individuel. Il est soumis au régime de la micro-entreprise si son chiffre d’affaires ne dépasse pas 77 700 € (188 700 € pour une activité de type commercial). S’il franchit ce seuil, il passe au régime fiscal du réel simplifié. En Moselle, la cellule de la CCI Moselle dédiée à l’accompagnement des micro-entrepreneurs observe une grande variété de profils de créateurs : livraison de repas à domicile, vente de voitures, conseil à l’entreprise, professions non réglementées, vente en ligne, loisirs, sports et animations. Pour accompagner et professionnaliser cet afflux de créations, la chambre consulaire déploie ici une offre plurielle, visant à accompagner le créateur dans le cycle de vie de son entreprise. A Thionville, Sarreguemines, Metz, Sarrebourg et Forbach, la chambre consulaire met en place des opérations d’informations collectives qui reviennent sur les généralités de la micro-entreprise, avant d’articuler des entretiens individuels pour mesurer la cohérence entre le porteur et son projet. Tout ce processus se fait avant toute immatriculation. À partir de ces étapes validées, des ateliers sont organisés visant à décrypter, clarifier l’environnement fiscal et comptable. Pêle-mêle : seuil de chiffre d’affaires en cas d’activité mixte et non mixte, conséquences en cas de dépassement de seuil, statut juridique, régime du micro social (montant des cotisations, protection sociale et déclaration), régime du versement fiscal libératoire et du forfait (imposition et déclaration), régime de la TVA, règles de facturation et obligations légales, livre des recettes et le livre des achats, formalités d'immatriculation. Cet espace de formation est rythmé par des temps pédagogiques, une interaction avec des participants sur des cas réels et les clés pour se lancer définitivement.
Raisonner comme un chef d'entreprise
Depuis le 1er janvier 2023, le créateur immatricule sa micro-entreprise en ligne sur le Guichet unique. Après cette étape, la chambre consulaire poursuit son accompagnement dans les formalités, dans la première déclaration fiscale. Elle a aussi un rôle de veille quant au suivi législatif et aux évolutions relatives aux métiers pour informer en temps réel le micro-entrepreneur. Quant aux attitudes à adopter dans ce désir d’entreprendre, via la micro-entreprise, ses conseillers prônent le bon sens et le pragmatisme : «Il faut être réaliste. Dès le début, le créateur doit raisonner comme un chef d’entreprise. Avoir une idée, y croire, vouloir la développer, est normal. Mais la réalité est celle du chiffre d’affaires. Comme toute entreprise, la clé est la rentabilité et la pérennisation de l’activité.» Le projet de loi de finances 2025 prévoyait un abaissement du seuil d’exemption de TVA pour les micro-entrepreneurs à 25 000 €. La mesure est suspendue jusqu’à la fin d’année. Pour l’heure, ils sont exemptés de cette taxe pour tout chiffre d’affaires inférieur à 85 000 € par an pour le secteur du commerce de biens et 37 500 € annuels dans le cadre des prestations de services. Si cette mesure voyait le jour, assisterait-on à un basculement des micro-entrepreneurs vers d’autres statuts ? Ou à un recul général du nombre de créations, la micro-entreprise pesant plus de 6 créations sur 10 actuellement ? Dossier à suivre.
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C'est le nombre de micro-entreprises en Moselle depuis cinq ans.